Bâtir la ville sur la ville, c’est bien d’en parler, mais c’est mieux de le faire. Et c’est là que les choses se compliquent. C’est finalement plutôt simple de planter un lotissement tout neuf ou une belle zone d’activité au milieu des champs. C’est moins facile de recycler une friche industrielle polluée ou de faire muter un pâté de maisons décrépies… Mais pour cela il y a un outil particulièrement efficace : les Établissements Publics Fonciers (EPF).

Acteurs clefs de l’urbanisme circulaire, les EPF savent (notamment) acquérir, porter, déconstruire et dépolluer des sites urbains pour leur donner une nouvelle vie. Ce sont des outils financiers et techniques bien sûr, mais aussi des espaces de dialogue qui permettent d’accélérer la prise de conscience des élus et techniciens, et d’amorcer des bifurcations vers une fabrique de la ville sobre en sols dans les territoires où ils interviennent.

Mais c’est leur seul vrai défaut justement : ils n’interviennent pas partout. Des pans entiers de l’hexagone ne sont toujours pas couverts par des EPF. Certains territoires ne bénéficient pas non plus d’outils fonciers avec la masse critique suffisante pour faire la différence. C’est une vraie difficulté à laquelle les projets de loi « Climat et résilience » ou « 4D » n’apportent pour le moment pas de solutions, et c’est bien dommage.

Alors pour découvrir le travail des EPF, commençons par un regard décalé, avec des opérations de renaturation temporaires, mais qui n’ont rien d’anecdotiques. Illustration du caractère tant opérationnel et qu’innovant de ces outils.

Bonne lecture.

— Sylvain

PS : Nous organisons mardi 25 mai à 17h30 une formation en ligne (gratuite) à l’animation de la Fresque de la ville, un jeu (sérieux) qui permet de comprendre le système (complexe) de production de nos villes. N’hésitez-pas à nous rejoindre :

Entretien · Renaturer (temporairement) les friches

L'Établissement Public Foncier (EPF) Nord-Pas-de-Calais propose aux collectivités de renaturer les fonciers qu'elles ont en portage. Une technique qui amène de nombreux bénéfices pour les sols, les habitants et le futur projet. Retrouvez notre entretien avec Guillaume Lemoine, écologue et référant biodiversité à l'EPF, pour mieux comprendre ces démarches.

Ouverture · Lire, écouter, rencontrer, voir...

📅 Agenda.

• 28 mai à 14h : webconférence sur le “Changement climatique et foncier : faire face au recul du trait de côte”. (LIFTI)
• 1er juin à 9h : colloque final du projet POLLUSOLS “Pollutions diffuses de la terre à la mer”. (Université de Nantes)
• 10 juin à 10h : webinaire sur la fabrique urbaine questionnée par la crise sanitaire et sur les enseignements à en tirer. (PUCA)

⚠️ Appels d'offres. Dans le cadre de la démarche “Territoires Pilotes de Sobriété Foncière” pilotée par le programme Action Coeur de Ville (ANCT) avec l’appui du PUCA et de la DHUP, les premières consultations pour le recrutement d’AMO locales sont parues pour le Pays de Dreux et la Communauté d’Agglomération d’Epernay. Une belle aventure à laquelle il ne faut pas hésiter à participer.

📖 A lire. Controverses mode d’emploi, un ouvrage collectif sous la direction de Clémence Seurat et Thomas Tari.

Ce pourrait être un ouvrage jargonnant à l’attention exclusive des chercheurs en sciences sociales à la recherche de méthodes pour s’orienter dans le dédale des débats qui fleurissent l’époque. Il n’en est rien. Cette lecture intéressera au-delà du seul cercle scientifique, sans doute car la méthode proposée ici refuse justement le point de vue surplombant pour mieux pénétrer au cœur des controverses du moment. Ces joutes se multiplient dans un monde incertain, entre des parties qui brandissent des arguments scientifiques « irréfutables » pour ne jamais forger de consensus. La cartographie de ces controverses ne vise pas à trier entre le vrai et le faux, encore moins à prendre parti, mais prend au sérieux les acteurs en écoutant leurs positions pour rendre lisibles les termes des débats. L’essentiel du livre est consacré à la mise en application de la méthode sur des sujets aussi divers que l'aménagement des infrastructures urbaines de distribution de l'eau, les transformateurs électriques, le vélo, le corps des femmes vu par la science, le burnout, le glyphosate, un projet d'aménagement, la présence des rats à Paris ou des forages en eaux profondes. Intimement liée à l’analyse des techniques et des innovations, la cartographie des controverses peut aussi porter utilement son regard sur les projets urbains et les débats qu'ils génèrent. Elle peut aussi être utile aux transitions qui s’engagent, qui font débat tant sur les faits qui les imposent que sur la façon de les mener. Un livre utile, beau et particulièrement bien écrit. Voilà un ouvrage qui nous donne bien des idées au moment où l'on a tant besoin de boussoles pour s'orienter dans la complexité. (Presse de Sciences Po)

🏕️ Tous en tiny. Sujet surprenant et sûrement peu traité : l'impact du mode de vie nomade sur l'aménagement des territoires et ses relations aux espaces communs. Au-delà d'une façon plus sobre de vivre, cet article requestionne aussi les principes de débrouille et de bricolage de l'urbanisme transitoire. (Metropolitiques)

🛠️ Low-Tech. Les agences d'urbanisme ont planché sur le sujet, en imaginant un chemin vers un futur low-tech. Cela fait plutôt envie, non ? (FNAU)

🔩 Solutionisme. Critique d'Etienne Maclouf du "solutionisme" à tout va, qui diffuse l'illusion du changement dans les grandes organisations. Par une déconnexion au monde matériel et par leur gigantisme, nous n'aurions plus de prise sur elles. Etienne Maclouf estime qu'il s'agirait de la principale vulnérabilité de nos sociétés et appelle à "accepter de ne pas savoir et à sortir du monde de l'ingénieur." (Usbek et Rica)

🔁 Replay. Retrouvez notre entretien avec Philippe Bihouix sur la ville low-tech, en version article et podcast. (dixit.net)

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la première fois, c'est le moment :