(Gratte-)ciel ouvert
Un projet de la Métropole de Lyon dans le cadre du projet urbain Gratte-ciel Centre-ville, concédé au Groupe SERL, et présenté par Matthias Mustis, coordinateur du projet, a attiré notre attention.
L’occupation temporaire est un outil permettant d'expérimenter, préfigurer les usages et faire vivre des espaces, en attendant la construction de nouveaux quartiers. A Villeurbane, le projet urbain Gratte-ciel Centre-ville, concédé au Groupe SERL par la Métropole de Lyon, a attiré notre attention. Sylvain Grisot a visité les lieux avec Matthias Mustis, coordinateur du projet pour le Le GIE La Ville Autrement.
Sylvain GRISOT > Matthias Mustis, tu es coordinateur de projet d’occupation temporaire au sein d’une organisation qui porte un joli nom, La Ville Autrement. Peux-tu nous déjà décrire le lieu où nous sommes ?
Matthias MUSTIS > On se trouve sur le laboratoire extérieur des gratte-ciels, en plein centre-ville de Villeurbanne, au cœur de la métropole de Lyon pour une occupation temporaire d'à peu près 7000 m². Cette dernière a répondu à un appel à projets en juillet 2019, et a été lancée en juillet 2021. On est encore en phase de la finalisation de l’aménagement. Il s'agit d'un espace qui était bâti, puis déconstruit, et qui a vocation à accueillir dans quelques années, de nouveaux bâtiments. C'était essentiellement du logement vacant, en partie insalubre, qui a été démoli courant 2019, avec l’objectif de lancer la phase du projet urbain gratte-ciel centre-ville. Il s’agit en réalité d’un projet d’occupation temporaire d’opportunité qui n’était pas du tout prévu initialement. Ce qui a permis de le lancer, c’est un retard dans la déconstruction du lycée Pierre Brossolette, juste derrière nous, et qui prend une partie de l’emprise de cette ZAC de la deuxième phase de ce projet urbain.
Il y a parfois des décalages de planning dans la profession. Trois ans, cela permet de penser et de faire des choses, ici l’envie d’ouvrir le site. Comment s’est passé exactement cette prise de décision ?
L’idée de la sécurité est primordiale ici, ce que l’animation de quartier permet souvent d’améliorer, tout en maintenant un état temporaire dans la construction de ce cœur de ville. C’est aussi une décision politique de ne pas accepter que tant de surface en plein centre-ville reste inutilisée pendant 3 ans. Ici, nous sommes précisément sur l’ancien parking public Léon Chomel, qui a dû être déclassé pour pouvoir être utilisé dans le cadre du projet urbain. S'en est suivi une incompréhension du public qui se demandait pourquoi privatiser un parking pour construire du logement sans pouvoir utiliser l’espace en attendant. Il s'agissait de répondre à cette logique et ce besoin.
Il y a une certaine peur du vide, tout à fait légitime. Mais pour occuper tout ça, des organisations et des acteurs sont mobilisés sur le site. Plusieurs chantiers sont en cours, des constructions bois, quelques conteneurs posés ici et là, des enfants qui font du jardinage... Qu'est-ce qui se passe aujourd’hui et qu’est-ce qui va se passer dans les prochaines années ?
Il y a deux phases de chantiers. Le premier est porté par le collectif Méta, Maison des Échanges et des Transmissions Associatives, qui est dans un processus d’autoconstruction et porte les permis de construire, la maîtrise d’ouvrage et construit l’ensemble du bâtiment en cours de réalisation. Ils ont choisi les matériaux dans une logique de construction, de coût et d’économie, mais aussi parce que ce sont des matériaux qu’ils ont l’habitude de travailler : du conteneur et du bois. On a une deuxième phase de chantier, qui est l’Espace de Partage et d’Innovation (EPI). Eux, ils construisent un bâtiment en paille. La volonté est d’avoir un bâtiment en paille porteuse qui soit un établissement recevant du public (ERP). Je crois qu’on va être le troisième ERP en France en paille porteuse. C'est de l’innovation plus que de la technique, et les assurances refusent bien souvent de labéliser ce type de structure. Les enfants qui jardinent, c’est un des troisièmes occupants, un collectif qui travaille la logique de la végétalisation urbaine. Avec les scolaires du quartier, ils ont planté plus de 400 arbres sur site, et sont allés chercher des graines dans un périmètre de 500 mètres autour du lieu. Le dernier occupant sur site a aussi un ensemble de conteneurs en phase d’aménagement. On y accueille de nouveaux artisans qui viennent expérimenter leur métier en cœur de ville, pour potentiellement se réintégrer dans le centre ville par la suite.
Encore d’autres projets à venir, tout cela va s’étaler sur combien de temps ?
Il y a une temporalité très définie, avec une fin en septembre 2023. Il nous reste à peu près un an et demi d’occupation. En ce moment, c’est notre deuxième phase estivale qui débute en mai avec les portes ouvertes numéro 2, le festival De l’autre côté des Gratte-Ciel, un grand week-end, où tous les acteurs et habitants viennent participer à l’activité sur site, des animations, des ateliers Bricotech, du jardinage, des conférences pour interroger la ville de demain et essayer de la comprendre. Alors aujourd’hui, est-ce qu’on va y arriver ? On ne sait pas trop. Est-ce que ce sera suffisant ? Probablement pas. Mais en attendant, il y a vraiment une réflexion, en lien avec le projet urbain qui arrive par la suite.
Le temporaire permet aussi de laisser des choses sur place, au-delà de la mémoire des uns et des autres. Tu évoquais l’idée qu’il y a des permis, donc même quand on fait du temporaire, on rentre dans des cadres réglementaires. Construire temporaire, c’est quand même construire. De façon très pragmatique, quels sont les points d'attention importants ?
Ce sont des permis de construire précaires qui nécessitent des instructions légèrement différentes. Une première difficulté à été de les instruire, malgré toutes la bonne volonté des services d’instructions, qui n’avait pas encore reçu ou complété les formations dédiées à ce type de projet. On a aussi eu un problème d’infiltration des eaux de pluie qu’on ne peut pas rejeter dans le réseau unitaire, ni infiltrer sur site. Ces écueils nous ont retardés dans les permis de construire. Sur un site patrimonial comme celui-ci, en AVAP, nos permis de construire sont soumis à l’avis de l’ABF. Par exemple, toutes nos constructions doivent répondre à une teinte particulière, un gris un peu similaire au gratte-ciel. On n’a pas pu installer de photovoltaïque parce que ça ne répond pas aux normes. Ces contraintes nous ont empêchés de répondre à des appels à projets de l’ADEME qui permettaient d’avoir des subventions supplémentaires. On a eu pas mal d'embûches techniques qui n’ont pas été anticipées.
On n’est qu’au démarrage, les constructions sont en cours, on est loin de la déconstruction. Mais il y a déjà quelques apprentissages pour celles et ceux qui voudraient se lancer dans ce type d’occupation temporaire. Quelques points d’attention, des choses que tu referais, et surtout, des choses que tu ne referais pas ?
La première chose à savoir, avec la précarité du permis de construire, c'est l'élaboration avec les permis d’instruction qui nous ont vraiment été d’une grande aide pour réussir à instruire nos documents. Ensuite, il y a une vraie question de coût. On a forcément des coûts importants de constructions, même pour les plus rustiques et les plus sommaires qu’on puisse chercher. Enfin, il faut garder en tête la question de la temporalité. Pour une occupation temporaire de trois ans comme nous, il faut prévoir des travaux rapides. Nos constructions prévoient d'être terminées d'ici un mois, ce qui veut dire qu’on va avoir un site opérationnel sur une temporalité d’un an et demi. C'est assez court, l'un de nos regrets est de ne pas pouvoir le maintenir plus longtemps.
Concernant la cartographie des acteurs, on a donc La Ville Autrement, qui est en charge de l’animation temporaire. Quels sont les autres acteurs autour de ce projet-là ?
On est assez nombreux. Le groupe SERL est l’aménageur du projet urbain, propriétaire foncier du site, et est aussi en copilotage du projet. Je ne suis pas la seule structure à travailler ces questions-là. On a un lien direct avec la ville de Villeurbanne et la Métropole de Lyon car le projet est concédé à leurs aménageurs, donc ils sont forcément parties prenantes. En fait, une occupation temporaire est loin d’être seulement un projet urbanistique. C’est un projet culturel, de vie de quartier, du monde vivant et d’une phase de chantier. Alors on sollicite quasiment la totalité des services techniques de la ville, strictement nécessaires sur ce type de projet. C’est au total quatre collectifs sur place, tous divisés entre trois et cinq structures à l’intérieur à chaque fois. Puis on a les artisans qui viennent s’agréger à tout ça, ce qui conduit à un total de presque 25 structures présentes sur le site. Donc, un projet d’occupation temporaire, c’est aussi complexe qu’un projet urbain en termes d’acteurs impliqués, institutionnels, opérationnels... Mais avec en plus des occupants et un délai court. Ce n’est certainement pas le plus simple à mener.
La ville autrement, c’est un GIE, un Groupement d’Intérêt Économique, mais il y a d’autres organisations derrière. Quelles sont-elles ?
La Ville Autrement est un bureau d’études internalisé qui a décidé de mutualiser les moyens, spécialisé dans le logement et l’hébergement. On est composé de cinq structures ; Est Métropole Habitat qui est un bailleur social public et bailleur OPH de la métropole de Lyon, Rhône Saône Habitat qui a une coopérative d’habitats, la Société Villeurbannaise d’Urbanisme (SVU) qui est le propriétaire historique des logements sociaux des gratte-ciel et des baux commerciaux, la fondation Aralis, qui est plutôt spécialisée dans l’hébergement des personnes précarisées et, enfin, l’association Alynea qui fait de même sur une typologie de public différente. Ces cinq structures ont décidé de mutualiser des moyens, et notamment en ressources humaines, parce qu’elles n’avaient ni l’ambition ni les moyens financiers pour prendre cette compétence en interne dans leur structure, sur un projet qui ne nécessitait pas forcément d’y allouer toutes ces ressources. Le GIE nous permet, suivant les besoins à accomplir et notamment la construction de logements sociaux, l’hébergement des personnes précarisées, de faire porter par différentes structures pour réussir à avancer correctement nos objectifs et dans des délais qui sont les plus raisonnables.
D’où est venue l’initiative de s’outiller et de mutualiser ces compétences-là autour de l’occupation temporaire, notamment sur la partie logement ?
Sur la partie occupation temporaire, l’historique est vraiment lié au projet de l’Autre Soie, que ma structure pilote. C’est le démantèlement de la jungle de Calais avec la prérogative de l’État qui demandait aux grandes villes du territoire d’héberger un certain nombre de réfugiés qui a posé la situation de devoir mettre des sites à disposition. On s'est questionné sur les financements, l'accompagnement ou pas, et avec quel service de la ville. Cela a créé une logique d'hébergement temporaire à trouver en urgence. Mais à cela s'est ajoutée une question d'accompagnement et d'intégration dans la société villeurbannaise, métropolitaine de Lyon et puis du territoire dans son ensemble. C’est vraiment l’historique de ce projet qui nous a lancé sur les logiques d’occupation temporaire. On n’est pas sur des habitats réels, mais le troisième projet d’occupation temporaire, Château-Gaillard, où on retrouve un peu nos prérogatives, propose vraiment un hébergement des personnes précarisées.
Finalement, qu’est-ce qui a été internalisé dans le GIE ? Quelles sont les compétences qui manquent quand on doit gérer un niveau de complexité qui est très proche d’un projet traditionnel, voire pire avec la tension sur le planning. Est-ce qu’il y a d’autres types de profils, des gens dans les organisations qui ont des savoir-faire valorisables là-dessus ?
Pour un projet comme celui-ci, il faut absolument d’autres corps de métier que des urbanistes ou des architectes. Il faut aller chercher d’autres compétences dans la culture, l’évènementiel, la communication. Et aujourd’hui, c’est indispensable. Je suis urbaniste, mais j’ai suivi une formation sur le management de la transition écologique, qui m’a donné pas mal de compétences liées à tous ces projets d’ESS, de coordination, d’animation, de communication, qui me sont essentielles au quotidien. Pour le moment, on reste peu formalisé sur les compétences nécessaires en interne. On valorise le développement et la recherche du foncier pour pouvoir atteindre les objectifs de construction des membres, et de renouvellement urbain. Le dernier projet, ce qu’on appelle la mobilité résidentielle, c’est héberger les personnes quand elles quittent un logement qui était temporaire, de les reloger quand justement, dans un processus de renouvellement urbain, on a besoin de les délocaliser.
On dépasse largement la question seule de l’occupation temporaire au sein du GIE. Il y a d’autres questions, d’autres compétences qui se sont assemblées. Peut-on revenir sur les différents acteurs et projets accueillis ici ?
Il y a quatre occupants permanents. En premier, la Ferme des Artisans, composée d’atomes et de pistils, qui viennent travailler des logiques de végétalisation urbaine en allant sourcer des plantes exclusivement locales beaucoup mieux adaptées à leur environnement. Leur enjeu est aussi de réintégrer l’artisanat dans un cœur de ville, comme à Villeurbanne, avec les nuisances que ça implique, comme les prix de loyers particulièrement élevés pour des structures artisanales qu’on retrouve en général en périphérie des villes. Ici, on expérimente une production sans nécessairement sortir de la ville. C’est un vrai travail en cours à l’échelle de chacun des projets. Sur la logique des artisans, on cherche à les intégrer par la suite dans le futur centre-ville. La Société Villeurbannaise de l’Urbanisme, qui sera propriétaire des futurs rez-de-chaussée commerciaux sur ce projet urbain, souhaite proposer des cellules commerciales à des prix plus avantageux et augmenter ceux qu’ils appellent “les locomotives” (supermarchés qui ont les capacités de prendre des loyers plus élevés). Il y a un vrai besoin pour les habitants, car on observe un taux de transformation pour ces boutiques-là autour de 70 %. Ça veut dire que quasiment trois personnes sur quatre qui rentrent chez les artisans et repartent avec un achat. C’est colossal. La difficulté réside dans le manque de fréquentations aujourd’hui pour garantir la viabilité économique de nos artisans et leur installation future.
Il y a un potentiel, mais ça pose aussi des questions en termes de montage opérationnel. Au sein du GIE, on a quand même un acteur déjà présent sur site et propriétaire des rez-de-chaussée commerciaux existants, mais qui va l’être aussi à l’avenir avec la capacité d’agir. On retrouve ces logiques de ce que j’appelle les "sols communs", avec une propriété du temps long avec une visée d’intérêt collectif, sans doute nécessaire pour maintenir un certain nombre de fonctions dans la ville. Mais ça, ce n’est que le premier acteur, est-ce qu’on peut continuer notre visite ?
Le deuxième, c’est justement ce chantier en construction en paille porteuse. Dans l’Espace de Partage et d’Innovation (EPI), on retrouve Rhône Saône Habitat qui est un membre du GIE et un des futurs promoteurs immobiliers du projet urbain. On retrouve Yousta, une micro-distillerie qui va venir s’implémenter sur site, et le collectif Pourquoi pas ? Ensemble, ils portent deux expérimentations. D'abord sur comment et quoi mettre dans les espaces communs de ces futurs immeubles, comment aménager les lieux, mettre en place des outils pour que ces habitants puissent l’utiliser correctement, efficacement. Ils mettent en place un certain nombre de réflexions, d’ateliers, avec un panel d’habitants qui sera assez similaire à ce qu’on va aller chercher dans les futures constructions. Et ensuite, c’est une micro-distillerie écoresponsable, qui source des éléments qu’elle va utiliser pour distiller en circuit court, mais aussi dans la réutilisation calorifique du distillat et de l’eau, très excédentaire en distillation.
Le mythe des trois petits cochons a tué pas mal de projets constructifs, en donnant une image dégradée de certains matériaux. On est sur une expérimentation à plein niveau, constructive, réglementaire avec l’ERP, mais aussi en termes d’usage. C’est prescriptif, ça donne des idées pour la suite. Est-ce que ça peut se spatialiser ailleurs ?
On sait qu’on va avoir un impact sur la suite. C’est l’avantage d’avoir un porteur de projet qui est aussi promoteur immobilier par la suite du projet. On sait que ce qui va être expérimenté va permettre de nourrir la réflexion en interne. C’est un point important dans les apprentissages de se donner les moyens de capitaliser localement et de laisser des traces d’une occupation, certes temporaire, tout comme impliquer le plus possible les acteurs de la gestion de la suite, et de la vie de la suite du lieu au cœur même de l’occupation temporaire. C’est bien le cas ici puisqu’on a un opérateur immobilier impliqué sur le temporaire, mais aussi sur le pérenne. Tous les opérateurs qui arriveront par la suite participeront financièrement à ce projet, et auront dans tous les cas un rôle assez fort pour nous.
On va traverser la zone de chantier, pour voir un petit peu ce qui s’y passe. C’est peut-être l’occasion de commencer à nous parler des jardins qu’on voit derrière, où on a un autre acteur, un autre sujet, une autre expérimentation.
On retrouve le collectif Gratte-Terre, subdivisé en 5 structures une fois de plus. Gratte-Terre est le nom du collectif composé de SCE Environnement, un bureau d’études en aménagement du territoire, Parcs et Sports, une SCOP qui fait de l’aménagement de parc urbain, deux associations, SPES qui fait du soutien scolaire et le Jardin d’Yvonne qui est un jardin partagé sur Villeurbanne. Ils avaient déjà la vocation d’expérimenter un collectif avec plein de structures assez variées. Ici, ils viennent travailler l’évolution génétique des arbres parents. Concrètement, ça veut dire démontrer que les arbres aujourd’hui sont adaptés au réchauffement climatique local et à la pollution urbaine locale. On vient chercher localement des espèces qui seront adaptées au sol, adaptées au climat d’aujourd’hui et peut-être de demain. Il faut travailler ces palettes végétales dans une logique de compréhension pour ces projets urbains futurs et pérennes, mais avec un souci d'adaptation au réchauffement et à la pollution locale. Le collectif travaille également sur le sol vivant. On est sur un site qui a été excavé au total de deux mètres de remblais. C'est un vrai travail fait par le collectif sur comment renaturer le sol, sur les rotations de culture, sur les formes racinaires, qui vient permettre de réactiver un sol et de créer une biodiversité, ramener du vivant ici. On le distingue un peu moins maintenant, mais on retrouve ici quatre parcelles différentes qui correspondent à des amendements à la fois en épaisseur différente, mais aussi en apports chimiques différents. Et la logique est aussi de travailler cet aspect-là pour voir ce qui prend le mieux, ce qui marche le mieux, ce qui a un impact plus direct sur le sol.
On parle souvent de nature en ville, mais parfois ça se transforme en importation de la périphérie de terre végétale, un sous-produit de l’étalement urbain. On ramène des arbres de Hollande ou d’Allemagne. Ici, on retrouve sur les espèces de proximité, on arrive à la retrouver aussi sur l’origine des terres ?
Sur l’origine des terres, la question est plutôt inverse pour nous. Là, on est en train de créer une terre vivante, afin qu'elle ait un impact par la suite soit sur le projet urbain, soit sur la ville. Bien que la terre ne soit pas locale, maintenant qu’on crée quelque chose de vivant, on va essayer de le réutiliser pour en faire quelque chose, un espace végétalisé sur le projet urbain comme une toiture ou une terrasse. Pour le sol, il s'agira plutôt d'une logique arbustive que de jardin. Ça signifie que ces sols ont vocation à rester sur les lieux. On ira chercher sur un autre projet où il peut y avoir un intérêt, comme la renaturation des cours d’école de la Métropole de Lyon qui est très active sur cette thématique. La terre sera exceptionnelle d'ici deux ans. On a 400 arbres qui sont tous sourcés à 500 mètres de rayon et plantés par des animateurs et des écoliers du quartier. Donc pour nous, il y aurait aussi un sens, soit de le reporter sur le projet urbain, soit dans la cour d’école à côté qui va être végétalisée. Le dernier occupant, le troisième à construire sur site, c'est Méta. Ils expérimentent toute la logique du tiers lieu, pour construire de leurs propres mains des modèles économiques, juridiques et de gouvernance. C’est une demande croissante des villes d’avoir des lieux un peu ressources, où on peut retisser du lien vivant avec les personnes. Après, il y a toute la logique d’autoconstruction, même si on est un peu moins dans l’expérimentation parce qu’ils sont quand même très compétents dans cette question. Ils viennent construire en conteneur en bois, tout ça directement sur site.
Les niveaux d’investissement des acteurs et d'implication financière sont colossaux. La phase d'un an et demi va nécessiter d’être aussi très intense dans les sujets pour capitaliser tout ce qu’on a réussi à créer d’ici là.
On a fini la visite, mais on ne manquera pas de prendre rendez-vous pour la suite, pour poser la question de ce qu'il reste sur le site, et ce qu'on aura appris de ce lieu là. Merci beaucoup.
Propos recueillis par Sylvain Grisot en avril 2022
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