🌳 Rennes, quartier du Gros ChĂȘne

🌳 Rennes, quartier du Gros ChĂȘne

À Rennes, dans le quartier du Gros ChĂȘne, Archipel Habitat s’est lancĂ© dans un vaste chantier : rĂ©habiliter 10 tours de 15 Ă©tages, pour un total de 1200 logements.

Il pleut des cordes, mais le hall tout neuf nous permet d’entamer la conversation au sec. C’est la premiĂšre de ces tours Ă  connaĂźtre une nouvelle vie. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, pas d’une simple une rĂ©habilitation thermique, mais de travaux d’ampleur qui donnent une seconde vie Ă  cette tour. Le parti pris est simple : ne rien dĂ©molir et refaire Ă  neuf sans faire du neuf. Une option Ă©lĂ©gante et consciente au temps des trente turbulentes. Tout commence donc par la dĂ©finition du programme, comme si l’on partait d’une page blanche. Sur les 90 logements locatifs initiaux, une petite soixantaine sont recomposĂ©s dans des typologies beaucoup plus variĂ©es. S’ajoutent 40 petits logements pour des jeunes, des locaux associatifs dans le socle et une maison des habitants posĂ©e sur le toit.

Mais tout cela nĂ©cessite de bouger plus que quelques cloisons. À l’issue d’une longue procĂ©dure de relogement, tous les habitants quittent les lieux pour laisser place Ă  un chantier d’ampleur. L'intĂ©rieur est purgĂ© pour ne conserver que la structure, puis le hall et le sous-sol sont rĂ©organisĂ©s. Les Ă©tages sont aussi profondĂ©ment transformĂ©s : reconfiguration des appartements, Ă©largissement des ouvertures, balcons, lumiĂšre naturelle dans les paliers, performances thermiques, acoustiques et sĂ©curitĂ© incendie
 rien n’est laissĂ© de cĂŽtĂ©. L’objectif est de rendre cette tour Ă  nouveau attractive, cela semble trĂšs bien parti. Mais ce n’est que la premiĂšre des dix tours qui doivent se mĂ©tamorphoser. La seconde est dĂ©jĂ  en chantier et les autres suivront par paires, avec des Ă©quipes de maĂźtrise d’Ɠuvre diffĂ©rentes pour varier les approches, et des programmes qui miseront eux aussi sur la mixitĂ©.

Ce premier chantier prototype est plein d’apprentissages pour la suite, et c’est sur la question de la libĂ©ration complĂšte de la tour que cette expĂ©rience fera le plus Ă©voluer l’approche. Une libĂ©ration partielle sera sans doute privilĂ©giĂ©e pour la suite, induisant quelques compromis qui permettent de trouver un meilleur Ă©quilibre Ă©conomique et opĂ©rationnel. Des compromis certes, mais sans renoncer Ă  l’idĂ©e de faire du neuf avec l’existant, de miser sur la mixitĂ© des publics et d’inscrire l’opĂ©ration dans un dialogue intense avec les habitants. Car c’est aussi un des apprentissages tirĂ©s de cette expĂ©rimentation : ce dialogue a permis de mieux gĂ©rer les travaux, mais surtout d’enrichir le projet du regard des vrais praticiens des lieux. Alors oui, c’est une aventure. Il faut donc savoir bien s’entourer, s’organiser, et crĂ©er les conditions de cet apprentissage pour sortir du temps des prototypes et passer Ă  l’échelle. Mais ne nous y trompons pas, il n’y a pas de solutions gĂ©nĂ©ralisables, mais des femmes et des hommes qui apprennent Ă  vivre ces aventures.

Et c’est vraiment beau de les entendre nous raconter tout ça.

— Sylvain Grisot (Twitter / Linkedin)

PS : Nous avons le plaisir de vous annoncer la sortie de la Fresque des villes africaines, par Groupe Huit et le Campus AFD, directement inspirée de la Fresque de la ville. Vous pouvez télécharger librement le jeu, ainsi que son guide d'utilisation sur le Campus AFD.

Mikael Goupil et CĂ©cile Monnerais, du bailleur social Archipel Habitat, nous font visiter une des tours du quartier du Gros ChĂȘne Ă  Rennes, qui vient d'ĂȘtre rĂ©habilitĂ©e. Le parti pris est simple : ne pas dĂ©molir et faire un programme neuf sans faire du neuf. Bonne visite !

· Podcast. Il rĂ©pĂšte la mĂȘme chose depuis 40 ans, et la seule chose qui a changĂ© c’est qu’il est dĂ©sormais Ă©coutĂ© : “Quelque soit votre problĂšme, une rĂ©forme des politiques du stationnement est la solution.” Si vous ĂȘtres anglophone et passionnĂ© de parking, Ă©coutez Donald Shoup. Et si ce n’est pas encore le cas, Ă©coutez le quand mĂȘme. (Abundance)

· Pétition. On soutient cette pétition pour baisser la TVA sur les matériaux biosourcés, géosourcés et de réemploi dans la construction, lancée par le collectif Frugalité Heureuse et Créative. C'est important et cela vous prendra seulement 3 min. (Mes Opinions)

· A la recherche du foncier. Article synthĂ©tique sur les enjeux relevĂ©s par l’Observatoire RĂ©gional du foncier en Ile de France au regard de la ZAN. Une rĂ©gion certes un peu particuliĂšre, dont le dĂ©mographie ne dĂ©mord pas et oĂč les activitĂ©s Ă©conomiques progressent. Mais des besoins qui restent Ă  affiner, avec des rĂ©flexions fortes Ă  pousser sur la forme urbaine et la flexibilitĂ©, voire la mutabilitĂ© des bĂątiments. (Adequation)

· Raconter des histoires. La bataille du climat n’est pas que scientifique ou technique, mais nĂ©cessite de transformer ce qui dirige nos idĂ©es et notre façon de rĂ©agir au monde. Cela demande beaucoup de nouvelles idĂ©es et d’envies sur de nombreuses thĂ©matiques : la richesse, la santĂ©, le travail, ce qui est important, ce qu’est une vie bonne, etc
 La rĂ©alitĂ© de la crise climatique est devenue de plus en plus perceptible ces derniĂšres annĂ©es, et beaucoup de citoyen.nes soutiennent des politiques de changement, mĂȘme si ce n’est pas toujours perçu comme prioritaire. Mais les rĂ©cits s’entrechoquent encore et ne permettent pas de visualiser un chemin clair. Comment crĂ©er un nouveau rĂ©cit collectif, ni naĂŻf, ni dĂ©primant ? Doit-on accepter de vivre avec le trouble, comme le propose Donna Haraway ? In English. (The Guardian)

Perhaps we also need to become better critics and listeners, more careful about what we take in and who’s telling it, and what we believe and repeat, because stories can give power – or they can take it away.

· Bifurquer par temps incertains, de Laure Noualhat (Tana Ă©ditions, 2023). C’est sur un ton motivant et plein d’humour que Laura Noualhat nous embarque dans les bifurcations possibles de nos modes de vie. Dans ces temps incertains et Ă©cologiquement angoissants, qui ai-je envie d’ĂȘtre, qu’est-ce que j’ai envie de faire, oĂč et avec qui ? Une façon de fomenter l’avenir, individuellement et collectivement, pour le rendre moins dĂ©finitif. Si l’autrice puise beaucoup dans beaucoup d’exemples de bifurcation collective, c’est aussi un moment de retour Ă  soit contre le rĂ©trĂ©cissement du monde.

Nous ne sommes pas Ă©ternels, ni nĂ©cessaires, surtout au vu de l’accĂ©lĂ©ration de nos conneries collectives : Ă©riger des immeubles pour cochons en Chine, organiser une coupe du monde au Qatar ou des jeux asiatiques d’hiver en Arabie Saoudite, et j’en passe. Plus modestement, les annĂ©es qu’il nous reste Ă  vivre (relativement) confortablement se comptent sur les doigts des deux mains peut-ĂȘtre. Notre boussole gagnerait Ă  indiquer non pas le nord, mais la fin de l’insouciance. Alors, dans ce temps, certains s’attachent Ă  vivre intensĂ©ment et Ă  s’occuper utilement, c’est Ă  dire sans nuire et, autant que possible, en se lançant de joyeux dĂ©fis.

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