🐩 S’inspirer du vivant

🐩 S’inspirer du vivant

PassĂ©e l’annonce de la disparition imminente d’espĂšces emblĂ©matiques, la crise du vivant passe largement sous les radars mĂ©diatiques. Extinctions, baisse des populations, chute de la biodiversitĂ© des mers et des sols
 la rupture est massive et silencieuse. Nous comptons pourtant au nombre des victimes de cette crise, dont nous sommes aussi la cause.

Une meilleure comprĂ©hension du vivant est donc nĂ©cessaire, mais pas que pour le protĂ©ger. C’est aussi une source d’inspiration pour trouver les clefs de la rĂ©silience qui nous permettra de limiter la casse. Emmanuel Delannoy nous le rappelle :

La biodiversitĂ© n’est pas un sujet environnemental de plus, mais une voie royale vers la pensĂ©e systĂ©mique : dans le vivant tout est liĂ©.

Alors, suivons avec lui la piste du biomimĂ©tisme, qui s’inspire du vivant pour imaginer de nouvelles solutions. Le biomimĂ©tisme est souvent rĂ©duit Ă  ses dimensions formelles, Ă  l’exemple du bec du martin-pĂȘcheur copiĂ© par le TGV japonais, mais il peut aussi porter sur les organisations propres au vivant. Comprendre les relations complexes qui tissent les Ă©cosystĂšmes en liant les ĂȘtres vivants, c’est disposer d’exemples d’organisation qui ont su s’adapter dans le temps pour assurer leur survie.

C’est donc l’occasion d’apprendre Ă  faire moins mal, mais surtout d’en tirer les moyens de notre rĂ©silience. Et quels sont les outils forgĂ©s par le vivant pour rĂ©sister et s’adapter aux chocs ? Olivier Hamant nous en donne les clefs dans son dernier ouvrage : Hasard, redondance, gaspillage, lenteur, erreurs
 Autant de mots tabou dans notre recherche effrĂ©nĂ©e de performance, qu’il rĂ©sume parfaitement par le terme de « sous-optimalité », qui pourrait bien s’imposer comme une nĂ©cessitĂ©. Les fragilitĂ©s apparentes d’un systĂšme sont en effet ce qui fait sa force dans les turbulences :

Les exemples apportĂ©s par la biologie nous montrent que des facteurs perçus nĂ©gativement dans le modĂšle optimaliste sont en fait des facteurs de rĂ©silience. La sous-optimalitĂ© construit de la robustesse sur les fragilitĂ©s des systĂšmes vivants. (
) PrivilĂ©gier l’adaptabilitĂ© et la transformabilitĂ© au contrĂŽle et Ă  l’optimisation, c’est acter que nous avons quittĂ© l’HolocĂšne et son Ă©tonnante stabilitĂ© climatique. Avec la rĂ©silience, nous rĂ©pondrions alors pragmatiquement au caractĂšre dominant de notre Ă©poque actuelle et Ă  venir : les fluctuations sociales et environnementales.

Traduis dans les mots des faiseuses et des faiseurs de villes, c’est une structure surdimensionnĂ©e qui saura accueillir des usages improbables, un bĂątiment inachevĂ© qui pourra grandir avec le temps, un quartier qui mise sur la diversitĂ© des fonctions, un immeuble qui multiplie les communs, ou un espace public que ne dicte pas ses futurs usages. Cette rĂ©volution a dĂ©jĂ  commencĂ©, mais on ne voit pas cette lame de fond, focalisĂ©s que nous sommes sur l’écume. À nous de dĂ©nicher les rĂ©servoirs de possibles et de tisser de nouveaux imaginaires imparfaits, inspirĂ©s des clefs que nous offre le vivant.

— Sylvain Grisot (Twitter / Linkedin / Mastodon)

PS : J'ai passé une soirée à discuter dans un tiers-lieu Montréalais opportunément transformé en bistro d'un soir par Guillaume Ethier et Emile Forest. C'était sympa, intéressant et enregistré. Alors écoutez le 25e épisode d'un balado qu'il faut de toute façon suivre : Cadre bùti.

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Avec Emmanuel Delannoy, on a suivi les pistes du biomimĂ©tisme pour engager les transformations nĂ©cessaires de nos Ă©conomies, nos territoires et nos organisations. Car si le vivant est en crise, il peut aussi nous inspirer de ses solutions, et peut aller jusqu’à refonder l’organisation de nos territoires en s’inspirant du fonctionnement de nos Ă©cosystĂšmes.

📆 Calendrier.

🎒 Back to school. Les amis de 15marches lancent leur Atelier. Une nouvelle façon d'apprendre par des contenus courts qui dĂ©boulent tous les jours dans votre fil WhatsApp. On y parle dĂ©jĂ  prospective crĂ©ative, transformation numĂ©rique, business design ou mobilitĂ©. A suivre attentivement. (l'atelier)

đŸ˜ïž Pavillonnaire. On n’a pas encore fait le tour du pavillon, mais voilĂ  un article qui trace quelques nouvelles pistes. Une chose est sĂ»re, la maison n’est pas l’ennemi, mais c’est bien le modĂšle dominant pĂ©riurbain qui arrive Ă  bout. Reste Ă  inventer de vraies alternatives. (Tema archi)

đŸ—ș ReprĂ©senter l’AnthropocĂšne. A chaque Ă©poque sa gĂ©ographie et ses reprĂ©sentations. Nous voilĂ  dans l’ùre de la gĂ©o qui repĂšre les changements causĂ©s par l’homme, mais qui pourrait aussi essayer de les rĂ©parer ? L’ambition gĂ©ographique est Ă  la fois d’avoir assez de donnĂ©es pour simuler des phĂ©nomĂšnes pour aider Ă  mieux s’orienter, mais aussi d'imaginer de nouvelles reprĂ©sentations, pour parler un plus grand nombre, en bĂątissant des gĂ©o-communs. (Usbek & Rica)

📖 Relocaliser, JĂ©rĂŽme Cuny (Tana Ă©ditions, 2022) Un cahier pop joliment illustrĂ© de la collection “Fake or not” qui permet de comprendre les enjeux de la relocalisation. Cela se lit trĂšs bien dans un Ă©niĂšme train Paris-Nantes. Si le dĂ©bat de la relocalisation est sur toutes les lĂšvres depuis la pandĂ©mie, il faut bien constater que c’est plus compliquĂ© que de simplement rouvrir des chaĂźnes de production ici ou lĂ . Relocaliser oui, mais quelles usines ? Pour produire quoi ? Pour quelle pollution ramenĂ©e sur notre territoire ? Et oĂč les localiser ? L’enjeu est fort : comprendre nos besoins essentiels, et choisir. Et donc renoncer Ă  d’autres besoins :

On ne peut pas produire des SUV, des smartphones, des cuisines intĂ©grĂ©es ou des tee-shirt en polyester en quantitĂ©s industrielles sans recourir massivement aux Ă©nergies fossiles, sans dĂ©pendre de ressource et de matiĂšres premiĂšres qu’on est forcĂ© d’importer et sans Ă©mettre de gaz Ă  effet de serre. Les productions industrielles Ă  implanter ou Ă  rĂ©implanter devront donc prouver leur pertinence, leur utilitĂ©.

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