⛏️ Exploiter la mine urbaine

⛏️ Exploiter la mine urbaine
Photo by Matthias Jlt / Unsplash

C’est entendu, demain nous allons sans doute moins construire de bâtiments neufs. Mais la décarbonation du secteur du bâtiment ne se limite pas à cela. L’objectif en France est de réduire son empreinte de 95 % d’ici 2050. Alors pour être au rendez-vous, il va nous falloir rénover massivement la ville qui est déjà autour de nous. Mais tout le parc bâti ne passera pas le cap. En construisant une ville à obsolescence programmée, nous avons multiplié les futures épaves incapables de connaitre une seconde vie, avec à la clé des déconstructions et des montagnes de déchets.

Et si ces bouts de ville en fin de vie étaient la mine dans laquelle on puisait les ressources nécessaires pour réparer la ville ? Le recyclage des bétons en agrégats pour faire des murs tout neufs est déjà une bonne piste, mais les potentiels de réemploi sont massifs. Si on se donne la peine de les déposer proprement, plein de matériaux issus d’anciens bâtiments peuvent resservir sans passer par la case du recyclage : menuiseries, portes, sanitaires, sols, cloisons, équipements, charpentes… Autant de matières premières que de déchets épargnés.

Mais que tout ça parait simple en écrivant un édito. La réalité est beaucoup plus complexe. C’est tout un nouvel écosystème qui doit émerger localement et cela n’a rien de spontané. Celles et ceux qui se sont donné pour tâche (difficile) d’exploiter cette mine urbaine doivent évaluer les ressources locales, repérer et mettre en réseau les acteurs, synchroniser l’émergence de l’offre avec la demande, trouver des lieux intercalaires de stockage dans la ville, régler une multitude de questions logistiques et deux ou trois détails règlementaires, développer les compétences et même changer nos cultures de professionnels et d’habitants pour que nous acceptions cette ville de seconde main. Rien que ça.

Les territoires qui s’engagent dans le développement de filières de réemploi sont pourtant nombreux, suivant l’expérience de Rotor à Bruxelles. Les collectivités sont souvent au cœur de ces démarches, en impulsant la demande et en mettant à disposition des espaces. Mais pas qu’elles. On retrouve aussi à la manœuvre des coalitions hétéroclites d’activistes, de chercheurs, d’entreprises et d’institutions engagés dans ces démarches exigeantes. Il est temps que leurs efforts convergent et bénéficient d’une impulsion nette de nos politiques publiques, pour que le travail de ces pionniers essaime et fasse modèle, partout.

— Sylvain

PS : Plus que trois jours pour commander votre jeu La Fresque de la ville ! Commandez le vite, partagez sur vos réseaux et venez à notre webinaire de formation demain à 13h 😊

Analyse · Le réemploi bruxellois

Susie Naval travaille chez Rotor, une association bruxelloise spécialisée dans le réemploi de matériaux issus de la déconstruction. Nous avons exploré leur thématique de recherche, leurs expérimentations, mais aussi les freins qui empêchent encore la massification du réemploi dans la construction.


Ouverture · Lire, écouter, rencontrer, voir...

📅 Agenda.

  • 1er décembre, à Nantes : conférence de Victor Meesters, de chez Rotor. (ENSA)
  • Demain, 2 décembre : webinaire “Limites planétaires et immobilier : équilibre construction et rénovation”, où Sylvain interviendra (ARP Astrance)
  • Demain, 2 décembre à 13h : webinaire de présentation/formation à la Fresque de la ville. (dixit.net)
  • 2 décembre : webinaire sur le bois dans la construction et la RE2020. Vous pouvez d’ailleurs écouter notre podcast sur le sujet. (Novabuild)
  • 8 décembre : webinaire dans la série Villes Productives sur les conséquences matérielles de l’explosion du e-commerce. (PUCA)
  • 10 décembre : webinaire “Aménager ? Renaturer ? Au préalable, inventorions nos friches !” (Banque des Territoires)

🎙️ Podcast. Les territoires de France en question en trois épisodes avec Christine Leconte et Martin Vanier : réinventer le pavillonnaire, coopération entre les territoires, démocratie citoyenne... (Terra Nova)

🌴 Des arbres, des vrais. Entre politique de verdissement ou mise en réserve d'une nature inaccessible, pas d'autres choix ? C'est bien beau de parler des services écosystémiques de la nature pour justifier la nature en ville, mais il s'agit toujours d'une vision utilitariste de la nature, et non pas de ce qu'elle peut être en soi. La question de la bonne santé des arbres reste primordiale. Arrêter de les mettre dans des bacs, accepter de planter de jeunes arbres encore peu fringants, mais surtout arrêter l'imperméabilisation des sols en plantant la ville sur la ville. S'il n'y a pas de vie sans eau, il n'y a pas d'arbres sans terre. (PCA Stream)

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📖 A lire. La bougeotte, nouveau mal du siècle ? de Laurent Castaignède. (Editions Ecosociété)

En partant des origines (vitesse, tourisme de masse...) et des vecteurs de la bougeotte (voiture, train, avion, croisière...), ce livre est très axé sur l'histoire des transports et de la mobilité. Le mot "bougeotte", dans son sens actuel, est apparu en 1906 comme une nouvelle maladie saisonnière accaparant les parisiens et parisiennes partant en weekend à la "campaaaagne" à l'arrivée des beaux jours. Par ailleurs, l'auteur pose de façon franche la honte sociale créée par le fait d'être casanier ou de ne pouvoir voyager. Enfin, on ne va pas vous mentir, il ne s'agit pas d'une ode à la voiture.

La pérégrination lente du voyageur prenant le temps de découvrir et d'apprécier tout le long de son trajet les paysages et les à-côté de sa route est devenue ringarde. La mode est désormais au saut de destination en destination chez le touriste, cet individu qui ne fait plus que des tours en des lieux dûment répertoriés et qui pourra se vanter de les "avoir faits", selfies à l'appui. (...) Les conséquences de cette frénésie de masse sont dévastatrices : artificialisation et banalisation des destinations, pollutions locales multiples, émissions sans cesse croissantes de gaz à effet de serre, diffusion accélérée des épidémies.

🚻 Droit essentiel. La pandémie nous rappelé beaucoup de besoin dans notre vie : besoin de manger, de se loger, d'avoir accès à la nature, mais aussi besoin d'aller aux toilettes. La pandémie a (re)révélé un manque de toilettes publiques dans les villes américaines : compliqué pour les livreurs de faire une pause une fois les bars et les restaurants complètement fermés... (Bloomberg)

Récap. Quelques schémas de synthèse pour comprendre rapidement les impacts de la loi Climat & Résilience sur l'urbanisme. Si vous ne l'avez pas déjà épluché de fond en comble... (AGURAM)

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la première fois, c'est le moment de s'abonner à cette newsletter.