🚜 Cultiver nos écosystèmes d'acteurs

On a beaucoup parlé de circuits courts à l’occasion du premier confinement. De circuits courts alimentaires bien sûr, avec ces images surprenantes (on s’habitue désormais à l’improbable) d’agriculteurs du coin qui distribuent leurs productions sur le parking du supermarché. Mais peut-on aussi faire la ville en circuit court ? Trouver dans la périphérie de la ville des ressources agricoles et minérales pour produire des matériaux biosourcés ou géosourcés est une piste passionnante sur laquelle il faudra que l’on revienne ici, mais pourrait-on aussi trouver des matériaux DANS la ville ?

C’est ça la mine urbaine, aujourd’hui négligée : tirer de bâtiments réhabilités ou déconstruits des matériaux pour la construction. Récupérer sur les chantiers des portes, des dalles de plancher technique, des briques et plein d’autres choses pour les réutiliser sur le chantier d’à côté et éviter de consommer de nouveaux matériaux venus de loin. S’il est une mine qu’il faut exploiter, c’est bien celle-là. Mais pour cela il faut assurer la montée en compétence des faiseurs de villes et surtout faire émerger de vraies filières locales. Car pour le moment tout le monde s’attend : l’architecte cherche de la ressource à exploiter, pendant que des matériaux dorment dans le coin d’un hangar.

Alors on peut attendre (longtemps) que les forces du marché fassent émerger des écosystèmes, ou bien forcer un peu le destin. Ce que nous apprennent les expérimentations qui se multiplient ici et là, c’est qu’un écosystème local de réemploi se bâtit à coup d’efforts, de conviction et de patience. Il faut révéler les potentiels et mener des études de gisement qui cartographient les bâtiments qui vont être rénovés ou déconstruits dans les prochaines années, et les constructions neuves qui pourraient exploiter les matières extraites. Il faut ensuite tenter de synchroniser l’offre et la demande, tout en donnant de la visibilité aux acteurs économiques pour qu’ils s’engagent dans la transformation de leurs pratiques. Et puis il faut aussi de la place pour tout ça. Et oui, de la place au cœur de la ville pour stocker des portes et de fenêtres, des morceaux de charpente, des tas de carreaux et des montagnes de pavés. La réalité crue de la fabrique urbaine qui devient visible par les habitants et qui en plus occupe un foncier sans doute constructible, mais c’est la condition du circuit court.

Les collectivités locales sont à l’évidence au cœur de l’action sur le sujet, mais pas seulement. Car le point commun entre les écosystèmes en train d’éclore en France est moins le volontarisme politique ou le caractère visionnaire d’une collectivité, que le fait d’être monté de toute pièce par une poignée de femmes et d’hommes résolument engagés, que l’on retrouve dans les rangs des acteurs publics comme privés. Ils savent en parler sur le chantier comme dans les tables rondes feutrées des colloques, et prendre le temps de convaincre un à un les maillons de la chaîne. Ils connaissent de belles réussites et quelques échecs, mais partagent les deux avec une sincérité qui doit tous nous inspirer. Car c’est l’expérience de ces pionniers qui peut nous permettre de mieux cultiver nos écosystèmes d’acteurs.

— Sylvain

PS : Nous serons le 29 et 30 mars à Angers pour "Le grand défi écologique" organisé par l'ADEME. Venez nous y retrouver ! (ADEME)

Naissance d'un écosystème local de réemploi

Du chantier de déconstruction-réhabilitation personnel au métabolisme urbain, Raphaël Fourquemin nous raconte son parcours et celui l’association IDRE dans la région de Pau. On a parlé d’écosystèmes d’acteurs, de chantiers expérimentaux, de formations, mais aussi de politiques publiques et de l’importance du cap commun.

☀️ Poésie méditerranéenne. Marchez dans les cités de Jérusalem, Alger, Istanbul, Venise... suivez à travers ce récit auditif le chant des oiseaux guidant à travers les ruelles et au dessus des ponts. Ce podcast est une magnifique rencontre, musicale et philosophique qui nous fait traverser les cités dans le regard de leurs habitants. (Averroes)

🎓 Candidature. Une thèse financée à l’Université Gustave Eiffel, en économie, géographie ou aménagement, sur le thème des enjeux logistiques de l’application des principes de l’économie circulaire à l’alimentation, c'est par ici. (IFSTTAR)

🏢 Ville compacte. Quel est l'impact sur les politiques urbaines du nouvel impératif de stopper l'étalement urbain ? Comment accueillir de nouveaux habitants en ville si elle est finie ? Comment bien vivre la densité ? Ce sont les questions posées dans cette étude sur la ville compacte, par opposition à la ville diffuse, et définit par une intensité urbaine, une mixité fonctionnelle et une attractivité économique. (Terra Nova)

🦋 Au nom de la nature. Ce documentaire met en lumière le combat de Rachel Carson, mère de l'écologie. Elle a notamment dénoncé la dangerosité des pesticides comme le DDT sur la biodiversité et l'humain avec son ouvrage "Le Printemps silencieux" en 1962. (ARTE)

📖 Agir grâce à l'écoconstruction, le pari de l'énergie positive, de Sylvain Houpert (Libre et Solidaire, 2021). 87 écomatériaux sont passés en revue dans cet ouvrage à mettre entre les mains des architectes et des artisan.es. Ces matériaux sont définis comme étant sains et ayant au moins une caractéristique environnementale supplémentaire : soit recyclable, soit renouvelable, soit économe en énergie, soit économe en eau. Bien que le propos soit assez technique, cela n'empêche pas l'auteur de revenir dans la première partie de son livre sur un diagnostic planétaire concernant l'usage des ressources et des énergies. Avec une certaine radicalité qui n'est pas déplaisante !

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