🙅♀️ Deux tonnes et pas une de plus
Deux tonnes. Je ne sais pas vous, mais moi je suis loin du compte. Les chiffres varient, mais pas les proportions : pour finir le siècle dans des conditions à peu près acceptables, nous devons passer de 12 tonnes de CO2 émises annuellement par français à 2 tonnes d’ici 2050. Une division par 6 qui va nécessiter un peu plus d’effort qu’un unique repas végétarien hebdomadaire. Tout doit y passer : alimentation, habitudes de consommation, chauffage, déplacements… Derrière presque chacun de nos gestes se cachent de grandes et petites émissions de gaz à effet de serre qui viendront nous compliquer l’existence pendant des décennies si on n’y met pas fin. Et si les chocs climatiques et les pénuries touchent prioritairement les plus modestes, ce sont les plus riches d’entre nous qui doivent réduire le plus leur train de vie pour atteindre l’objectif. On réalise à peine l’ampleur des changements à engager.
Mais le citoyen qui se questionne est aussi un professionnel qui doute. Car faire la ville en émet des gaz à effets de serre, et beaucoup : artificialisation des sols, construction des bâtiments et des infrastructures, consommations énergétiques liées à leur fonctionnement… Sans même intégrer les mobilités induites par la forme (étalée) de la ville, le secteur du bâtiment représente plus d’un quart de nos émissions. L’objectif de la stratégie nationale bas carbone est assez simple : une division par deux d’ici 2030 (par rapport à 2015), pour frôler le zéro en 2050. Autant dire que la pente est raide. La piste est noire, verglacée, la visibilité quasi nulle, mais il faut pourtant la descendre à fond. Ce n’est pas vraiment un changement de curseur, c’est un virage sec qui doit nous faire réduire le rythme de construction neuve, massifier les rénovations globales pour donner une seconde vie à des millions de bâtiments et tisser une ville de la proximité qui nous permettra de réduire drastiquement nos mobilités carbonées. Il faudra aussi adapter nos villes aux chocs climatiques qui commencent. C’est donc un changement de cap pour nombre de politiques publiques qui doit se traduire par une redirection de la plupart de nos organisations, la disparition de certaines, l’invention de nouveaux métiers et un bouleversement professionnel pour des centaines de milliers de personnes.
Une sacrée transformation qui nous concernent comme professionnels et citoyens. Comme électeurs aussi, on aimerait donc que cela fasse pleinement partie des débats à venir. On verra.
— Sylvain
PS : Rendez-vous le 18 janvier à Sofia Antipolis, dans les locaux de l’ADEME, pour un atelier Fresque de la ville et une conférence sur l’urbanisme circulaire. N’hésitez à vous inscrire !
Entretien · La ville bas carbone
Florian Dupont est co-fondateur de Zefco. Nous avons parlé avec lui des objectifs bas carbone dans la fabrique de la ville, de l'importance à donner à la réhabilitation, mais aussi d'une prise de conscience plus globale de la société de l'urgence environnementale.
Ouverture · Lire, écouter, rencontrer, voir...
📅 Agenda.
- 16 décembre : webinaire du Forum des Possibles sur le “Bien vieillir en ville”. (ANCT)
- 6 janvier à 11h30 : webinaire de présentation/formation à la Fresque de la ville. (dixit.net)
- 10 janvier : webinaire pour “Préparer la conversion circulaire des métiers de la construction”. (Leonard)
- Jusqu’au 27 février : "L'empreinte d'un habitat" à Paris, exposition sur les constructions légères imaginées durant le dernier siècle. Et à l'étage du dessus, un parcours sur les matériaux biosourcés et des exemples d'utilisation en architecture. (Pavillon de l'Arsenal)
🎙️ Emission. Sujet éminemment complexe et aux multiples enjeux : les résidences secondaires ou les logements dédiés à Airbnb. Cela mériterait d'aller plus loin, mais cette émission du "Téléphone sonne" pose déjà quelques bases. (France Inter)
🏙️ La ville anthropocène. Entretien de Michel Lussault qui revient sur le paradoxe entre ces villes moteurs de la mondialisation, innovantes et puissantes, mais si peu résilientes et tellement vulnérables aux catastrophes naturelles. L'avenir sera à l'abandon de certaines pratiques et à la soustraction d'éléments non essentiels à notre quotidien nécessairement plus sobre. (La Gazette des Communes)
📖 A lire. Quel horizon pour les petites villes ? par le 1 Hebdo
En partenariat avec le PUCA, le 1 sort un numéro spécial sur les petites villes françaises : selon la définition officielle, celles qui font moins de 25 000 habitants. Autant vous dire, un paquet. L'article principal "Tout-terrain" zoome sur les engagements pris par certains de ces territoires : démocratie locale, transition alimentaire, transition industrielle, plan mobilités, etc. Se réinventer un futur propre, sans singer les stratégies des métropoles ou des villes moyennes. Petit coup de cœur pour l'article de Marin Fouqué, rappeur et poète, originaire de Seine et Marne :
On n'a ni les codes urbains pour se frayer un chemin de foule, ni la force rurale pour escalader la société. Avoir l'identité du vide en partager, ça veut dire pas assez de bitume, ça veut dire pas assez de boue, ça veut dire à côté de la plaque.
🌊 Littoraux. Ah le bord de mer, ce cadre de vie rêvé qui accueille de plus en plus d'habitants à l'année... qui est aussi un espace fortement menacé par le changement climatique ! Multiplication des risques d'érosion, submersion marine et inondations, etc. Aménager en dur sur des sols qui deviennent mouvants n'est donc plus viable. Cet article propose des pistes d'actions "sur place" dans une logique d'adaptation, malgré des enjeux complexes, comme l'évolution d'un patrimoine bâti essentiellement privé. (Fonciers en débat)
🏬 Réemploi. Et si on réutilisait les grands centres commerciaux qui tombent peu à peu à l'abandon pour les transformer en lycée ? Après le rachat de malls par Amazon, c'est la nouvelle tendance aux Etats-Unis. (Slate)
dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la première fois, c'est le moment :