🆘 Faut-il vraiment sauver Zan ?

🆘 Faut-il vraiment sauver Zan ?

Comme pas mal d’autres ici, j’ai tendu l’oreille quand le Premier ministre Michel Barnier a parlĂ© de Zan dans son discours de la semaine derniĂšre :

Pour construire, il faut du foncier. Nous devons faire Ă©voluer de maniĂšre pragmatique et diffĂ©renciĂ©e la rĂ©glementation ZĂ©ro Artificialisation Nette pour rĂ©pondre aux besoins essentiels de l’industrie et du logement.

Non seulement le Premier ministre ne prend pas position dans le dĂ©bat sur le sexe de Zan (faut-il dire « le » ou « la » ZAN ?), mais les adjectifs « pragmatique » et « diffĂ©renciĂ©e » ne font pas une politique. Il faut pourtant faire Ă©voluer la loi tout en prĂ©servant ses acquis. Car en surgissant tel un lutin facĂ©tieux du chapeau de la loi Climat et RĂ©silience, Zan a probablement plus changĂ© la fabrique de nos territoires que tous les talentueux Grands Prix de l’urbanisme rĂ©unis. La loi a pariĂ© Ă  tort sur la capacitĂ© des RĂ©gions Ă  rĂ©partir intelligemment les quotas de foncier, provoquant un ruissellement aveugle du -50 %. Mais sur le terrain les Ă©lus locaux arrivent Ă  s’entendre et c’est une vraie surprise. Non seulement ils trouvent des compromis, mais Zan a provoquĂ© une vaste prise de conscience de la nĂ©cessitĂ© de changer de modĂšle. Il n’y aura plus de retour en arriĂšre.

C’est donc le moment de faciliter de façon « pragmatique » le passage Ă  l’action des collectivitĂ©s, pas de changer les rĂšgles du jeu. Il faut confirmer l’objectif d’une division par deux de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF) pour la pĂ©riode 2021-31, mais aussi clarifier la suite. Puisque l’indicateur d’artificialisation des sols censĂ© prendre le relais n’est pas stabilisĂ©, autant pĂ©renniser l’indicateur de consommation d’ENAF et la trajectoire de division par deux toutes les dĂ©cennies.

Comment ensuite « diffĂ©rencier » l’approche ? En Ă©largissant les dispositifs qui mutualisent les impacts fonciers des projets d’intĂ©rĂȘt national Ă  des situations exceptionnelles : Ă©rosion littorale, pression dĂ©mographique, enjeu climatique
 Chaque territoire porteur de projets Ă  la hauteur d’enjeux exceptionnels doit bĂ©nĂ©ficier d’une solidaritĂ© territoriale dans un cadre partenarial transparent.

Il ne faudrait pas non plus oublier un des beaux cadeaux de Zan : l’irruption du sol et de ses qualitĂ©s au cƓur des prĂ©occupations des acteurs de la ville. Les dĂ©bats autour de l’artificialisation des sols ont cependant montrĂ© que cet enjeu ne pouvait pas ĂȘtre traitĂ© correctement Ă  l’échelle de la planification. C’est donc aux collectivitĂ©s d’assumer la responsabilitĂ© de prĂ©server les sols vivants de leur territoire, en traitant de cette question Ă  l’échelle des projets dans leurs PLUi.

Alors que reste-t-il du Z, du A et du N ? Sans doute pas grand-chose, ce qui n’est pas bien grave. Zan a fait son Ɠuvre en amorçant la redirection de la fabrique de nos territoires. À nous dĂ©sormais d’ĂȘtre Ă  la hauteur et de prĂ©server ses acquis.

— Sylvain Grisot (LinkedIn)

PS : Si vous souhaitez Ă©changer autour de la redirection urbaine, mais pas que, je vous donne rendez-vous :

  • Lors de la  ConfĂ©rence du temps : Partageons la ville !, avec Christine Leconte le mardi 15 octobre Ă  19h30. Cette confĂ©rence organisĂ©e par le Bureau des Temps de Rennes, sera suivie d’un sĂ©minaire pour les professionnels le 16 octobre autour de la thĂ©matique : Chronotopie AmĂ©nager la ville avec le temps. 
  • Si vous souhaitez parler “Redirection Urbaine”, rendez-vous Ă  Angers le 17 octobre Ă  17h30, pour une confĂ©rence organisĂ©e par le Collectif Maine-et-Loire de Novabuild.
Densification heureuse, Poitiers.

📆 Deux Ă©vĂšnements Ă  ne pas rater :

  • Le 15 octobre, lancement de l’Intensi’Score et du Guide pratique pour intensifier les usages de la ville. L'action collective sur l’intensification des usages, initiĂ©e par ElĂ©onore Slama et copilotĂ©e par Paris&Co, dĂ©voile deux outils gratuit pour changer nos pratiques d’utilisation des bĂątiments : l'Intensi Score, premier indicateur de mesure de l'usage des bĂątiments et un guide pratique pour intensifier les usages de nos villes. Rendez-vous Ă  9h Ă  la mairie de Paris Centre.
  • Le 17 octobre “OpĂ©ration Phoenix” du Forum urbain. L’évĂšnement â€œForum urbain” renait de ses cendres, rendez-vous Ă  Bordeaux Ă  partir de 14h30 pour une aprĂšs-midi et une soirĂ©e riches en Ă©changes. (inscriptions

🚰 Eau potable. Voici une belle visite sonore d’une infrastructure discrĂšte et bien entendu vitale : une usine de traitement d’eau potable. À Nantes MĂ©tropole, ce sont des milliers de kilomĂštres de rĂ©seaux et des Ă©quipements maintenus en permanence par des femmes et des hommes qui racontent trĂšs bien leur mĂ©tier exercĂ© dans l’ombre. On touche aussi du doigt l’impact des pollutions croissantes et les menaces sur la ressource, avec une Loire elle aussi impactĂ©e par le bouleversement climatique. (Nantes inspirante)

đŸšïž Friches. A l’heure du ZAN, les friches reprĂ©sentent un vĂ©ritable gisement foncier permettant de construire la ville sur la ville. Alors les agences d’urbanisme de toute la France se lancent dans diffĂ©rents travaux pour les dĂ©finir, les identifier, les recenser, et aider les collectivitĂ©s Ă  mieux les rĂ©habiliter. Ce numĂ©ro de Trait d’agences, met en avant de nombreuses initiatives que mettent en place les agences pour donner une seconde vie Ă  ces friches. (Traits d’agences

 đŸȘŠ Les cimetiĂšres comme tiers-lieux. « De nombreux cimetiĂšres s’efforcent d’accueillir les visiteurs pour socialiser, se dĂ©tendre et se rencontrer de maniĂšre informelle mais porteuse de sens, ce qui correspond au rĂŽle de tiers-lieu. Les cimetiĂšres de Laurel Hill Ă  Philadelphie et de Graceland Ă  Chicago en sont deux exemples Â» (Talk Death, via la Veille Environnement Ville et SociĂ©tĂ©)

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