đ ZAN, ZAB et ville stationnaire
Le ZAN nĂ©gocie son atterrissage dans les territoires, et câest compliquĂ©. Le ZAN, câest le petit nom du ZĂ©ro Artificialisation Nette, introduit dans le Code de lâUrbanisme par la loi Climat RĂ©silience, qui occupe les jours (et les nuits) de nombreux Ă©lus et professionnels .
Car oui, le ZAN pose problĂšme. Le ZĂ©ro dâabordâ. Le dispositif parie sur la collaboration des acteurs locaux pour se partager intelligemment un effort de division par deux des surfaces consommĂ©es pour faire la ville. Certains ont engagĂ© ce difficile exercice de dialogue, mais dâautres vont appliquer un absurde taux de -50 % Ă lâĂ©chelle communale. LâArtificialisation ensuite. La loi et ses dĂ©crets ne nous ont pas permis de comprendre ce que cela veut vraiment dire, et il nous faudra encore du temps pour sortir de la controverse et faire Ă©merger un consensus. Reste le Nette, avec lâidĂ©e que lâartificialisation des sols pourrait se compenser. Philippe Bihouix, ClĂ©mence de Selva et Sophie Jeantet proposent une alternative pragmatique Ă cette question dans leur rĂ©cent ouvrage : passer directement au ZĂ©ro Artificialisation Brute.
Mais sâil nây avait que cela, ce ne serait pas si grave. En ciblant lâartificialisation des sols, la loi sâest trompĂ©e de cible : ce nâest que le symptĂŽme dâun mal plus profond. Les sols agricoles sont la matiĂšre premiĂšre dâun modĂšle de dĂ©veloppement urbain dans lâimpasse, fondĂ© sur la monoculture automobile, la sĂ©paration des fonctions et une poignĂ©e de produits immobiliers standardisĂ©s. La fabrique de la ville est droguĂ©e au sol agricole et le sevrage est difficile.
Alors oui câest compliquĂ©, partout, mais ça avance. Et câest cela la vraie surprise : le ZAN malgrĂ© tous ses dĂ©fauts est en train de transformer en profondeur nos pratiques. Partout en France des collectivitĂ©s sâengagent dans la sobriĂ©tĂ© fonciĂšre et regardent leur territoire urbanisĂ© dâun autre Ćil pour y trouver les solutions Ă leurs besoins de dĂ©veloppement. Les faiseurs de villes de tout poil sâengagent dans le recyclage de friches, transforment des bĂątiments obsolĂštes, construisent de nouvelles maisons dans des lotissements vieillissants et rĂ©investissent les centres-ville au lieu que de laisser filer la vie dans de lointaines pĂ©riphĂ©ries. Câest complexe et cher, mais aussi nĂ©cessaire et possible.
Alors cela va sans doute trop vite pour certains, mais les crises ne les attendent pas. Des territoires ne pensent dĂ©jĂ plus leur avenir Ă coup de croissance, mais en fonction des chocs et des pĂ©nuries qui les percutent. Ralentir le rythme serait insultant pour ces Ă©lus locaux et ces professionnels qui se retroussent les manches et dĂ©ploient la sobriĂ©tĂ© fonciĂšre dans leurs territoires. Alors, laissons le temps nĂ©cessaire Ă la prise de conscience et aux dĂ©bats, mais accĂ©lĂ©rons le passage Ă lâacte. Car partout des Ă©lus locaux font et doutent. Ils doutent comme dâautres, mais affrontent la complexitĂ© et font. Ce sont eux qui tissent nos territoires habitables du milieu du siĂšcle. Soutenons-les.
â Sylvain Grisot (Twitter / Linkedin)
"La croissance des villes est devenue insoutenable : le secteur de la construction est lâun des principaux Ă©metteurs de gaz Ă effet de serre et engloutit des quantitĂ©s Ă©normes de ressources, pendant que lâĂ©talement urbain dĂ©vore les sols naturels et agricoles..." La semaine derniĂšre, nous avons rĂ©alisĂ© un webinaire avec Philippe Bihouix, ClĂ©mence de Selva et Sophie Jeantet sur leur ouvrage La ville stationnaire (Actes Sud, 2022). Merci Ă celles et ceux qui ont participĂ© ! Pour les autres, voici les replays.
đ Recherche. L'APR GESIPOL vise Ă faire Ă©merger des projets de R&D pour amĂ©liorer les connaissances et dĂ©velopper des techniques ou des outils de gestion des sites et sols polluĂ©s. RĂ©ponse large : Ă©quipes de recherche, bureaux dâĂ©tudes, collectivitĂ©s territoriales ou locales⊠Projet Ă dĂ©poser jusquâau 8 dĂ©cembre ! (ADEME)
đ§ Il nâest pas trop tard, mais il y a urgence. Un des grands dĂ©fis de la science, câest de pousser la porte du laboratoire et de rendre le complexe accessible Ă tous. Un dĂ©fi majeur si on veut que nos sociĂ©tĂ©s engagent vite et avec volontĂ© la redirection Ă©cologique. Câest ce que fait Heidi Sevestre, glaciologue et excellente communicante sur les rĂ©seaux sociaux : rendre tangible, par lâimage, le son, lâĂ©motion, la rĂ©alitĂ© du changement climatique et des seuils dâirrĂ©versibilitĂ©. (Le Grand DĂ©fi)
đșïž Ile Ă lire. Vous aimez les cartes ? Vous aimez les livres ? Cette animation visuelle est faite pour vous : dĂ©couvrez vos auteurs prĂ©fĂ©rĂ©s sur des petites Ăźles, et les auteurs qui y sont associĂ©s sur les Ăźles voisines ! De quoi renouveler votre stock de romans avant lâĂ©tĂ©. In English. (Ocean of books)
đïž Reconstruire. Comment gĂ©rer et accĂ©lĂ©rer la reconstruction aprĂšs les crises (guerres, catastrophes climatiquesâŠ) ? Grande question, mais pas forcĂ©ment la bonne ! Reconstruire, oui, mais surtout en plus rĂ©silient, en plus adaptatif ? Sâinspirer de lâurgence aussi, pour faire plus lĂ©ger, plus Ă©phĂ©mĂšre. Voire parfois, accepter que les risques sont trop Ă©levĂ©s, abandonner ces espaces et faire ailleurs. (Leonard)
đ Exercices dâobservation, Nicolas Nova (Premier ParallĂšle, 2022). Il a quelque chose dâun peu loufoque dans cet ouvrage, on se demande bien qui prend le temps de faire ce type dâexercices, Ă part celles et ceux dont câest le mĂ©tier dâĂ©crire. Car oui, il sâagit bien dâexercice Ă rĂ©aliser, un peu comme un cahier de vacances de lâobservation. Mais Ă la rĂ©flexion, au fil de la lecture, on a envie de sây plonger, de prendre un exercice au hasard et de faire le pari : dâune expĂ©rience, sĂ»rement, mais peut-ĂȘtre encore plus. Un petit carnet Ă garder de cĂŽtĂ©, Ă ouvrir Ă lâimproviste et Ă tester. Pour ĂȘtre anthropologue, designer, Ă©crivains ou philosophe, mĂȘme quand on ne lâest pas au quotidien.
Exercice #14 Suivi de zone. DĂ©limitez une zone sur une place qui vous inspire, dans un jardin, un parc, une forĂȘt - ou lâĂ©tage dâun frigo. Documentez ce que vous observez en utilisant les dĂ©marches du premier chapitre. Reproduisez les instructions du premier exercice, Ă rĂ©pĂ©ter ici idĂ©alement Ă un rythme quotidien. Prenez des notes ou des photos, prĂ©levez des sons, consultez ces inscriptions avant de retourner sur place pour dĂ©tailler lâĂ©volution du coin. Produisez aprĂšs plusieurs mois un fanzine ou un petit livret qui rende compte de ce suivi, dans la durĂ©e ; par exemple en mettant au jour des rythmes ou des typologies.
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