🚧 Tout reconstruire

🚧 Tout reconstruire

C’est dĂ©jĂ  la 177e Ă©dition de cette newsletter, mais c’est la plus pĂ©nible Ă  Ă©crire. Nous avions prĂ©vu de parler d’une trĂšs chouette initiative, mais j’ai eu peur de paraĂźtre futile alors que l’horizon s’assombrit sĂ©rieusement. J’ai aussi imaginĂ© me limiter Ă  un petit message de service appelant Ă  aller voter, ou relayer une de ces tribunes qui ne sont lues que par leurs signataires. Mais je n’ai mĂȘme pas envie de ça.

Le vote de dimanche dernier est le rĂ©sultat d’une montĂ©e de l’angoisse, d’un changement de ton de façade et de la complaisance coupable d’une partie de la classe politique et mĂ©diatique. Ce n’est pas une vague scĂ©lĂ©rate isolĂ©e provoquĂ©e par l’initiative douteuse qu'est cette dissolution, c’est la marĂ©e qui monte Ă  l’assaut des digues du front rĂ©publicain. Des digues usĂ©es d’avoir Ă©tĂ© trop sollicitĂ©es depuis 20 ans et fragilisĂ©es par les compromissions. Le risque n’est pourtant pas d’assister Ă  une rĂ©volution brune dans la nuit du 7 juillet. Le fascisme est un champion vĂ©nĂ©neux qui prend son temps pour pĂ©nĂ©trer discrĂštement le cƓur de la dĂ©mocratie. Mais quand on rĂ©alise qu’il est bel et bien lĂ , il est dĂ©jĂ  trop tard. Et il est presque trop tard.

Quoi qu'il arrive dimanche prochain, il va tout falloir reconstruire. Apprendre au parlement comme dans notre quotidien Ă  trouver des points communs et aller vers l’autre plutĂŽt que de surjouer les fractures. Apprendre Ă  tisser des liens entre les Frances en Ă©tant sur le terrain pour Ă©couter les rĂ©alitĂ©s au-delĂ  des slogans. Car non, il n’y a pas plus de 10 millions de Français profondĂ©ment racistes, mais une part importante du pays est touchĂ©e et inquiĂšte et personne ne lui propose d’alternative crĂ©dible et utile.

Notre contrat social est bĂąti sur la promesse d’un logement social pour celles et ceux qui en ont besoin, d’une voiture garĂ©e devant un pavillon achetĂ© Ă  crĂ©dit quand cela devient possible, d’une Ă©ducation pour les enfants qui leur permet de gravir quelques Ă©chelons et d’un minimum de sĂ©curitĂ© en termes de santĂ©, d’emploi et de vie quotidienne. Et ça pour tout le monde, fils de bourgeois comme fille d’immigrĂ©e. Le contrat Ă©tait loin d’ĂȘtre pleinement tenu, mais il est dĂ©sormais rompu. Les injustices se creusent et les transitions inquiĂštent. La rĂ©ponse ne peut pas ĂȘtre dans la haine de l’autre, l’uniforme Ă  l’école ou la remise en cause des filets sociaux. Elle passe nĂ©cessairement par plus de justice, d’égalitĂ© et de dignitĂ© dans les dĂ©bats.

Je parle souvent ici de dĂ©marche localisĂ©e et de temps long, alors que dĂ©sormais l’urgence est lĂ , majeure, vitale. Il y a pourtant un lien Ă  faire entre la ville, ses transitions et le dialogue dĂ©mocratique qui nous permettra de les mener, et ce moment si particulier que connaĂźt notre dĂ©mocratie. Car derriĂšre les grands mots de la ville, c’est du quotidien de ses habitants qu’il s’agit. À nous de trouver des solutions pour donner leur chance Ă  chacune et chacun, dans leur logement, dans leur rue, dans leur quartier, dans leur ville, dans leur territoire.

Car oui, dĂšs lundi, il nous faut tout reconstruire.

— Sylvain Grisot (LinkedIn)

PS : Pour réagir / prendre part, il vous suffit de répondre à ce message, je suis derriÚre cette adresse.

📆 Ă‰lections lĂ©gislatives dimanche 7 juillet. Il n'est pas trop tard pour faire une procuration. Et pour celles et ceux qui peuvent se rendre aux urnes, n’hĂ©sitez pas Ă  demander Ă  vos proches si l’un d’entre eux n’a pas besoin d’un mandataire. (plus d’informations)

đŸ› ïž Outil. Le projet Territoires Fertiles Ă  mis en ligne un outil open source pour comprendre les enjeux agricoles et alimentaires des territoires français Ă  toutes les Ă©chelles (de la commune Ă  la rĂ©gion). Cet outil prĂ©sente chaque territoire au regard de 9 prismes : de la capacitĂ© du territoire Ă  nourrir sa population jusqu’à la mĂ©tĂ©o qu’il fera en 2050 et ses consĂ©quences, en passant par la provenance des aliments. Ce projet Ă  permet non seulement de mieux comprendre les enjeux, mais il incite Ă©galement Ă  passer Ă  l’action en mettant en avant des initiatives inspirantes.

💬 â€œl’époque de la ville facile est rĂ©volue”. Dans cet entretien pour Le Monde, Christine Leconte appelle Ă  rĂ©parer la ville, et en particulier Ă  rĂ©inventer nos lotissement. Elle explique que pendant des annĂ©es nous avons construit la ville sans pensĂ©e urbaine, faite selon les opportunitĂ©s Ă©conomiques que reprĂ©sentait le foncier. Aujourd’hui nous hĂ©ritons de cette ville qu’il faut rĂ©inventer, c’est un travail de dentelle puisqu’il est nĂ©cessaire de prendre en compte les spĂ©cificitĂ©s de chaque territoire, notamment les risques climatiques auxquels ils sont confrontĂ©s, et d’intĂ©grer les habitants dans les projets. Cependant le rĂŽle de l’état est Ă©galement trĂšs important car il peut permettre de rendre au foncier toute sa valeur Ă©cologique :

Il faut redonner sa vraie vocation au sol qui rend de grands services (puit de carbone, gĂ©othermie, fertilisant, corridors de biodiversitĂ©). Certaines façon de pratiquer l’agriculture, celles qui prĂ©servent les qualitĂ©s du sol, devraient ĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ©es. ImpermĂ©abiliser une parcelle pourrait ĂȘtre taxĂ©. (Le Monde)

đŸŒĄïž Adaptation aux coups de chaleur. Des journalistes de Bruxelles se sont rendus dans la capitale autrichienne Vienne pour dĂ©couvrir et s’inspirer des dispositifs mis en place par la ville pour rĂ©sister aux Ă©tĂ©s toujours plus chauds qu’elle subit. Le premier dispositif qu’ils dĂ©couvrent est le Tröpferlbad 2.0, il s’agit d’un espace oasis mis en place sur des places goudronnĂ©es, pour apporter un espace de fraicheur mais Ă©galement de convivialitĂ© aux rĂ©sidents. Il s’agit d’une rĂ©ponse partielle au problĂšme mais elle a l’avantage de bien fonctionner et d’ĂȘtre rapide Ă  mettre en place. La ville plante Ă©galement de nombreux arbres, selon une technique “transformant” le sol en Ă©ponge, les arbres ont plus de place pour dĂ©velopper leur racines, et les fosses de plantations permettent une meilleure rĂ©cupĂ©ration des eaux de pluies pour nourrir l’arbre. De plus la ville prend en compte cette problĂ©matique climatique dans la construction de nouveaux quartier, en analysant par exemple le vent pour l’utiliser comme ventilateur naturel dans les rues. Enfin, la ville Ă  mis en place deux espaces refuges Ă  l’intĂ©rieur pour accueillir ceux qui ont besoins de se rafraichir quand les tempĂ©ratures extĂ©rieures sont trop importantes. L’idĂ©e est de dĂ©velopper un rĂ©seaux d’espaces refuges Ă  l’image de celui de Barcelone, mais sans avoir recours Ă  des climatiseurs artificiels, qui sont nĂ©fastes pour l’environnement. En conclusion la ville dĂ©veloppe de nombreuses initiatives, mais il faut dĂ©sormais que celles-ci se dĂ©veloppent Ă  une Ă©chelle plus importante, et cela nĂ©cessite la coopĂ©ration de tous les acteurs de la villes : publics comme privĂ©s. (Bruzz)

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