đŽÂ L'oasis des transitions
Marseille, quatriĂšme arrondissement, Ă deux pas du centre-ville. LâentrĂ©e est discrĂšte et le quartier paisible. En se faufilant derriĂšre une camionnette, on se glisse dans les interstices de la ville minĂ©rale pour dĂ©couvrir un cĆur dâĂźlot fleuri. Le cĆur fondant dâun bonbon dur. Ăa sent mĂȘme le printemps prĂ©coce avec ce mĂ©lange de jaune des mimosas et de blanc des amandiers. Ăa sent bon les travaux aussi, et ça sâaffaire dans le jardin. DâĂ©normes sacs de gravats se baladent dans lâallĂ©e, pendus aux fourches dâun chariot Ă©lĂ©vateur. Une charmante famille de poutres mĂ©talliques attend patiemment dans lâherbe le moment dâentrer en scĂšne pour crĂ©er de lâespace et ouvrir des lumiĂšres. Et le sol est parcouru de tranchĂ©es qui grouillent de fourreaux multicolores.
Il se passe manifestement quelque chose par ici. Mais ce nâest pas une opĂ©ration de densification de ce rare espace vĂ©gĂ©tal dans une ville dĂ©jĂ trop minĂ©rale. Non, le panneau du permis de construire clouĂ© sur la porte dâentrĂ©e a mĂȘme Ă©tĂ© corrigĂ©, avec le terme de «âconstructionâ» barrĂ© vigoureusement, et remplacĂ© par «ârĂ©habilitationâ».
Pourtant lâhistoire semblait Ă©crite. Les lieux bĂ©nĂ©ficiaient bien de quelques protections, mais les propositions des opĂ©rateurs ne manquaient pas, misant sur un assouplissement des rĂšgles Ă lâusure, dans une ville oĂč le code de lâurbanisme nâa parfois eu que des effets limitĂ©s sur le rĂ©el. Mais entre la poignĂ©e dâoccupants du LICA bien dĂ©cidĂ©s Ă rester lĂ , des propriĂ©taires Ă lâĂ©coute, des partenaires mobilisĂ©s et compĂ©tents et une politique locale qui vit son printemps, un projet alternatif Ă©merge. Le jardin est prĂ©servĂ©, les trois bĂątiments â dont la bastide du 17e siĂšcle â bĂ©nĂ©ficient dâune rĂ©habilitation consciente et consciencieuse, et Ă©merge «âLe Tiers-Lab des Transitionsâ», dĂ©diĂ© aux transitions Ă©cologiques, numĂ©riques et sociales. On y retrouve un espace de coworking, des salles de rĂ©union, un cafĂ©, une cantine solaire, des espaces de fabrication numĂ©rique et artisanale, des potagers et un jardin partagĂ©.
Câest un Ă©tonnant projet privĂ© qui a trouvĂ© son modĂšle pour Ă©clore, et qui dĂ©sormais va devoir faire ses preuves face au rĂ©el. Mais câest surtout la dĂ©monstration que le cĆur de nos villes nâest pas nĂ©cessairement condamnĂ© Ă une densification Ă outrance ou Ă lâimmobilisme. Le chemin de traverse qui consiste Ă transformer sans dĂ©naturer est Ă©troit, mais il existe. Reste Ă comprendre comment tout cela est possible. Entre un projet lourd Ă porter, des besoins de financement consĂ©quents, et lâabsence de professionnels de lâamĂ©nagement dans lâĂ©quipe, rien nâĂ©tait jouĂ© dâavance. Mais manifestement les alignements dâĂ©toiles, ça se provoque Ă force de volontĂ©, dâobstination, dâapprentissage et de ces savoir-faire si particuliers qui permettent de mettre autour de la table les bonnes fĂ©es.
Nous avons rendez-vous aujourdâhui avec une de ces aligneuses dâĂ©toiles, Claire Demaison, qui nous raconte cette belle histoire. Bonne Ă©coute.
â Sylvain Grisot (Linkedin)
PS : Ăa y est, Redirection urbaine a rejoint les meilleures librairiesâ! Ă Paris, vous le retrouverez notamment au Genre Urbain, rue de Belleville. Il est aussi disponible chez Coiffard Ă Nantes. NâhĂ©sitez pas Ă le conseiller Ă votre libraire, et Ă nous indiquer les bonnes adresses, on relaieraâ!
đïž 8 fĂ©vrier. ConfĂ©rence organisĂ©e par la MĂ©tropole du Grand Paris et son Conseil de DĂ©veloppement sur lâimportance de la densitĂ© dans la fabrique de la ville. Comment mieux intĂ©grer les habitants dans les processus de dĂ©finition des projets urbains, intĂ©grer leurs attentes et favoriser une densitĂ© synonyme dâamĂ©lioration du cadre de vieâ? (MGP)
đïž DensitĂ© (bis). Pour densifier la ville, sans doute faut-il reconstruire la densitĂ©. IDHEAL sâattaque directement Ă la controverse dans une dĂ©marche originale, intitulĂ©e #DESIR, pour «âDensitĂ© EprouvĂ©e SouhaitĂ©e ImaginĂ©e RedoutĂ©eâ». Cette sĂ©rie de podcasts permet de faire le tour du sujet, dâen explorer les plis et de creuser quelques pistes peu frĂ©quentĂ©es jusquâici. Alors pour sortir des postures, des batailles de chiffres et reconstruire le processus de densification de nos villes aujourdâhui grippĂ©, il faudra prendre le temps dâĂ©couter tout ça, mais câest lâoccasion de prendre un temps dâavance. (IDHEAL)
đ€ California forever. Quand un groupe de milliardaires californiens ont en tĂȘte de crĂ©er une ville parfaite, cela commence par lâachat discret de 800 millions de dollars US de terres agricoles avant quâils ne soient dĂ©masquĂ©s par les riverains et les collectivitĂ©s. Quand on creuse un peu, on retrouve des images de village nĂ©oprovençal, de la spĂ©culation sur la valeur des terres et une bonne dose de mĂ©galomanie. Ce nâest quâune nouvelle apparition de ville idĂ©ale dans une longue sĂ©rie dĂ©butĂ©e il y a plusieurs millĂ©naires, mais aussi une belle illustration des dĂ©rives de lâinnovation quand elle est noyĂ©e sous les dollars. (icopilot)
This is the recurring story of how too many resources allow for hubris to kick in and develop projects around a self-centered vision of what the market should do instead of what the market needs. When too many billionaires get drunk at a party, we end up with utopian urbanism; if it's only millionaires, we get gizmos.
đ Au chevet des arbres. RĂ©concilier la ville avec le vĂ©gĂ©tal, par David Happe, 2022. Dans cet ouvrage limpide et didactique, David Happe nous immerge dans la science de celles et de ceux qui se penchent sur la santĂ© des arbres urbains. En regardant lâarbre sous toutes ses facettes, on comprend lâampleur des stress urbains, mais aussi les dommages provoquĂ©s par des pratiques de plantation et dâentretien dĂ©lĂ©tĂšres qui condamnent trop souvent les arbres Ă une vie courte. Câest aussi lâoccasion de dĂ©couvrir le parcours de celles et de ceux qui ont changĂ© le regard des praticiens. Câest moins un guide pratique quâune introduction Ă lâarboriculture, fort utile au moment oĂč la plantation dâarbres est brandie comme solution Ă tous nos problĂšmes, sans grand Ă©gard pour ceux qui sont dĂ©jĂ lĂ , auquel sâajoute un appel Ă laisser sa place Ă la nature. (Le mot et le reste)
Afin de reconquérir la biodiversité urbaine, on ne peut se limiter à installer quelques jachÚres fleuries ou hÎtels à insectes. On se doit surtout de préserver des espaces libérés de toute forme de gestion interventionniste.