🏗️ Construire bien et pas cher

Le prix de la construction n’est pas (qu’)un enjeu de marge pour les opérateurs, c’est une question sociale. C’est le seul moyen de relancer une offre de logements neufs en berne et de la rendre accessible au plus grand nombre. Mais hors de question de tirer sur la qualité alors que l’on commence à percevoir combien les bâtiments low cost construits ces dernières années ont du mal à passer les décennies, et que la performance environnementale n’est plus une question de confort ou de marketing, mais bien d’habitabilité.

Aujourd’hui c’est la quadrature du cercle. Quand on pouvait construire n’importe quoi et que tout se vendait, ce n’était pas si grave. Mais maintenant, avec l’arrêt de la production, tenir l’équation est la condition pour que le neuf participe à la réponse aux enjeux sociaux. C’est donc un enjeu politique et pas qu’une question technique. Pourtant, quand il est question de construire bien et pas cher, la discussion se résume souvent à la question du prix des matériaux, du foncier, et à la recherche d’un compromis entre prix et qualité. Il faut pourtant aussi parler densité, place de la voiture, choix programmatiques, modes constructifs, marge des opérateurs, etc.

Quand tous les termes de l’équation sont questionnés, il semble pourtant qu’il soit possible d’inventer de nouveaux équilibres permettant de construire bien et pas cher. C’est le cas d’ICEO, qui parvient progressivement à aligner les acteurs autour de nouveaux processus de construction. Un alignement des faiseurs de villes que sont les urbanistes, aménageurs et élus locaux d’abord, pour tordre les règles dans le bon sens. Un alignement des acteurs de la construction ensuite, avec des architectes, ingénieurs et entreprises qui se retrouvent autour de modes constructifs écologiques très performants qui nécessitent d’adapter toute la chaîne de production pour prendre tout leur sens, de la conception au chantier. Et comme ce n’est pas assez compliqué comme ça, ICEO construit du logement abordable en accession avec les futurs occupants, et à l’usage c’est une des conditions de la pertinence du modèle.

Reste évidemment une clef que je n’ai pas évoquée : celle du foncier. Ici, le caractère social des logements produits est garanti par le maintien de la propriété du sol dans les mains d’offices fonciers solidaires, mais c’est moins un levier de baisse des prix du foncier qu’une façon de justifier des règles d’urbanisme bienveillantes dans le cadre des opérations d’aménagement public. ICEO a même suivi le fil en créant son propre OFS avec une caractéristique particulière : la participation des habitants à sa gouvernance. Un beau rappel des fondamentaux oubliés des Community Land Trust, qui ont pourtant inspiré la création des OFS.

À l’heure où l’on n’a plus besoin d’opérateurs qui peaufinent de beaux prototypes, mais qu’ils grandissent et que leur modèle essaime pour couvrir les besoins, l’échange que j’ai eu avec Éric Gérard, fondateur et directeur d’ICEO, devrait en inspirer plus d’un.

— Sylvain Grisot (LinkedIn)

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📅 Le 12 décembre, Journée d'étude de la Chaire Transition foncière. Dans le cadre de son cycle d’études 2024 dédié à la renaturation, la Chaire Transition foncière organise une deuxième journée d’étude dédiée aux enjeux sociaux et territoriaux de la renaturation : Renaturer les territoires : quelles échelles, quels acteurs ? 

🏘️ Logements Sociaux. Ces dernières années le nombre de ménage en attente d’un logement social n’a cessé d’augmenter, jusqu’à atteindre 2,6 millions en début d’année, du jamais vu auparavant. Cet épisode d’entendez-vous l’éco revient sur les causes multiples qui ont entrainées cette situation : baisse de l’accession à la propriété, crise du logement privé, rythme de construction trop lent… Pour expliquer cette situation, trois invités : Emmanuelle Cosse présidente de l'Union sociale pour l'habitat, Yoan Miot urbaniste et maître de conférences à l'Université Gustave Eiffel, et Pierre Madec Économiste à l'Office Français des Conjonctures Économiques. (Entendez-vous l’éco, France Culture)

👵  « Des territoires pour tous les âges ». « Comme les enfants, les aînés sont souvent perçus à l’aune de leur incapacité et de leur vulnérabilité supposées. Angélique Giacomini invite à repenser les territoires pour favoriser le vieillissement en bonne santé physique et mentale, et à mieux intégrer la parole et l’expertise des aînés dans leur fabrique » (Métropolitiques, via la Veille Environnement Ville et Société).

📗 “Coopérer et se faire confiance” par Eloi Laurent (Edition Rue de l’Echiquier 2024). Pour tenter de résoudre la crise des liens, menacés par la double emprise économique et numérique dont il fait une critique précise, Éloi Laurent fait le pari de la coopération. Il la distingue très nettement de la collaboration. Collaborer, c'est travailler à produire ensemble de façon hiérarchisée pour un temps défini sur un sujet précis. Coopérer, c'est s'associer de façon globale et durable, dans des relations de pairs, au-delà du seul travail, pour partager et innover. Mais si la transition écologique nécessite de régénérer la coopération, cela exigera aussi de déconstruire notre rapport au numérique :

on ne peut ignorer que cette transition écologique doit avancer avec un vent de face : la transition numérique. À cet égard, les discours lénifiants que l'on entend, notamment dans les enceintes européennes, autour de la « double transition», écologique et numérique, font bon marché de leur profonde contradiction, du point de vue de la consommation des ressources comme de l'attention. Les transitions écologique et numérique sont discordantes parce que la coopération nécessaire à la première est entravée par la seconde. Ce qui ne veut pas dire qu'elles soient irréconciliables.