🐛 L’aménagement à l’épreuve de la biodiversité
En juillet le groupe AREP a publié le troisième numéro de sa revue annuelle POST : « Nous sommes les 0,01 % », derrière ce titre énigmatique se cache un numéro entièrement consacré au vivant et à la biodiversité. Que représentent ces 0,01 % ? Il s’agit de la proportion que représente l’être humain par rapport à l’ensemble de la biomasse vivante présente sur Terre. Mais si nous constituons une part infime de la biomasse terrestre, notre impact sur les autres espèces est démesuré.
Nous avons bouleversé la biodiversité partout sur notre planète, la conquête des espaces naturels a conduit à la destruction d’habitats, d’écosystèmes et même d’espèces entières. L’impact de l’être humain sur la biodiversité a commencé il y a bien des siècles avec la sédentarisation qui s’est accompagnée de l’exploitation des sols pour l’agriculture ou l’élevage. L’homme a ainsi colonisé des territoires toujours plus vastes. Mais depuis plus d’un siècle la machine s’est emballée, et notre impact sur la biodiversité est tel qu’il la met en danger et remet ainsi en cause l’habitabilité de la planète.
Si la crise de la biodiversité est parfois moins médiatisée que la crise climatique, elle n’en reste pas moins un enjeu essentiel. Pour tenter d’endiguer cette crise, de nombreux acteurs de l’aménagement de nos territoires tentent d’apporter des solutions pour préserver, voire augmenter la biodiversité : en plantant davantage d’arbres en villes par exemple, ou encore en installant des nichoirs et hôtels à insectes. Mais la biodiversité est une notion complexe qui ne peut pas se contenter de réponses simples.
Ce numéro illustre bien cette complexité, l’article de Nils Le Bot et Pascal Marty sur « l’impact des SERM sur la biodiversité et le climat : accepter le déséquilibre » illustre par exemple le fait que la décarbonation de nos modes de vie ne va pas toujours dans le sens de la préservation de la biodiversité, plutôt paradoxal non ? Mais en effet, le développement de lignes de Services express régionaux métropolitains (SERM) permet de réduire la dépendance automobile et donc de décarboner, mais nécessite aussi l’artificialisation de sols pour accueillir des lignes et des gares qui vont aussi couper des corridors écologiques essentiels à la circulation des espèces et donc au bon fonctionnement des écosystèmes.
Mais alors comment rendre compatible préservation des écosystèmes et aménagement des territoires ? Cet exemple montre qu’il s’agit de trouver un point d’équilibre entre les différents enjeux, mais aussi entre les différents acteurs. Trouver des solutions n’est pas simple, car la biodiversité est un concept complexe qui nécessite une approche pluridisciplinaire. Les acteurs de l’aménagement du territoire, architectes, écologues, ingénieurs, et urbanistes doivent travailler ensemble, malgré leurs savoir-faire différents, pour intégrer la biodiversité de manière cohérente dans leurs projets.
… mêmes les acteurs les plus engagés ont parfois du mal à se comprendre. Ils ne partagent pas les mêmes diagnostics ni le même vocabulaire. Des outils sont donc à inventer ou à perfectionner pour rendre le partage d'informations tout au long des projets plus efficace et envisager des compromis plus ambitieux.
— Camille Tabart (LinkedIn)
PS : La métropole Nantaise cherche un ou une étudiant·e de master 2 d’urbanisme et aménagement pour un stage de 5 mois sur la place de l’urbanisme circulaire dans la planification. (l’offre de stage)
🗓️ Deux évènements à ne pas manquer :
- Le 25 novembre, « Grand Format » sur la Loi SRU. Pour les 25 ans de la loi SRU le Réseau des acteurs de l’habitat propose de s’interroger sur le bilan et l’avenir de cette politique publique. Cette émission “Grand Format” aura lieu en ligne à partir de 14h30, avec de nombreux invités : maires, chercheurs et experts…
- Le 26 novembre, Les ateliers du Creative Lab - Inventer la ville de tous les âges. La Samoa organise une session d’ateliers du Creative Lab sur la thématique de La ville de tous les âges. Ces ateliers visent à imaginer des solutions pour des problèmes concrets tels que : inventer des lieux de rencontres intergénérationnelles, la lutte collective contre la sur-médication des séniors ou encore repenser un quai de Loire à hauteur d'enfant.
🛋️ Evolution de nos logements. Une étude américaine montre que les salons et salle à manger ont tendance à disparaitre des logements, et il en est de même en France. Les raisons sont multiples : la crise du marché immobilier, l’évolution démographique avec une hausse du nombre de célibataire mais aussi l’évolution de nos modes de vie. (La Dépêche)
"Pour la plupart, les logements sont aujourd’hui construits pour 'glander' en regardant Netflix", tranche un promoteur immobilier auprès du magazine américain.
📗 “Le sol, roman augmenté” par Laurent Girometti. Ce pourrait n'être qu'un roman, et ce serait déjà une belle chose, mais Laurent Girometti est aussi aménageur et cela se sent entre les lignes. Il nous conte ici l'histoire en quelques siècles agités d'un bourg de campagne qui fait d'abord sa révolution avant sa révolution industrielle autour du chocolat, pour ne découvrir que tardivement sa proximité à Paris dans l'effervescence immobilière de la fin du XXe siècle. La trame romanesque pourrait suffire, mais au-delà du sol c'est l'attachement à celui-ci qui rythme la vie de ce bout de territoire qui se transforme par à-coups. Un attachement familial, parfois viscéral au-delà des questions de valeurs et de la constitution de fortunes, celui de la propriété. Une saine lecture qui donne de la profondeur historique à nos actes quotidiens de transformation des territoires.(Editions du Palio)
🧩 Le bureau à usage multiple. Depuis 2021, ce bureau accompagne et conseille l'administration berlinoise sur le développement du multi-usage dans les bâtiments de la capitale allemande :
Crédits vidéo : Sattbau Berlin, le Bureau des temps de Rennes, et Rennes Ville et Métropole