🦥 Jungle urbaine

Imaginons une ville de plantes grimpantes, d’arbres plus hauts que les gratte ciels, de sols tapissés d’une herbe verte et abondante… Imaginons marcher en ville comme sur un chemin de randonnée, évitant les racines, et cueillant des herbes aromatiques pour le dîner. Cette projection paraît bien lointaine, et nos maigres plantes d’intérieur ne suffisent plus à tromper cette utopie. Aujourd’hui, un monde qui change, qui doit changer, nous effraie, et avec cela, la perspective que notre environnement personnel en soit altéré. On tient à nos petits “jardins à la française”, organisés, tondus, quand on sait pourtant que la nature nous rend plus de services écosystémiques laissée à l’état naturel. Dans son livre Petit traité du jardin punk, le paysagiste engagé Eric Lenoir nous incite à poser les tondeuses, à sortir de la monoculture du gazon à raz, qui limite l’effet de fraîcheur des hautes herbes, et le développement de “jungles miniatures”. Alors laissons l’herbe pousser, que dis-je les fougères, les arbres, les plants de tomates et les pissenlits.

“Que savons nous faire de nos mains”, demande Feu!Chatterton. Pour créer ce monde nouveau, il est temps que nos mains passent de la pompe à essence à l’arrosoir. Les fermes urbaines se multiplient, l’AFAUP y veille bien, en soutenant et accompagnant des centaines d’acteurs et actrices spécialisés en aquaponies, culture verticale, horticultures et autres… Comme le collectif La Sauge qui réinvestie des friches urbaines pour les transformer en fermes qui vont alimenter une grande partie des restaurants des villes en herbes aromatiques, salades, fruits... La plus grosse ferme verticale d’Europe, ouverte en décembre 2020 à Copenhague, utilise exclusivement de l’énergie éolienne. Nordic Harvest  y produit 1 000 tonnes de salades et herbes aromatiques par an, sur un espace 100 fois inférieur aux champs habituels. Les rendements permettent à une seule ferme de 30 étages d’alimenter 50 000 personnes. On ne peut pas encore prétendre pouvoir nourrir les 7 milliards d’humains qui vivront en ville d’ici 2050, mais cette nouvelle agriculture doit venir en complément, tant pour ses vertus nutritives que pour le rapprochement social, l’apport de savoir faire et les îlots de fraicheur et de biodiversité qu’elle constitue. Il faut aussi accepter que l’agriculture urbaine n’a pas vocation à être tout à fait rentable. La sensibilisation et les formations qu’elle véhicule sont autant de gains qui doivent être valorisés.

Comment faire rêver les agriculteurs, les maraîchers, les gens qui s’investissent pour une nouvelle forme d’agriculture ? En proposant à ces derniers un nouveau moyen de valoriser leur travail, alliant culture et formations auprès des habitants. Nous avons rencontré une association très engagée sur la question : les Urbaculteurs. Un joli nom qui donne envie de mettre les mains dans la terre, mais surtout d’aller voir d’un peu plus près le modèle qu’ils proposent : Résilience urbaine.

— Marine Meunier (Linkedin)

PS : Prochain webinaire organisé le vendredi 3 juin de 13 à 14h avec Aurélie Delage et Anaïs Collet, coordinatrices de l'étude "Exode urbain : impacts de la pandémie de COVID-19 sur les mobilités résidentielles" commanditée par le PUCA et Réseau Rural. On a hâte de vous y croiser ! (S'inscrire)

L'association Les Urbaculteurs combine formations, conseils et fiches ressources pour redonner une place essentielle à la végétation en ville. Ils nous racontent leurs projets et ils reviennent sur les défis, les contraintes, mais aussi les promesses d'un tel modèle.

📆 24 mai. Foncier en débat vous invite à Paris à 17h dans les locaux de Sciences Po pour une discussion autour du livre "Le grand retour de la terre dans les patrimoines" d'Alain Trannoy et Etienne Wasmer. (Inscriptions)

✨ Soutien. Adrien Tardiff, qui avait participé à notre concours des "récits du futur positif" en janvier 2021, sort son premier roman ! Ponsamaro est à la fois un récit utopique, et un espace de co-construction de nos futurs. Cela prend la forme d’un roman d’anticipation écologique et d’un atelier futuriste pour s’inspirer et passer à l’action. N'hésitez pas à le précommander ! (Direction Ponsamaro)

🎙️Podcast. Ekopolis lance son premier podcast : Première Pierre, une émission qui s'intéresse au parcours et aux mécanismes du changement chez les professionnels engagés pour la ville durable. Changement brutal ou progressif, radical ou étape par étape… Comment en sont-ils arrivés là ? Quel impact cela a-t-il aujourd'hui sur leur pratique, leurs projets, mais également leur épanouissement personnel et professionnel ? Dans ce premier épisode, on rencontre François-Xavier Monaco qui œuvre au développement durable dans l’ingénierie. (Bâti Radio)

🖊️ Enquête. La démarche Rue Commune a lancé une grande consultation : « Ensemble, comment pouvons nous transformer les rues des grandes villes pour faire face aux enjeux du XXIe siècle ? ». Urbanistes, élus, techniciens de collectivités, architectes, mais aussi habitant.es des villes, nous sommes sûrs que vous avez des idées ! C’est le moment de les partager ;) (Make.org)

🏘️ Densité urbaine. Les amis de Pop-up urbain ont encore concocté une vidéo sympa sur un sujet pourtant clivant : existe-t-il une densité idéale ? Notre credo, chez dixit, c’est surtout de rappeler qu’il ne peut y avoir de densité bâtie sans une densité végétale massive. Retrouvez aussi ici ce regard croisé entre architecte et promoteur sur la densité urbaine. (Demain la ville)

📚 Intégrer l'économie circulaire. Vers des bâtiments réversibles, démontables et réutilisables, sous la direction de Solène Marry (Editions parenthèses / Ademe, 2022) Un ouvrage collectif qui synthétise différentes démarches soutenues par l'ADEME, et qui constitue un état de l'art synthétique de toutes les facettes de l'économie circulaire appliquée au bâtiment : réemploi des matériaux, bâtiments évolutifs, urbanisme réversible, bâtiments démontables… De nombreuses pistes à suivre, qui témoignent de l’effervescence de la recherche et de l’innovation sur ces différents sujets.

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la première fois, c'est le moment de vous abonner à cette newsletter.