đŸ”«Â Chasseur de carbone

đŸ”«Â Chasseur de carbone

Le secteur de la construction neuve a plutĂŽt bien avancĂ© dans la voie de la rĂ©duction de son empreinte carbone, mais cela ne suffira pas. Compter sur les indĂ©niables progrĂšs de la filiĂšre pour produire des bĂątiments sobres, c’est se tromper d’objectif. Car le rythme de construction est lent et le stock immense : au moins 80 % de la ville de 2050 est dĂ©jĂ  lĂ . L’enjeu principal rĂ©side donc dans le parc existant. L’équation ne tiendra que si la rĂ©novation du bĂąti monte enfin en puissance et qu’elle se focalise sur des rĂ©novations globales permettant Ă  la fois de dĂ©carboner et d’adapter les bĂątiments au climat qui change. Il va falloir mobiliser des centaines de milliers de femmes et d’hommes pour engager ce chantier, en parallĂšle de la rĂ©duction du volume de production neuve. Car entre la baisse des besoins liĂ©s Ă  la transition dĂ©mographique et la nĂ©cessitĂ© de limiter les Ă©missions et d’épargner les ressources, la dĂ©crue doit logiquement s’amorcer. 

« Si toutes les personnes en lien avec le monde du bĂątiment lisaient la StratĂ©gie Nationale Bas Carbone, elles verraient noir sur blanc que 2050, c’est 40 % de construction en moins. Je ne sais pas si toutes ont bien en tĂȘte qu’il faut construire moins et que c’est l’État qui l’écrit. » 
– Guillaume Meunier

Adapter notre patrimoine au climat qui change, Ă©viter de construire en l’utilisant mieux, Ă©viter de dĂ©construire en transformant ce qui peut l’ĂȘtre, faire durer ce qui est lĂ , et construire moins pour plus longtemps en misant sur la rĂ©versibilitĂ©. VoilĂ  les pistes Ă  suivre. C’est donc au moment oĂč se dĂ©cide le lancement d’un projet et se prĂ©cise son programme que les dĂ©cisions cruciales se prennent. C’est un instant fugace Ă  l’échelle de la vie future du bĂątiment, mais oĂč les dĂ©cisions prises sont celles qui ont le plus d’impacts sur les budgets, la consommation de sols, la mobilisation de ressources ou les Ă©missions de CO2. Nous rĂ©pondons au mieux aux besoins alors qu’il nous faut les rĂ©duire. Nous construisons alors qu’il nous faut faire durer. Nous comptons encore en euros alors que nos unitĂ©s devraient ĂȘtre la tonne de ressource, de CO2 et de dĂ©chets. Nous ne manquons pourtant pas d’outils rĂ©glementaires pour provoquer le changement de pratique, alors pourquoi attendre ? Peut-ĂȘtre parce que chacun ne regarde le bĂątiment que sur la courte durĂ©e de son intervention. Nous devons aligner notre regard sur son cycle de vie, pour sortir de la « tragĂ©die de l’horizon ».

Le premier des changements sera donc culturel. « Construire » est aujourd’hui synonyme de construction d’un bĂątiment neuf. Demain — mais pas aprĂšs-demain — cela consistera Ă  offrir une seconde vie Ă  un bĂątiment existant. 

On Ă©change aujourd’hui sur ces sujets avec Guillaume Meunier, qui est Consultant Bas Carbone Ă  l’Institut Français pour la Performance du BĂątiment le jour, et qui passe aussi ses courtes nuits Ă  peupler les rĂ©seaux sociaux d’analyses prĂ©cises et factuelles sur les enjeux Ă©cologiques de la fabrique de la ville :

OĂč est le carbone du bĂątiment ?
Entretien avec Guillaume Meunier, qui est Consultant Bas Carbone Ă  l’Institut Français pour la Performance du BĂątiment le jour, et qui passe aussi ses courtes nuits Ă  peupler les rĂ©seaux sociaux d’analyses prĂ©cises et factuelles sur les enjeux Ă©cologiques de la fabrique de la ville. #85 Guillaume


– Sylvain Grisot (Twitter/Linkedin)

đŸ—“ïž 30 octobre. Leonard, la plate-forme de prospective et d’innovation du Groupe VINCI, s’associe au groupement d’intĂ©rĂȘt public de l’Europe des projets architecturaux et urbains (GIP EPAU) pour lancer un appel Ă  candidatures de 10 contrats doctoraux de 36 mois via le dispositif Cifre. Les futurs doctorants peuvent dĂ©poser leur projet de recherche jusqu’au 30 octobre 2023.

đŸ“» Ă‰mission. Aux sons des chants d’oiseaux et des cascades, Vinciane Despret nous parle de l’amour de la philosophie, de Belgique, du Var, des tabous de la science et de la joie que procure le vivant. Si l’autrice n’est pas toujours Ă©vidente Ă  lire, sa voix est sans nul doute une source d’inspiration. (La source)

đŸ˜ïž Logement. Voici un article trĂšs complet sur la crise du logement, ou les crises du logement en France. À se demander d'ailleurs si c’est vraiment une crise qui s’ouvre, ou si nous sortons au contraire d’une Ă©poque sans limites (planĂ©taires) qui n’était qu’une parenthĂšse. On y retrouvera deux Ă©lĂ©ments qui me semblent importants. D’abord que le retour Ă  des volumes de productions historiques de logements neufs n’est ni souhaitable, ni possible, ni nĂ©cessaire. Et s’il faut prioriser la production neuve, alors ce sera sur le logement abordable et social, nĂ©cessitant de revoir fondamentalement l’équation fonciĂšre. Et pourquoi pas ? (News Tank)

đŸ‘©â€đŸŒŸ ZAN. Le ZAN n’est pas sans contradiction, mais les dĂ©bats plus ou moins bien menĂ©s dĂ©montrent que la sobriĂ©tĂ© en sol questionne le cƓur d’un modĂšle de dĂ©veloppement, au-delĂ  de la seule fabrique urbaine. C’est un formidable outil de transition, la clef du sol, pour peu que l’on ai envie de s’en saisir. Et trĂšs clairement le modĂšle institutionnel français fondĂ© sur des communes — dont prĂšs des 3/4 font moins de 1000 habitants — n’aide pas. (Urbanisme)

« Comment convaincre les 35 000 maires d’abandonner leur posture de petites principautĂ©s souveraines inadaptĂ©es au traitement des questions complexes, coĂ»teuses et conflictuelles liĂ©es Ă  la crise climatique ? »

📖 Rendre le monde indisponible, Harmut Rosa (La dĂ©couverte, 2020). La modernitĂ© pourrait ĂȘtre dĂ©crite comme une explosion inouĂŻe d’accĂšs au monde. Un monde vu comme une sĂ©rie de points d’agression qu’il nous faudrait connaĂźtre, dominer et maĂźtriser, c’est-Ă -dire mettre sous contrĂŽle ces « fragments du monde » pour les rendre utilisables, avec des processus prĂ©visibles et pilotables. Si cela peut-ĂȘtre nous rassure, cette injonction Ă  l’amĂ©lioration, ce rapport conquĂ©rant et agressif au monde se fait bien souvent aux dĂ©pens d’un tiers. Comment aller vers un rapport au monde « rĂ©ussi » ? Comment entrer dans une relation de rĂ©sonance plutĂŽt que de disponibilité ?

« La rĂ©sonance exige le renoncement au contrĂŽle du vis-Ă -vis et du processus de rencontre, mais aussi (la confiance dans) la facultĂ© d’atteindre l’autre partie et d’établir un contact responsif. (
) La rĂ©sonance a besoin d’un monde atteignable, pas d’un monde disponible (sans limite). La confusion entre l’atteignabilitĂ© et la disponibilitĂ© est Ă  la racine du mutisme qui s’empare du monde dans la modernitĂ©. »

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