đ L'atlas du foncier invisible
La dĂ©marche Territoires Pilotes de SobriĂ©tĂ© FonciĂšre touche Ă la fin de sa premiĂšre saison. Je suis en train de finaliser un petit opuscule qui sera lâoccasion de revenir sur cette expĂ©rimentation concrĂšte de la sobriĂ©tĂ© fonciĂšre dans 7 villes moyennes engagĂ©es dans Action cĆur de ville, sous lâĂ©gide du PUCA. Mais jâavais envie dâĂ©voquer ici une de nos dĂ©couvertes collectives, au travers dâun document aux vertus pĂ©dagogiques certaines : «âlâatlas du foncier invisibleâ».
Ce nâest dâabord pas un atlas, puisquâil prĂ©sente non pas des cas rĂ©els, mais des situations urbaines qui recĂšlent de potentiels de transformations, et des pistes pour les activer. Des cas thĂ©oriques tirĂ©s de nulle partâ? Certainement pas, car ils sont «âtirĂ©s de faits rĂ©elsâ» puisque dĂ©veloppĂ©es pour le Grand Poitiers par lâĂ©quipe Selva&Maugin architectes, UrbanID, Guam Conseil et tout terrain. Ce sont donc des cas bel et bien situĂ©s, qui tĂ©moignent des attentions portĂ©es par le territoire Ă son tissu urbain constituĂ©, ses franges, ses cĆurs dâĂźlots comme Ă ses temps morts. Câest cela le «âfoncier invisibleâ». Ce nâest pas une notion scientifique ou juridique stabilisĂ©e, mais pas non plus un concept mou. Câest un concept suffisamment ambigu pour que chacun se lâapproprie et le façonne Ă son image, en fonction de son histoire et de ses problĂ©matiques propres. Ici le regard sâĂ©gare donc au-delĂ des traditionnelles friches, dents creuses ou parcelles divisibles pour enquĂȘter aussi du cĂŽtĂ© de la sous-occupation de lâespace.
Et des usages non bĂątis sont aussi envisagĂ©s pour ces fonciers invisibles : production alimentaire, lutte contre les Ăźlots de chaleur, biodiversitĂ©, transition Ă©nergĂ©tique⊠IntĂ©ressant changement de perspective, qui montre que tous les vides de la ville nâont pas vocation Ă ĂȘtre comblĂ©s, et que leur mĂ©tamorphose peut prendre d'autres formes que l'arrivĂ©e d'une toupie de bĂ©ton. Alors trois questions sont posĂ©es Ă chaque opĂ©ration potentielle, comme un guide permettant dâengager la transformation dâun bout de tissu urbain du bon pied : comment pourrait-elle participer Ă la transition Ă©cologiqueâ? Quel programme complĂ©mentaire Ă l'existant y dĂ©ployerâ? Comment peut-elle amĂ©liorer le cadre de vie du quartierâ? LâidĂ©e est dâen finir avec la mobilisation systĂ©matique des cĆurs dâĂźlots verts pour la construction, en montrant que dâautres options peuvent rĂ©pondre aux mĂȘmes besoins.
Câest une façon Ă©lĂ©gante dâengager la conversation sur lâopportunitĂ© comme sur les modalitĂ©s de la transformation du tissu urbain existant. Câest une conversation sans cesse renouvelĂ©e, tenant compte du contexte urbain, des richesses Ă©cologiques, des attachements lĂ©gitimes, des intĂ©rĂȘts inavouables et des façons plus ou moins heureuses de mener la densification par le passĂ©. Autant de conversations Ă mener quartier par quartier, rue par rue, pour mener lâadaptation de nos espaces urbains, comme autant dâoccasions de renouveler notre dĂ©mocratie par la petite Ă©chelle de la quotidiennetĂ©.
â Sylvain Grisot (Linkedin)
PS : Je viens de publier dans MĂ©diacitĂ© une tribune titrĂ©e Immobilier : Ceci nâest pas une crise !. N'hĂ©sitez pas Ă me dire ce que vous en pensez.
PS2 : Prochains rendez-vous autour de la "Redirection urbaine" :
- Ă Nantes Ă lâEcole de Design le jeudi 22 fĂ©vrier Ă 18h30 avec l'Institut Kervegan
- Ă Dunkerque Ă la Halle aux Sucres le mardi 12 mars Ă 10h avec le CNFTP
đïž Jusquâau 17 mars. La Fondation Palladio donne aux jeunes qui feront l'immobilier et la ville demain les moyens de mener Ă bien leur projet de formation ou de recherche, de faire connaĂźtre leurs travaux et de rencontrer les professionnels de la filiĂšre. Elle attribue cette annĂ©e 10 bourses de 10 000⏠à des Ă©tudiants de toutes les disciplines qui concourent Ă la fabrique de la ville. (Appel Ă candidatures)
đ Habiter nos territoires. Et si le big data permettaient de mieux comprendre les modes d'habiter du territoire français mĂ©tropolitain ? C'est en tout cas ce que montre l'Ă©quipe de chercheurs de "La France habitĂ©e", coanimĂ©e par Jacques LĂ©vy, en se basant sur des donnĂ©es tĂ©lĂ©phoniques. Leur recherche, grĂące Ă la prĂ©cision spatiale et temporelle des donnĂ©es, met en lumiĂšre la diffĂ©rence qu'il existe entre les rĂ©sidents d'un lieu, au sens du recensement, et les usagers de ce mĂȘme lieu. Cette recherche permet d'apporter un nouveau regard sur notre territoire, et sur nos maniĂšres de l'habiter, qui ne se limitent plus Ă seulement rĂ©sider, mais aussi Ă se dĂ©placer, visiter, travailler⊠(La Grande Conversation)
đ Qui a eu la peau du tramway ? Vous ĂȘtes nombreux Ă nous signaler cette Ă©mission, sur une thĂ©matique abordĂ©e dans le Manifeste pour un urbanisme circulaire. Câest lâhistoire de la disparition du tramway en Europe comme aux Ătats-Unis, sous les coups du lobby automobile mais surtout d'un changement d'Ă©poque. Il commence Ă sâeffacer de Paris dĂšs les annĂ©es 30 pour finalement disparaĂźtre de Strasbourg en 1960, avant de renaĂźtre sous une forme renouvelĂ©e dans les annĂ©es 1980 Ă Nantes. Entre les deux pĂ©riodes, la voiture a pliĂ© la ville Ă son image, et depuis nous cherchons Ă la rĂ©parer... (radiofrance.fr)
đŹ Reconversion des bĂątiments dâactivitĂ©. Comment rĂ©pondre au manque de logements en Ăle-de-France tout en intĂ©grant les objectifs du zĂ©ro artificialisation nette des sols dans un dĂ©partement dĂ©jĂ fortement urbanisĂ© ? Et si une partie de la rĂ©ponse Ă ce casse-tĂȘte se trouvait dans la reconversion de bĂątiments dâactivitĂ© ? Avec le dĂ©veloppement du tĂ©lĂ©travail, et du flex-office, de nombreux bĂątiments de bureaux, mais pas que, sont dĂ©laissĂ©s, dans lâattente dâune seconde vie. Cependant la reconversion nâest pas si simple et se heurte Ă de nombreux obstacles. (Institut Paris RĂ©gion)