🌞 Les rues parisiennes font leur métamorphose

Nos villes sont menacées d’obsolescence climatique par la multiplication des les étés qui tuent. L’effet d’îlot de chaleur urbain y est particulièrement intense, avec des conséquences désastreuses. Rues minérales, revêtements sombres, climatisations, absence de végétal, d’eau, d’ombre et de circulation de l’air dans des rues étroites… tous ces facteurs s’accumulent pour créer des écarts de température qui peuvent aller jusqu’à 8 à 10 °C entre le centre-ville et les zones rurales alentour. Le phénomène est critique dans une ville comme Paris qui cumule les handicaps d’une ville dense et minérale. Séniors, jeunes enfants, personnes à la santé fragile ou isolées, sans domicile fixe, travailleurs exposés… La liste des victimes potentielles est longue. Il faut y ajouter la faune et la flore urbaine éprouvée par la sécheresse, ainsi que les infrastructures de nos villes, pensée pour un autre climat.

Alors, si les villes doivent faire leur part dans les efforts d’atténuation du réchauffement climatique, c’est bien d’adaptation qu’il s’agit ici. Car les infrastructures techniques ne suffiront pas à passer le siècle, nous devons nous appuyer sur le vivant pour maintenir l’habitabilité de nos villes. Il nous faut faire de la place, briser le bitume, régénérer les sols, rétablir leur perméabilité à l’eau, et renaturer. Pas des démonstrateurs plantés devant les mairies pour briller sur les réseaux sociaux, mais une transformation en profondeur des espaces publics du quotidien, en requestionnant systématiquement l’usage de chaque mètre carré imperméabilisé. Et il y a urgence, puisque la durée de vie d’un aménagement urbain est d’une trentaine d’années, nous construisons aujourd’hui les rues de 2050. Chaque chantier d’entretien doit donc désormais être l’occasion d’une vraie métamorphose.

À Paris en tout cas, il n’y a pas que les grandes places et les avenues légendaires qui se transforment. Les rues du quotidien changent aussi progressivement de visage et d’usage. Des consultations sont organisées dans chaque quartier pour permettre aux habitantes et aux habitants de proposer des transformations de leurs espaces publics. Création de rues aux écoles, développement de pistes cyclables secondaires, plantations d’arbres, mise en valeur du patrimoine… Les propositions sont sélectionnées par les techniciens et les élus d’arrondissement, et mises en cohérence dans un programme de microtransformations des espaces publics du quotidien. L’enjeu est aujourd’hui d’accélérer le mouvement. Grands et petits projets ont initié en quelques années une métamorphose de la ville qui ne laisse pas indifférent, mais on est encore loin du compte. Les coups de chaud se multiplient et les Parisiens et les Parisiennes ne disposent pas assez d’espaces végétalisés de proximité. Il faut aller plus vite.

Florent Giry, Adjoint au Maire de Paris Centre en charge de la voirie, des mobilités et de la gestion des chantiers, qui nous explique comment la démarche est mise en œuvre, et en quoi elle pourrait inspirer d’autres collectivités. Pour l'écouter, c'est ici :

#83 Florent Giry · Les rues parisiennes font leur métamorphose

Listen to this episode from dixit.net on Spotify. À Paris, il n’y a pas que les grandes places ou le réseau des pistes cyclables qui transforment les espaces publics. Les rues du quotidien changent aussi progressivement de visage et d’usage. Quartier par quartier les habitantes et les habitants sont…

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À mercredi prochain !

– Sylvain Grisot (Twitter/Linkedin)

🗓️ 15 septembre. Conférence-débat de Christine Leconte au WAAO, sur un thème qui ne devrait pas vous surprendre : « Réparer la ville » ! (Inscription)

🎙️Podcast. Et si on créait des zones de retournement, permettant d’accompagner des situations en tout genre vers de nouvelles directions ? On réalise que nos vies et nos villes sont sans issues, comme un lotissement en impasse, sans sa raquette de retournement. Alors, pourquoi ne pas créer ces espaces ? Belle hypothèse, à creuser. (Faute de mieux) 

🗺️ Projection cartographique. Pas évident de s’y retrouver dans les méandres de la planification écologique à la française, alors l’équipe de Contexte a travaillé sur une cartographie imaginaire de ce monde peuplé des monstres marins et de triangles des Bermudes. La destination n’est pas franchement plus claire à la fin, mais le voyage est intéressant. (Contexte)

🅿️ Parking. Le parking, c’est dangereux et polluant. Et puis, ça fait râler tout le monde. Et puis ça coûte cher et ça bouffe nos espaces publics. Mais, paraît-il, il y en a encore besoin. Alors voici un moyen de mettre en place un paiement du parking de façon plus équitable. Cette méthode basée sur le prix selon la demande, et dont les revenus sont directement utilisés pour des services publics dans la rue, vient du pape du parking Donald Shoup. Oh oui, on vous en a déjà parlé. Mais on recommence, pour que payer le parking prenne enfin un sens commun et politique. In English. (Bloomberg)

"A six-month study in a 15-block area of the Upper West Side found that cruising for curb parking created 366,000 excess vehicle miles driven per year and produced 22 tons of CO2 emissions per block. New Yorkers have even died in fights over free curb spaces — a parking dispute caused the city’s first homicide of 2023, just hours into the new year."

🏘️ Suburb. On connaît les Levittowns construites sur Long Island à la périphérie de New York juste après la Seconde Guerre mondiale. Ce sont ces ensembles de plusieurs milliers de maisons individuelles vendues sur catalogue et construites à la chaîne comme des voitures qui initient le Suburb aux États-Unis. Mais on ignore souvent que Lewitt and Sons, la compagnie américaine qui a initié ce nouveau modèle a tenté sa chance en France dans les années 1960. Si elle n’a construit que 5000 maisons dans l’hexagone, ses projets réalisés en île de France ont marqué les esprits et inspiré le virage pavillonnaire pris au début des années 1970. (Cairn)

Et pendant ce temps, les potelets fomentent leur révolte…