đ« Grand GenĂšve : Visions transfrontaliĂšres
GenĂšve ce nâest pas quâun jet dâeau, le siĂšge dâinstitutions internationales et de quelques banques. Câest un des territoires les plus dynamiques dâEurope, et les Ă©chos de son dĂ©veloppement dĂ©passent largement le canton. LâagglomĂ©ration compte plus dâun million dâhabitants, et les tensions mĂ©tropolitaines sont exacerbĂ©es par la frontiĂšre, avec des emplois qui se concentrent dans le canton de GenĂšve, et les logements en France. Le besoin de structurer le territoire ne date pas dâhier, et la collaboration transfrontaliĂšre a abouti Ă un projet dâagglomĂ©ration au milieu des annĂ©es 2000. Cette collaboration singuliĂšre porte dĂ©sormais le nom de Grand GenĂšve et couvre plus de 200 communes et 2000 km2 entre la Suisse et la France. Une nouvelle Ă©tape sâengage avec lâĂ©laboration de la «âVision territoriale transfrontaliĂšre 2050â». Ce nâest pas un document rĂ©glementaire, mais un processus de dialogue qui doit permettre de fixer un cap commun. Les territoires impliquĂ©s prendront ensuite le soin de le traduire dans leurs documents rĂ©glementaires.
Au vu de lâampleur des enjeux de transition, câest un renouvellement complet de la stratĂ©gie qui sâengage, avec comme donnĂ©e dâentrĂ©e lâarrivĂ©e attendue de 300 Ă 400â000 habitantes et habitants en plus dâici 2050. Mais les documents de travail comme les Ă©changes tĂ©moignent dâun changement dâĂ©poque. Car il nây a pas que la jeune gĂ©nĂ©ration qui vit lâangoisse des lendemains qui ne chantent plus. Ils la partagent avec celles et ceux qui frĂ©quentent le temps long. Eux aussi sont pris de vertige. Car les Ă©tudes qui structurent le dialogue montrent bien les limites du modĂšle du dĂ©veloppement adoptĂ© par le territoire depuis quelques dĂ©cennies. Il est confrontĂ© Ă deux impasses : la consommation de sols induite par lâĂ©talement de la ville, et le panache dâĂ©missions de CO2 des mobilitĂ©s automobiles. Les documents dâurbanisme concentrent aujourdâhui les capacitĂ©s dâaccueil dans les territoires français les plus ruraux oĂč lâoffre de logement est distante des services comme des transports en commun. Câest donc Ă une accĂ©lĂ©ration de lâĂ©talement urbain et une intensification de lâusage de la voiture que lâon risque dâassister, sâil nây a pas de changement de cap.
Le succĂšs du LĂ©man Express - le RER transfrontalier ouvert il y a trois ans - a ouvert de nouvelles perspectives, mais le territoire est toujours dĂ©pendant de la voiture individuelle qui gĂ©nĂšre lâessentiel des Ă©missions de la mobilitĂ© terrestre. Seule une rĂ©duction drastique du parc et des kilomĂštres parcourus peut permettre de dĂ©carboner les mobilitĂ©s du quotidien, la voiture zĂ©ro Ă©mission nâĂ©tant pas prĂšs de voir le jour. Difficile dâimaginer dans ces conditions lâaccueil de 300 Ă 400â000 habitants dâici le milieu du siĂšcle sans accĂ©lĂ©rer lâĂ©talement urbain gĂ©nĂ©rateur de mobilitĂ© carbonĂ©eâ. Ce qui est initialement une donnĂ©e dâentrĂ©e que la rĂ©flexion prospective doit intĂ©grer, pourrait donc devenir une variable Ă interroger. Pour le Grand GenĂšve, cela nĂ©cessite de dĂ©nouer des questions complexes. La croissance dĂ©mographique est-elle Ă©crite, possible, souhaitĂ©e ou souhaitableâ? Comment arrĂȘter Ă court terme les dĂ©veloppements urbains et les investissements dans des infrastructures qui accentuent les vulnĂ©rabilitĂ©s du territoire Ă la dĂ©pendance automobileâ? Comment inverser radicalement la tendance et concentrer le dĂ©veloppement urbain le long du railâ? Le Grand GenĂšve est un territoire soumis Ă une pression plus intense que dâautres, mais les questions quâil se pose aujourdâhui vont donner le vertige Ă beaucoup dâautres.
Nous Ă©changeons aujourd'hui avec Mathieu Petite, adjoint de l'urbaniste cantonale du Canton de GenĂšve. Bonne Ă©coute !
â Sylvain Grisot (Twitter/Bluesky/Linkedin)
PS : Avis aux Ă©tudiants qui sâintĂ©ressent aux ruralitĂ©s dans leurs travaux de fin de cycle, le palmarĂšs Palpite est fait pour vous. Disciplines, cycles, types de travaux... ce palmarĂšs est trĂšs ouvert, mais la remise des dossiers est pour le 30 octobre, alors dĂ©pĂȘchez-vous. (Palpite)
đïž 10 au 17 octobre. Câest la troisiĂšme Ă©dition du festival Close-Up consacrĂ© Ă la ville, lâarchitecture et le paysage au cinĂ©ma. Une programmation dense dans de nombreux lieux Ă Paris et en Ăle-de-France. (Close-Up)
đ» Inspiration. Le kintsugi est un art japonais qui consiste Ă rĂ©parer un objet en cĂ©ramique avec de la poudre dâor. Mais câest aussi une parabole d'une rĂ©silience qui va au-delĂ du retour Ă la « normale » aprĂšs le choc : lâobjet est transformĂ© en Ćuvre dâart. Une idĂ©e pleine de poĂ©sie applicable Ă la reconstruction de la ville ? (France Culture)
đ BibliothĂšque. BĂ©rĂ©nice Gagne a rassemblĂ© les rĂ©fĂ©rences sur lâAnthropocĂšne quâelle a collectĂ© pendant 4 ans pour lâĂcole urbaine de Lyon en un seul et mĂȘme endroit. Cela pourrait largement justifier lâarrĂȘt de nos conseils de lecture pendant quelques mois, le temps que vous plongiez lĂ -dedans. PrĂ©cieux. (MĂ©dium)
đ San Francisco. Voici un article long, ancien et en anglais. Mais non, ne partez pas, il vaut le dĂ©tour. Stewart Brand nây parle pas de bateau ni de maintenance, mais du tremblement de terre qui a touchĂ© San Francisco en 1989. Ce nâĂ©tait pas le Big One, mais les scĂšnes dâurgence ont rappelĂ© une constante des grandes crises : les professionnels ne sont jamais assez nombreux sur place, et les habitants doivent participer aux opĂ©rations. Or non seulement la culture du risque nâest pas si diffusĂ©e que cela, mais nous sommes prĂ©parĂ©s ni Ă nous protĂ©ger ni Ă aider. (LongNow)
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