🤷‍♀️ Liberté de mouvement

Être prof, ce n’est pas que déverser son savoir (relatif) à une audience plus ou moins attentive. C’est aussi bénéficier du regard sur le monde de jeunes de vingt ans ; et il est souvent éclairant. Il y a quelque temps, j’ai accompagné une étudiante en design qui travaillait sur la mobilité des femmes dans la ville. Elle a commencé par faire ce que doit faire tout bon concepteur : tendre l’oreille et écouter la parole des autres. En interrogeant systématiquement ses camarades de Master, elle a réalisé que toutes vivaient le même quotidien peuplé de peurs des agressions, de frontières invisibles et de territoires interdits. Mais c'est rarement un vrai sujet de conversation entre elles. Toutes vivaient avec le même fardeau dans la rue et les transports, sans vraiment le partager.

Les techniques d’évitement qu’elles avaient développées m’ont sincèrement surpris : carte mentale des zones à risque, port d’écouteurs musique éteinte pour ne pas répondre aux interpellations, organisation de trajets en groupe, positionnement dans le tram en fonction des caméras de sécurité, descente à un autre arrêt pour éviter que son logement soit repéré… J'avoue ne pas avoir imaginé tout cela.

L’espace public et les transports en commun sont destinés à tous et toutes, mais encore conçus et organisés par et pour des hommes. Alors les femmes sont agressées dans la rue, mais ont aussi plus d’accidents dans les transports en commun, et sont plus tuées en vélo que les hommes. Nos rues comme nos bus leur sont hostiles, mais elles vivent avec en adaptant le territoire qu’elles arpentent, leurs pratiques de mobilité et même leur tenue :

Ce n’est pas normal qu’une fille ne puisse pas sortir sans penser à tout ça. Il n’y a pas de tenues non appropriées. Il n’y a que des gens qui ne respectent pas les autres. Chacune et chacun a le droit de se promener dans la tenue qui lui plait et qui l’arrange.
– Marie-Xavière Wauquiez

On ne peut pas considérer que seul le comportement inacceptable de certains est en cause. Le design des espaces, la conception des engins de mobilité et l’organisation des services de transport doivent aussi être adaptés aux besoins de plus de la moitié de la population. Cette atteinte à la liberté de mouvement des femmes n’est pas un problème de femmes. C’est une atteinte fondamentale au vivre ensemble, dont la rue devrait justement être le garant. C’est le problème de chacun, et donc un problème d’homme. Le problème de l’ami, du conjoint, du père, de moi comme de vous.

— Sylvain (@SylvainGrisot)

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Marie-Xavière Wauquiez a co-fondé l'association Femmes en Mouvement. Au cours de cet entretien, nous avons évoqué la place des femmes dans les métiers de la mobilité, mais aussi de la mobilité des femmes dans la ville.

📅 Save the date. Plus que deux webinaires de présentation/formation à la Fresque de la ville : le 21/01 à 11h30 et le 27/01 à 13h.

🔎 Initiative. Le Pôle-métropolitain du Grand Amiénois engage la révision de son SCOT en partant de l’idée que la sobriété foncière n'est pas une contrainte, mais peut être un levier de développement. A cette occasion, l’ADUGA recrute un chef de projet pour piloter la démarche et lance une consultation pour identifier le foncier renouvelable sur le territoire. Une initiative à suivre.

📷 Photos de rues. Certaines applications effacent désormais automatiquement passants et véhicules de vos photos. Les rues mortes de nos villes du premier confinement seraient donc leur état souhaitable ?  Dans les années 1850, les premiers photographes regrettaient au contraire de ne pas voir de vie dans leurs images, à cause de temps de pose très longs des premiers appareils. (Cabinet Magazine)

🔄 Economie circulaire. Une pratique dont s'inspiraient déjà de nombreux pays, bien avant qu'on lui donne ce nom si connu maintenant. Recycler, partager, réparer, sont des actes quasi automatiques d'une grande partie de la population africaine. Jocelyne Landry Tsonang, représentante et conseillère du Réseau africain d’économie circulaire pour le Cameroun, réaffirme cet ancrage, pour trouver un équilibre entre société bas carbone et développement des services urbains. Le rôle à jouer par les villes africaines est vaste, car elles ont plus de capacité à prendre des décisions rapides que les Etats. (Le Monde)

📖 Béton. La fin d'une ère ? Alia Bengana, Claude Baechtold et Antoine Harari (Heidi.news n°10, juin 2021) Voici une enquête journalistique d'ampleur, qui étonnera déjà par sa forme : des épisodes qui s'enchainent comme une série haletante, en trois saisons aux tonalités différentes. Mais le sujet aussi peut surprendre : le béton dans le canton de Vaud en Suisse. On y découvre une guerre du sable menée par quelques géants (et quelques personnages peu scrupuleux) pour exploiter la ressource dissimulée sous les champs d'agriculteurs un peu perdus. On y constate aussi le besoin croissant de creuser des trous un peu partout pour y enfouir les déchets issus des démolitions de la ville qui se transforme. La dernière saison permet de prendre un peu de recul sur le contexte suisse, pour mieux comprendre les enjeux de consommation de ressources et d'émission de gaz à effet de serre de la construction béton, mais aussi découvrir quelques alternatives.

😡 A dérouler.

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la première fois, c'est le moment de...