Les futurs optimistes de la transition écologique
BrightMirror de futurs positifs : récits des nantaises et des nantais.
Le 25 septembre, une centaine d’écrivains d’un soir se sont réunis un peu partout en France pour participer à leur façon à la transition écologique en écrivant collectivement des futurs positifs...
Le 25 septembre, une centaine d’écrivains d’un soir se sont réunis un peu partout en France : à Nantes bien sûr, mais aussi à Agen, Annemasse, Mâcon et même à Paris. Leur objectif était de (modestement) participer à la transition écologique en écrivant collectivement des futurs positifs sous forme de petites nouvelles. Un bon moyen pour agiter les imaginaires positifs, libérer les plumes, donner envie et créer une dynamique collective…
Cette belle idée du BrightMirror, développée par Bluenove, prend peu à peu de l’ampleur et se diffuse sur le territoire. C’était pour dixit.net et l’atelier faye la première animation de ce type à Nantes : une très belle expérience à renouveler prochainement.
Vous trouverez ici un récit de la soirée, là l’ensemble des nouvelles écrites ce soir là, et ci-dessous les textes et lectures des imaginaires Nantais.
On a frôlé le point « i »
25 septembre 2050.
Gustave (regarde dehors) : Je vois ma bulle arriver, Mamie, je vais devoir y aller.
Mamie Valérie : Attends, je vais te chercher ta bouteille !
Gustave : Ha ouais, celle de 2038 ?
Mamie : Exactement, mon petit ! Mais tu fais attention dans ces machines, j’ai pas trop confiance dans ce moyen de transport, je préfère tout ce qui touche terre.
Gustave : Mais ça touche presque terre, Mamie, c’est de la sustentation !
Mamie : Bon allez, file, et n’oublie pas de profiter de ce beau paysage, on en a assez bavé pour que tu puisses en profiter…
Gustave : Oui, c’est bon, Mamie, je sais, on est passé proche du point « I »… Tu radotes Mamie.
Mamie : « I » comme Irréversibilité, c’est assez grandiose pour le rabâcher, ç’a été notre seconde guerre mondiale à nous.
Entre chien et loup, la bulle, légère et modulaire, défile dans la ville luxuriante de végétation ; de part et d’autre, des algues luminescentes la guident. Une feuille de hêtre se colle sur la fine paroi organique, devant le regard de Gustave. Il sourit.
Gustave : « Ouf, les feuilles tombent encore à l’automne. »
Par Matthieu, Pierre, Gilles et Romain à Nantes.
Transhumance
25 septembre 2030, je regarde dehors et bonne surprise, je sens que le temps du départ approche.
Lui : Chérie, les fondations ont bougé vers le sud cette nuit. Les paysages ont déjà pas mal changé, tu ne trouves pas ? Le voyage recommence enfin !”
Elle : C’est pour ça que ma table de nuit en mousse des bois m’a offert une belle tomate gorgée de soleil ce matin ! Je comprends mieux…”
Lui : Tiens voici le nouveau voisin ! Il n’a pas l’air de bouger beaucoup lui : regarde son énorme maison, sa grosse voiture. Il doit bien s’ennuyer dans sa bulle polluée, fixée au sol ! Il vit encore moins bien que mes grands-parents en 2018 !”
Elle : C’est quand même bien de ne plus avoir d’adresse, d’être toujours en mouvement… On est tellement mieux depuis que notre maison se déplace au grès des courants positifs générés par notre énergie, celles du soleil, du vent et de l’eau. Notre habitat évolue au fil du temps, il se dégrade naturellement, il est en perpétuelle reconstruction. On découvre de nouveaux paysages, on mange de nouveaux légumes. Nos murs produisent des choux, des tomates, ça équilibre naturellement l’atmosphère. On se sent protégés. Les petits plats varient en fonction de l’endroit où on se réveille. On a le temps de s’acclimater à notre nouvel endroit, de discuter avec tes nouveaux voisins pour connaître ce qui pousse le mieux… Mais au fait, où sont passés les enfants ? Ils sont probablement partis avec l’école vers le nord !”
Par Florent, Florence et Cécile à Nantes.
Le visage de mes amis
25 septembre 2030, je regarde par la fenêtre, et bonne surprise…
Moi : Mes amis ne portent plus de masque, on voit leur visage ! Dis grand père, pourquoi mes amis ne portent-ils plus de masque ?
Grand-Père : L’air est maintenant pur, et on respire librement…
Moi : Qu’est-ce qui s’est passé ?
Grand-Père : Et bien fiston, avant que tu sois né, ca n’allait pas bien du tout !
Moi : Ah bon, comment ça ?
Grand-Père : Les hommes avaient tout détruit par leur manière de vivre. Leur envie de tout posséder, de dominer les autres, d’écraser nature, de la mépriser. La terre disparaissait sous le bitume, et l’oxygène devenait rare. Les humains ne se parlaient plus, ne se rendaient même plus compte de ce qui se passait, tellement ils avaient le nez sur leurs machines, leurs écrans.
Moi : Ils ne jouaient jamais dehors ?
Grand-Père : Ben non, on ne pouvait même plus respirer ! Un jour l’ordinateur central Boudhistes, devenu grand ami des bêtes et ayant compris la juste place de l’homme sur la Terre comme un simple élément du vivant, prit le pouvoir. Il diffusa des ondes bienveillantes et neutralisa les esprits de domination.
Moi : Tu veux dire le côté obscur grand père ?
Grand-Père : Exactement !
Grand-Père : Depuis ce moment-là, l’homme mis sa créativité positive au service du Bon.
Moi : Voir aujourd’hui le visage de tes amis, ça veut dire qu’on a réussi !
Par Valérie, Maryse et Soizic à Nantes.
2032, tous jardiniers de nos quartiers
Jeudi 23 juin 2030
3 copains (Juliette, Mathieu, Jean-Luc) à l’apéro sur une terrasse d’un appartement en ville observent Michel et Charlotte qui entretiennent l’espace public
En 2025, le budget alloué à l’entretien de l’espace public a été intégralement reversé à l’éducation (entre autres à l’éducation environnementale), à charge pour les citoyens d’entretenir eux-mêmes l’espace public de leur ville. Une partie du budget a été consacrée à la sensibilisation et formation des citoyens à l’entretien de l’espace public
Mathieu : Tu te rappelles Juliette comment t’étais virulente y a 5 ans quand on nous a délégué la gestion de notre quartier…
Juliette : Après réflexion, je me rends compte qu’à l’époque je ne me sentais pas concernée, que c’était aux service de la ville de le faire. Etant donné que je payais, ce n’était pas à moi de le faire.
Jean-Luc : Oui, mais finalement t’as joué le jeu et tu t’y es mise très vite, peut-être même plus vite que nous finalement.
Juliette : Je me suis tout de suite sentie responsabilisée car les porteurs du projet c’était nous et je me suis sentie écoutée.
Juliette : Vous avez mis du temps à vous impliquer car vos enfants n’avaient pas encore eu leurs premières leçons d’éducation environnementale.
Jean-Luc : C’est vrai… Après j’étais motivé mais je me suis rendu compte que ça me prenait du temps et il fallait faire des choix, je crois que n’étais pas prêt à limiter mes autres activités. Et toi Mathieu, c’était plus facile t’avais de la famille qui était dans l’agriculture, tu connais bien la campagne.
Mathieu : C’est pas tant de mieux connaître la nature qui m’a fait adhérer très vite à la démarche, mais plutôt le fait que la ville avait de moins en moins de moyens.
Jean-Luc : C’est bien qu’on ait fait ce choix y a 5 ans, on aurait très bien faire le choix de réduire les services de la ville et faire moins, et moins bien, et nos quartiers en auraient été dégradés, alors qu’aujourd’hui c’est super propre, je connais mieux mon quartier et surtout je connais mieux mes voisins.
Juliette : Et puis maintenant qu’on a fait nos preuves, on pourra faire pareil pour d’autres domaines de services publics. Vous êtes partants ?
Par Juliette, Mathieu, Jean-Luc à Nantes.
Un samedi soir sur la Terre
25 septembre 2030, Marine regarde dehors et bonne surprise :
Marine : Yoko, regarde, c’est la fête solidaire du quartier !
Yoko (sa fille) : Ah génial, tu crois qu’il y aura de la lamproie, comme la dernière fois ? J’avais adoré ça
Andrew, le papa : C’est vrai que c’était bon. Dans mon enfance, je n’avais jamais pu en manger, il n’y en avait plus du tout dans la Loire
Yoko : Vite, on y va, j’entends mes copines qui jouent !
Marine : Ah là là, je ne regrette vraiment pas le temps où ne pouvait même pas ouvrir les fenêtres avec toutes ces voitures et ces camions. Ça faisait du bruit et ça ne sentait vraiment pas bon…
Yoko : Maman, c’est quoi une voiture ? et un camion ?
Marine : c’étaient des engins préhistoriques, des caisses à 4 roues qui nous empêchaient de respirer et nous cassaient les oreilles. Les gens mesuraient leur réussite sociale à la taille de cette boîte et à la vitesse à laquelle elle pouvait rouler sur les routes et traverser les villes. Elles coûtaient une fortune pour ne rouler que 20% du temps !
Yoko : Ah là là maman, ça avait l’air nul quand tu étais petite.
La famille se met en route. Elle rejoint la fête, où on entend toutes les langues. Après des vagues migratoires d’une ampleur encore jamais vue, les habitants de ce quartier ont trouvé des solutions pour non seulement se comprendre, mais aussi créer des réseaux d’entre aide pour partager les savoirs et les savoir-faire.
Yoko : tu as pensé à emporter notre lampe à lucioles Glowee pour quand il fera nuit ? C’est tellement beau quand chacun allume la sienne, on se sent bien tous ensemble…
Par Adrien, Yohann et Valérie à Nantes.
L’histoire d’un voyage migratoire
25 septembre 2030, je regarde dehors et bonne surprise, l’aéroplaneur sensoriel , arrive à notre destination.
“Je n’y croyais pas mais le scientifique de l’agence de voyage avait bien raison : Monsieur, je vous assure, en suivant les cigognes, les flux migratoires de septembre vous mèneront en 3 semaines sur les côtes marocaines
Nous y sommes et les oiseaux nous y guidé.
Cela fait 3 semaines que nous sommes partis.
L’objectif du voyage : utiliser à l’image des oiseaux les vents dominants et les variations météorologiques pour découvrir de nouvelles contrées.
Cet aéroplaneur sensoriel s’est déplacé grâce à ces flux physiques et a peu généré de pollution.
La réserve d’eau de pluie a presque suffit à notre consommation… mais ça c’est une autre histoire…”
Par Michel , Jennifer et Kristell à Nantes.