👋 Bonjour Loire

👋 Bonjour Loire

Je suis nantais, j’habite donc le fleuve. Un beau matin, j’ai eu envie de remonter jusqu’à la source de la Loire, pour dĂ©couvrir ces villes auxquelles je suis liĂ© par l’eau. Pourrait-on faire de ce bassin versant un territoire de projet ? Est-ce que la gĂ©ographie de l'eau pourrait nous permettre de transcender les frontiĂšres administratives ? Quelles solidaritĂ©s pourrait-on tisser au fil du fleuve ? J’aurais pu enfourcher mon vĂ©lo ou sauter dans un canoĂ©, mais j’ai allumĂ© mon ordinateur et dĂ©marrĂ© Google Earth. À chacun ses aventures. Saint-Nazaire, Nantes, Angers peut-ĂȘtre, Tours bien sĂ»r, Blois, OrlĂ©ans
 Et puis cela se complique, les noms sont incertains. Il y a des affluents, comme autant d’impasses oĂč je suis contraint de faire demi-tour. J’arrive en terra incognita, traversant des villes et des villages dont je dĂ©couvre le nom. Et boum ! L’application plante et me ramĂšne Ă  Nantes. Je suis rĂ©duit au statut de petit point bleu sur la carte. Je n’ai pas dĂ©couvert la source de la Loire, mais beaucoup de lieux en suivant son fil, c’est tout ce qui compte.

Et si ce fleuve-lien prenait la parole ? Pourrait-il nous inviter Ă  une mĂȘme table pour Ă©voquer nos interdĂ©pendances et faire projet ensemble en ces temps agitĂ©s ? Et si le fleuve Ă©tait une personne ? Et si nous parlions directement Ă  « Loire » plutĂŽt que de parler de « la Loire » dans son dos ? Et si Loire avait une personnalitĂ© juridique ? Et si Loire avait de droits ? Et si Loire avait un siĂšge dans nos institutions ? Et si Loire avait son propre parlement ?

C’est la fiction Ă  laquelle le Polau et quelques complices se sont accrochĂ©s pendant de longs mois. Ils ont auditionnĂ© celles et ceux qui frĂ©quentent Loire au quotidien, Ă©coutĂ© le fleuve, nagĂ© dans son eau, dormi sur ses Ăźles, reniflĂ© sa pollution et mĂȘme mangĂ© son sol
 Ils en ont tirĂ© un livre qui donne la parole Ă  Loire, ce Fleuve qui voulait Ă©crire. Un livre qui raconte cette enquĂȘte, l’envie de donner des droits au fleuve et la tentation de faire institution. C’est aussi le rĂ©cit d’une mĂ©thode lĂ©gĂšre et fĂ©conde qui permet de retourner les regards sur nos territoires. Inspirant.

J’ai essayĂ© de comprendre avec Maud Le Floc'h comment nous saisir de cette dĂ©marche. Inviter Loire Ă  la table des nĂ©gociations peut-il insuffler des pistes de projet fĂ©cond ? Si Loire prend la parole, nous pourrons voir la ville par ses yeux. Et voir quoi ? Des parkings, des voies sur berge, l’arriĂšre-cour de la ville, la partie honteuse de la production urbaine
 Loire voit tout ça, toutes ces choses que l’on a placĂ©es lĂ  pour ne plus y penser. Au moment oĂč on a besoin de refroidir la ville parce que la chaleur monte, oĂč on a besoin de la nature pour donner envie de ville, quoi de plus Ă©vident que de nouer le dialogue avec le fleuve ? RebĂątir la ville dans le bon sens grĂące au regard du fleuve, et enfin le regarder dans les yeux. La Loire, et pas Loire, est dans nos procĂ©dures, nos plans d’amĂ©nagement, mais uniquement par l’entrĂ©e du risque. La Loire fait peur et contraint, alors que Loire a tellement de choses Ă  nous dire.

Invitons Loire Ă  la table des projets, et tissons nos territoires au fil de son lit.

— Sylvain Grisot (Twitter / Linkedin)

PS : Rendez-vous jeudi 7 à 18h30 à Lyon pour le séminaire de lancement de la consultation internationale d'urbanisme Grande Porte des Alpes. On y retrouve avec plaisir Alexandre Monnin et les équipes mobilisées par la Métropole de Lyon, pour un débat que j'aurai le plaisir d'animer. (Inscription)

Maud Le Floc'h, directrice du POLAU, nous raconte l'aventure du Parlement de Loire. Donner la voix à Loire, à qui l'on pourrait reconnaßtre des droits, mais aussi des devoirs, et donc des responsabilités ? Une fiction oui, mais étoffée et collective, qui invite au jeu et au pas de cÎté pour sortir des rapports de force institutionnels tous tracés. On vous invite à venir vous balader avec elle dans la géographie du vivant.

Pour aller plus loin durant l'Ă©tĂ© : Loire Sentinelle, avec Nat Explorers, du 6 au 24 juillet. Un projet qui vise Ă  dresser une premiĂšre cartographie globale de la biodiversitĂ© et de la plasticodiversitĂ© Ă  l’échelle de la Loire, tout en enquĂȘtant sur les formes que pourrait prendre une culture vivante du fleuve.

📅 Du 24 au 27 aoĂ»t, 4 jours Ă  Grenoble pour la 26Ăšme UniversitĂ© d’étĂ© des Urbanistes sur le thĂšme de l’hospitalitĂ© (on en a bien besoin !) en ville. (CFDU)

đŸŽ™ïžPodcast. Servitudes de passage interrompues, copropriĂ©tĂ©s qui ferment leurs espaces extĂ©rieurs, gated communities qui se multiplient
 Petit Ă  petit, la ville se fragmente en isolats d’entre sois, laissant piĂ©tons et cyclistes faire le tour des emprises privĂ©es. VoilĂ  un excellent tour d’horizon de ces fermetures qui ne datent pas d’hier, mais qui se multiplient Ă  Marseille comme ailleurs. Au cƓur des dĂ©bats, le droit Ă  la ville de ses habitants, face au choix des propriĂ©taires. (Sous les radars)

đŸ˜ïž Se loger. Cela n’échappe Ă  personne : se loger, c’est cher. Toujours plus cher. Les travailleurs et travailleuses aux salaires normaux ne peuvent mĂȘme plus habiter Ă  cĂŽtĂ© de leur travail, dans la mĂ©tropole. Ils doivent partir plus loin, si ils veulent une piĂšce en plus pour les enfants. Et si on commençait vraiment Ă  maĂźtriser le foncier, Ă  parler communs ? (Topophile)

đŸ’» Coworking. Entretien avec Patricia Lejoux, qui s’intĂ©resse aux nouveaux modes d’organisation du travail et Ă  leur rĂ©percussion sur les mobilitĂ©s et les territoires. Ici, un focus spĂ©cial coworking, espace de travail oĂč le collectif et le domestique s’invitent, avec un coin cuisine ou un salon par exemple. Plusieurs typologies de coworking sont dĂ©finies, plutĂŽt “business” ou “camaraderie”, aussi bien localisĂ©es au cƓur des mĂ©tropoles dans des bureaux trop grands d’entreprise, que dans les centre bourg des campagnes. (PCA Stream)

📖 DĂ©clin urbain. La France dans une perspective internationale, direction de Vincent BĂ©al, Nicolas Cauchi-Duval et Max Rousseau (Editions du croquant, 2022) Le sujet est connu aux Etats-Unis : qui n’a pas encore entendu parler du dĂ©clin de Detroit, peut-ĂȘtre mĂȘme de Cleveland ? Sujet aussi abordĂ© depuis longtemps en Allemagne et au Japon. Mais en France, on fait encore bien souvent l’autruche. Ou alors, quand on sort du dĂ©ni c’est pour mieux dĂ©velopper les lotissements pour attirer de nouvelles familles. Il y a aussi de vraies pistes de rĂ©flexions, pas simples Ă  mener, mais si importantes pour celles et ceux qui vivent lĂ  : resserrer la ville, dĂ©construire, renaturer, penser une dĂ©mocratie plus locale
 C’est un petit pavĂ©, mais bourrĂ©s d’exemples intĂ©ressants pour comprendre et faire ville, mĂȘme dans celles qui dĂ©clinent.

Il n’existe pas de lien mĂ©canique entre l’importance “objective” d’un fait social et son Ă©mergence en tant que problĂšme politique. (
) Les difficultĂ©s de la mise sur l’agenda de la dĂ©croissance urbaine soulignent la subsistance d’un rĂ©fĂ©rentiel entrepreneurial dans les politiques d’amĂ©nagement. (
) Les politiques donnĂ©es en exemple demeurent ainsi, pour l’essentiel, des politiques de redĂ©veloppement urbain plutĂŽt que d’accompagnement Ă  la dĂ©croissance urbaine.

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la premiÚre fois, c'est le moment de vous abonner à cette newsletter.

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