đïž Les maux du logement
Le mal-logement a de multiples visages. Absence de domicile fixe, difficultĂ©s dâaccĂšs au logement, insalubritĂ©, bidonvilles, surpeuplement, assignation Ă rĂ©sidence, prĂ©caritĂ© Ă©nergĂ©tique et de plus en plus climatique⊠les maux du logement touchent directement plus de 4 millions de personnes en France, et je doute que la Fondation AbbĂ© Pierre nous annonce demain des bonnes nouvelles avec la publication de son rapport annuel. Lutter contre ces maux nĂ©cessite des modes dâaction trĂšs diffĂ©rents, qui touchent bien sĂ»r au concret, mais aussi Ă lâaccompagnement des femmes et des hommes touchĂ©s. Câest essentiel, car le logement nâest pas un Ă©lĂ©ment de confort ou un bien comme les autres, câest la condition dâune bonne santĂ© physique et mentale, de la capacitĂ© Ă travailler, Ă©tudier, avoir une vie de famille, alors câest logiquement devenu un droit depuis peu.
Mais pour que le droit passe de la thĂ©orie Ă la pratique, encore faut-il des logements disponibles. Et sur ce front, la crise ne date pas dâhier, mais elle sâaccĂ©lĂšre : paupĂ©risation des locataires, inflation du foncier, hausse des coĂ»ts de production, crise du financement⊠Lâeffondrement de la construction neuve touche aussi violemment les acteurs du logement social qui doivent pourtant rĂ©pondre aux besoins de 2,6 millions de demandeurs en attente, tout en maintenant Ă flot un parc fragilisĂ©.
Alors oui, il faut agir.
Beaucoup demandent la nomination dâun ministre du logement, mais jâai du mal Ă me persuader que câest nĂ©cessairement la solution. Il y a dĂ©jĂ le risque de ne pas tomber sur le bon cheval (souvenons-nous que la politique de l'architecture dĂ©pend du ministĂšre de la Culture), quâil soit (Ă nouveau) impuissant, ou mĂȘme quâelle donne son nom Ă un nouveau dispositif de dĂ©fiscalisation. Mais il est par contre certain quâil nous faut une vraie politique du logement, et pas une qui commence par remettre en cause lâarticle 55 de la loi SRU. Câest lui qui a crĂ©Ă© il y a plus de vingt ans une pincĂ©e de solidaritĂ© territoriale en responsabilisant les communes dans la production de logement social. Ce nâest pas un simple article ni mĂȘme un symbole, câest un socle de notre vie collective. Y toucher est « une faute morale » pour Emmanuelle Cosse, et pour citer directement les mots de Manuel Domergue : « On a fait la loi SRU pour les communes rĂ©tives Ă accueillir des mĂ©nages pauvres et mal logĂ©s. Câest donc lĂ une voie dâeau trĂšs importante, qui va autoriser Ă accueillir, sur le quota du logement social, des classes moyennes, voire des classes moyennes supĂ©rieures. »
Mais puisque les dĂ©buts de rĂ©ponses politiques esquissĂ©s Ă la crise sont singuliĂšrement dĂ©cevants, câest peut-ĂȘtre que la question nâĂ©tait pas claire (gardons lâoption optimiste). Alors, allons faire le tour des maux du logement avec Louis Henaux, directeur logement dâHabitat & Humanisme, et explorons avec lui quelques pistes dâaction, car il y en a de bonnes.
â Sylvain Grisot (Linkedin)
PS : Je profite de la sortie de Redirection urbaine pour organiser une petite tournée ici et là . Mais plutÎt que des grandes conférences, j'ai envie de lancer des débats avec des gens sympas dans des lieux à part. Alors ça commence logiquement à Césure, à Paris, le 15 février à 20h, avec Laura Courbe (Plateau Urbain), Nadia Hamma (BELLEVILLES) et Alexandre Mussche (Vraiment Vraiment). Je vous y attends, on finira par un vrai moment festif ;)
đïž 8 fĂ©vrier. Webinaire âPlanification de la densitĂ© Ă lâheure de la transition Ă©cologique : quelle densitĂ© pour des territoires rĂ©silients ?â. Un Ă©change organisĂ© par le RĂ©seau Planif Territoires, pilotĂ© par la DGALN, les associations nationales de collectivitĂ©s et la FNAU, autour de tĂ©moignages et retours dâexpĂ©riences. (Inscription)
đŹ Reconversion XXL. Ă Los Angeles, la prestigieuse UCLA (oĂč officie notamment Donal Shoup) continue son expansion immobiliĂšre avec lâacquisition dâun ancien centre commercial de plus de 60â000 m2 pour quelques centaines de millions de dollars, pour y installer notamment un centre de recherche biomĂ©dicale. Le cinĂ©ma multiplex de 12 salles sera notamment transformĂ© en amphithĂ©Ăątre. Il avait Ă©tĂ© rĂ©amĂ©nagĂ© pour accueillir un gĂ©ant de la Tech, avant que la pandĂ©mie ne refroidisse les ardeurs du secteur. Un des arguments en faveur dâun tel projet : gagner du temps par rapport aux procĂ©dures dâautorisation nĂ©cessaire pour une construction neuve. (Los Angeles Times)
đ Marseille/Ă©clatĂ©s. On a hĂąte de lire cet ouvrage manifestement trĂšs illustrĂ©, produit par lâĂ©quipe de la revue Sur Mesure, sur une ville qui ne laisse jamais indiffĂ©rent. Aux manettes, lâurbaniste François DĂ©alle Facquez, accompagnĂ© de lâillustratrice Emilie Seto, pour une sĂ©rie dâentretiens autour de ces imaginaires, dont la «âpuissance narrative dĂ©passe souvent, Ă Marseille, la puissance dâagir.â» (PrĂ©ventes sur Hello Asso)
đ Infrastructures. Lâexcellent François Houste sâest Ă©garĂ© Ă me donner la parole dans une Ă©dition de sa newsletter «âCybernetrucâ», mais vous y dĂ©couvrirez surtout comme moi nombre de bonnes pages de science-fiction, relue sous lâangle des infrastructures. On y apprend notamment â et câest essentiel â qui celles qui ne servent plus Ă rien portent le nom de thomasson au Japon. (Cybernetruc)
Le mot dĂ©rive du nom dâun joueur de baseball amĂ©ricain : Gary Thomasson. Joueur star des ligues amĂ©ricaines dans les annĂ©es 1970, il quitte les Ătats-Unis pour le Japon en 1981, recrutĂ© Ă prix dâor par les Yomiuri Giants. Mais voilĂ , Thomasson sâadapte mal au style de jeu japonais. En une saison, ses statistiques sâeffondrent et malgrĂ© lâargent investi par le club pour son recrutement, le joueur star reste la plupart du temps sur le banc des remplaçants. Gary Thomasson devient une sorte de dĂ©coration de luxe, et sâil porte encore le maillot de son Ă©quipe, il ne joue plus.