🔭 Turbulents futurs

🔭 Turbulents futurs

Au siĂšcle de l’abondance, penser l’avenir d’un morceau de territoire Ă©tait plutĂŽt facile : postuler quelques futurs aux diffĂ©rentes saveurs de croissances, choisir le « scĂ©nario volontariste », saupoudrer d’optimisme et dĂ©cliner tout ça dans un grand plan colorĂ© avec de belles flĂšches. Mais ça, c’était avant. Les choses se sont singuliĂšrement compliquĂ©es depuis quelque temps, et il devient difficile de postuler sereinement que demain sera mieux qu’hier. En une poignĂ©e d’annĂ©es, nous avons cumulĂ© des crises que seuls pouvaient imaginer des prospectivistes dĂ©pressifs dans leurs dĂ©lires nocturnes : pandĂ©mie mondiale, chocs climatiques, pĂ©nurie de semi-conducteurs, problĂšmes Ă©nergĂ©tiques, guerre en Europe et mĂȘme canal de Suez obstruĂ©. À cela s’ajoute une crise sociale et dĂ©mocratique dont on ne rĂ©alise sans doute pas encore l’ampleur.

Bref, au siĂšcle des crises on ne peut plus faire semblant que l’avenir se prĂ©voit, mais il faut pourtant nous prĂ©parer Ă  un avenir turbulent. Puisque les mĂ©thodes d’hier se heurtent Ă  un mur d’incertitudes, il va falloir en inventer d’autres. Nous Ă©carter d’un prĂ©sent trop pesant pour regarder au loin, continuer Ă  chercher Ă  comprendre ce qui se trame, Ă  sentir les variations subtiles du vent, mais aussi imaginer l’improbable. Tisser des futurs possibles n’est alors plus une façon de faire un choix — nous n’en sommes plus lĂ  — mais de sortir de l’univoque pour ouvrir les dĂ©bats, pour revenir au prĂ©sent Ă©clairĂ©s par ce dĂ©tour par les futurs. Et prendre les bonnes dĂ©cisions.

Car aujourd’hui, penser l’avenir d’un territoire n’est plus planifier sa croissance, mais organiser sa dĂ©carbonation, son adaptation Ă  un climat bouleversĂ© et sa rĂ©silience — quoi qu'il arrive, et surtout l'impensable. Ce ne sont pas que des enjeux climatiques ou techniques, mais aussi des questions sociales et politiques qui reviennent au cƓur des enjeux d’amĂ©nagement. Car cela passe par un nouveau partage des ressources comme des efforts, mais aussi des abandons de projets, d’infrastructures ou des rĂȘves de croissance, qui doivent faire l’objet de dĂ©bats dĂ©mocratiques renouvelĂ©s. Repenser l’élaboration des stratĂ©gies territoriales autour de la rĂ©silience, renouveler la prospective comme un outil de dialogue dĂ©mocratique, rien de tout cela n’est Ă©vident.

D’oĂč l’intĂ©rĂȘt de suivre le travail de celles et ceux qui font le choix de tĂątonner dans cette voie, d'inventer des mĂ©thodes en marchant, et de partager leur cheminement. C’est le cas du Grand Lyon, qui engage une rĂ©flexion hors norme sur un morceau de territoire attachant qui fait la synthĂšse d’une bonne partie des enjeux du siĂšcle : la Porte des Alpes. Je vous invite Ă  suivre ses premiers pas, et nous serons attentifs dans les prochains mois Ă  la suite de cette dĂ©marche passionnante.

— Sylvain Grisot (Twitter / Linkedin)

Juillet 2022, rĂ©cit du lancement de la consultation Grande Porte des Alpes portĂ©e par la MĂ©tropole de Lyon. C’est un parfait tĂ©moignage de l’urbanisme de la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, une suite de centres commerciaux, de friches, de dĂ©laissĂ©s routiers, d’équipements massifs et de nappes de parkings. Le tout agrĂ©mentĂ© d’un aĂ©roport d’affaire et dĂ©layĂ© dans des spaghettis d’infrastructures. C’est aussi et surtout un espace attachant et habitĂ©, mais pas encore tout Ă  fait un territoire. Alors dans quel territoire voulons nous vivre et habiter demain ? Comment dialoguer autour des transitions Ă  mener ?

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📅 16 Novembre, 19h, Ă  Nantes. Table ronde sur l'implication des citoyens dans la fabrique de la ville : un simple prĂ©texte ou une vraie opportunitĂ© Ă  saisir ? (Institut KervĂ©gan)

⏳ Urgence de bien faire. Dans des mĂ©tiers de temps long, comme ceux de la fabrique de la ville, on peut parfois perdre un peu la tĂȘte entre l’urgence Ă  agir et le temps nĂ©cessaire Ă  la rĂ©flexion. Il n’y a pas de rĂ©ponse simple, car oui, il faut Ă  la fois s’activer maintenant, mais aussi pousser la rĂ©flexion, concerter et donner de la place Ă  la prospective citoyenne. Enfin, fixer une stratĂ©gie de rĂ©silience et valoriser les complĂ©mentaritĂ©s et les rĂ©ciprocitĂ©s de nos territoires. Il faut agir maintenant, mais ça va prendre du temps. (LibĂ©ration)

â†Ș Territoires Pilotes de SobriĂ©tĂ© FonciĂšre. On vous en a dĂ©jĂ  parlĂ©, et la dĂ©marche suit son cours
 Rendez-vous Ă  Poitiers et Ă  PĂ©rigueux cette fois-ci pour dĂ©couvrir d’autres façons de faire la ville : Atlas des fonciers invisibles et Bimby, accompagnĂ©s par les collectivitĂ©s. Des expĂ©rimentations concrĂštes pour regarder l'existant en faisant un pas de cĂŽtĂ©. (La Gazette des Communes)

đŸŒČ CanopĂ©e urbaine. Benchmark des mĂ©tropoles qui plantent des arbres, du couvert vĂ©gĂ©tal, ou comme on dit avec de beaux mots “une canopĂ©e urbaine”. Si les investissements et les indicateurs pour les gĂ©rer ne sont pas tous les mĂȘmes, partout la demande sociale est forte ! Mais prenons garde Ă  ne pas nous arrĂȘter aux arbres, qui ont besoin de buissons, de champignons, bref d’un Ă©cosystĂšme pour s’épanouir au mieux. (MillĂ©naire 3)

📖 Qui vieille au grain ? SĂ©curitĂ© alimentaire : une affaire d’Etat, des Greniers d’Abondance (Ă©ditions Yves Michel, 2022) Court essai trĂšs documentĂ© sur les dĂ©faillances de notre systĂšme alimentaire, français, europĂ©en et mondial. Les transformations Ă  mener n’ont rien de simple. Elles impliquent notamment un renversement de notre façon de nous nourrir, une revalorisation financiĂšre et culturelle du travail de la terre, mais aussi du courage politique pour protĂ©ger nos premiers besoins. Des rĂ©ponses, toutes sauf naĂŻves, sont apportĂ©es sur le commerce, l’emploi, les lois et les outils de type offices fonciers.

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