đïž La pico-promotion : densifier avec tact

Ă ChambĂ©ry, dans le quartier de MĂ©rande, la vieille bĂątisse qui accueillait les scouts de France a Ă©tĂ© dĂ©molie pour ĂȘtre remplacĂ©e par des logements. Cette phrase pourrait sonner comme une punition : la vieille maison est rasĂ©e pour ĂȘtre remplacĂ©e par un immeuble de six Ă©tages. La densification est souvent perçue comme nĂ©gative pour la qualitĂ© de vie, alors quâelle constitue en rĂ©alitĂ© un levier essentiel pour Ă©viter lâĂ©talement urbain, rĂ©pondre Ă la demande de logements et amĂ©liorer nos espaces de vie. Mais encore faut-il densifier avec tact.
Car toutes les opĂ©rations de densification ne se ressemblent pas. Sur lâancienne parcelle des scouts, il nâĂ©tait pas question de construire un grand immeuble avec une vingtaine de logements pour optimiser lâusage de la parcelle en exploitant toutes ses capacitĂ©s constructives au dĂ©triment de son environnement. Vous savez, câest la fameuse recette du «âpĂątĂ© urbainâ». Non, ici le projet des Petits paliers cherche au contraire Ă sâintĂ©grer dans son quartier en proposant un petit programme de cinq logements collectifs de qualitĂ©, avec des espaces partagĂ©s (buanderie, chambre dâamis) et un espace extĂ©rieur accessible Ă tous les rĂ©sidents. Pour Au Bercail, le «âpico-promoteurâ» Ă lâorigine du projet, il ne sâagissait pas de maximiser le nombre de logements, mais de trouver le bon Ă©quilibre en dialogue avec les riverains. Certains Ă©lĂ©ments de lâancienne bĂątisse qui a Ă©tĂ© dĂ©construite ont mĂȘme Ă©tĂ© rĂ©employĂ©s dans le nouveau bĂątiment.
Câest un travail de «âdentelle urbaineâ» comme il en faut pour se glisser dans les interstices de nos secteurs rĂ©sidentiels. Des situations dans lesquelles les opĂ©rations massives ou standardisĂ©es ne peuvent pas convenir. Un travail dans la finesse qui se veut plus humain, et mise sur la qualitĂ© de vie des habitants et leur intĂ©gration dans le quartier. Pour rendre tout cela possible, il faut dĂ©jĂ un propriĂ©taire qui vend son terrain, mais pas pour en faire nâimporte quoi, et ce nâest pas si frĂ©quent. Il faut aussi un architecte qui construit comme pour lui-mĂȘme. Et aussi un maĂźtre dâouvrage capable de monter une opĂ©ration complexe Ă toute petite Ă©chelle, et câest trop rare. La pico-promotion est le chaĂźnon manquant entre la division parcellaire ou lâinvestissement locatif que peut mener un particulier, et les opĂ©rations classiques de promotion qui ne trouvent pas de point dâĂ©quilibre en dessous dâune vingtaine de logements faute dâĂ©conomies dâĂ©chelles. Pourtant, si ces acteurs font dĂ©faut, les situations urbaines oĂč de petits fonciers nĂ©cessitent toute lâattention et les compĂ©tences de professionnels de lâimmobiliser sont lĂ©gion. Nous avons besoin de voir se multiplier ces artisans de la promotion immobiliĂšre capables de densifier nos espaces urbains avec tact.
Pour en savoir davantage sur les Petits paliers et la pico-promotion, Ă©coutez notre Ă©change avec Claire Lucas, co-gĂ©rante dâAu Bercail, et Xavier Patriarche, architecte-urbaniste Ă lâatelier Kayak.
â Sylvain Grisot (Linkedin)
PS : Vendredi 14 mars à Paris à Césure pour une formation à la redirection urbaine en partenariat avec le CEDIS autour du chantier des temps. Une formation ouverte aux élus, agents des collectivités comme aux professionnels privés. Il reste des places, alors n'hésitez pas à vous inscrire.


đ Le 10 mars, Documentaire "Toucher Terre" Ă Nantes. Ce film prĂ©sente le renouveau en cours de la construction en terre crue. En suivant lâavancĂ©e dâun chantier participatif, paroles dâexperts et dâapprentis se rĂ©pondent. Du sol au mur, de la main qui pĂ©trit au chantier Ă haute technologie, un extraordinaire voyage vers ce qui semble parfois si ordinaire, la matiĂšre terre et l'acte de construire. Au cinĂ©ma La Bonne Garde Ă Nantes le 10 mars Ă 20h, et sinon vous pouvez trouver une sĂ©ance ailleurs en France
đ Le 11 mars, Rencontre autour du livre âHabiter les faubourgs et les banlieuesâ. LâENSA Nantes organise Ă 18h une rencontre avec diffĂ©rents chercheurs, et maitres de confĂ©rence qui tĂ©moigneront du travail menĂ© sur ces territoires dans le cadre de l'enseignement Ă LâENSA Nantes.
đ Jusquâau 16 mars, Appel Ă candidatures pour le OFF (Osez Faire Frugal), qui met en lumiĂšre depuis 10 ans des rĂ©alisations frugales, low tech et participatives qui proposent une autre voie, dĂ©fendent lâacte de rĂ©habiliter, dĂ©veloppent des filiĂšres ou mĂ©nagent un territoire ou un quartier. Vous avez jusquâau 16 mars pour valoriser vos projets en candidatant ici.
âïž Peut-on assurer un monde qui s'effondre ? RĂ©alisĂ©e par Sinon Virgule, cette Ă©tude a pour objectif d'ouvrir le dĂ©bat sur notre rapport au risque, Ă l'assurance et Ă la confiance que nous accordons Ă ces institutions pour nous protĂ©ger des alĂ©as naturels. La premiĂšre partie met en lumiĂšre les vulnĂ©rabilitĂ©s du secteur assurantiel face aux risques climatiques. Ces derniers ne cessent de se multiplier et apparaissent dans des endroits inattendus, rendant les prĂ©visions de plus en plus incertaines et gĂ©nĂ©rant des coĂ»ts importants pour les assureurs. La seconde partie se concentre sur les rĂ©gimes assurantiels Ă dĂ©velopper dans un monde qui s'effondre. Face Ă l'ampleur des dĂ©fis Ă venir, il est impĂ©ratif de repenser en profondeur les modĂšles Ă©conomiques et sociaux de l'assurance, pour en faire un vĂ©ritable levier de rĂ©silience face Ă l'effondrement. Enfin, l'Ă©tude conclut sur des pistes d'action pour les acteurs du secteur. (Sinon Virgule)
đ Ceux qui reviennent, de Pauline Rochart. (Ă©dition Payot) Paris, province, cette dichotomie en fait bondir plus dâun. A lâheure oĂč nous beaucoup retournent dans leur territoire dâorigine aprĂšs un passage Ă Paris, a-t-elle vraiment lieu dâĂȘtre ? LâenquĂȘte qualitative de Pauline Rochart retrace une trentaine de parcours gĂ©ographiques, dans des aller-retours permanents entre individus et sociĂ©tĂ©. SâintĂ©resser Ă la mobilitĂ© et Ă ses dĂ©terminants, câest complexifier les oppositions binaires qui polarisent les territoires français comme les personnes. Certes partiel, le livre tisse un portrait social, culturel et politique de la France.
Le retour est lâoccasion dâinterroger notre rapport Ă lâaltĂ©ritĂ©. Dans notre imaginaire collectif, il y aurait les nomades et les sĂ©dentaires. Pourtant, ceux qui reviennent dĂ©jouent ce schĂ©ma en partie factice. Ils empruntent, me semble-t-il, la voie du milieu.