đŸ…żïž Passion parking

đŸ…żïž Passion parking
Photo by Raban Haaijk / Unsplash

Je dois avouer une passion un peu honteuse pour les questions de stationnement. Traiter du stockage de vĂ©hicules inertes n’est pourtant pas trĂšs reluisant dans la profession ; il est plus convenable de parler de ville du quart d’heure, d’urbanisme favorable Ă  la santĂ©, de ville rĂ©siliente, voire mĂȘme de smart-city. Et pourtant les rĂšgles de stationnement sont comme les normes incendie, la pente des Ă©gouts ou le rayon de braquage des camions poubelles : ignorĂ©es de tous, relĂ©guĂ©es au rang de dĂ©tail technique ; elles dessinent en fait la ville telle que nous la vivons.

Il y a une paire d’annĂ©es, la lecture d’un gros livre sur la question m’a fait changer de regard. Donald Shoup - le pape (amĂ©ricain) du parking - y proposait une rĂ©forme simple et pourtant radicale : supprimer toutes les obligations de crĂ©ation de places de stationnements liĂ©es Ă  l'acte de construire dans l'Ă©quivalent des PLU aux États-Unis. Pourquoi ? Parce que ces contraintes sont des subventions cachĂ©es Ă  la possession d'une voiture et incitent Ă  l'utiliser, remettent trop souvent en cause les projets en renouvellement urbain et amplifient l'Ă©talement de la ville, mais aussi parce qu'elles ne reposent finalement sur aucune autre rationalitĂ© que la pire des angoisses urbaines : la peur de ne pas pouvoir se garer.

J’ai eu, depuis, l’occasion de rencontrer l’éminent spĂ©cialiste dans son petit bureau d'universitaire chevronnĂ© Ă  Los Angeles. Une rencontre passionnante qui s'est prolongĂ©e dans une collaboration concrĂšte avec la traduction et l'adaptation d'un de ses articles que vous retrouverez plus loin, en guise d'introduction Ă  son travail qui mĂ©rite toute votre attention.

La crise nous impose de questionner les Ă©vidences, et notre gestion inconsciente de ces questions de stationnement en est une qui ne tient plus. Il n'est pas besoin d'ĂȘtre futurologue pour anticiper une baisse des besoins (et pas seulement Ă  Paris) dans un horizon plus court que la durĂ©e de vie de ces parkings souterrains (chĂšrement) construits aujourd'hui, mais qui ne seront plus bons Ă  rien demain. Nous devons une fois de plus objectiver les faits : quantifier l'offre publique mais aussi privĂ©e, Ă©valuer ses usages rĂ©els (et pas seulement en pointe) et se saisir de toutes les opportunitĂ©s pour libĂ©rer ces places de stationnement qui ont envahi nos rues au siĂšcle dernier. Elles peuvent dĂšs aujourd'hui rĂ©pondre Ă  des besoins humains plus essentiels que d'assurer le repos de tonnes d'acier : faire circuler des vĂ©los, accueillir une terrasse de bistro, Ă©largir un trottoir et mĂȘme planter des arbres.

Une fois leur usage dĂ©dramatisĂ© et rationalisĂ©, des dizaines, des centaines d'hectares de parkings seront Ă  notre disposition au cƓur de nos villes pour nous permettre de les rĂ©inventer sans les Ă©taler. Et si le parking Ă©tait finalement une terre d'avenir ?

— Sylvain

P.S. : On se retrouve le 4 février à 13 h pour un webinaire avec Philippe Bihouix, directeur de l'AREP et auteur de "L'ùge des lowtech" et de l'excellente préface du Manifeste. Un évÚnement qui vous est réservé, mais n'hésitez pas à y inviter vos contacts :

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Analyse · Pourquoi il faut supprimer les obligations de stationnement

En publiant, en 2005, son ouvrage The High Cost of Free Parking, Donald Shoup a réussi à traiter un sujet complexe, le stationnement, en le rendant passionnant grùce à un travail scientifique minutieux et une prose éclairante. Cet ouvrage a connu, depuis, un succÚs inattendu, comme il me le racontait il y a quelques mois :

Quand j’ai publiĂ© ce livre, la moitiĂ© des urbanistes pensaient que j’étais fou et l’autre moitiĂ© que j’étais un doux rĂȘveur. Mais il a quand mĂȘme Ă©tĂ© publiĂ© par l’American Planning Association ! C’est comme si le Vatican publiait un livre recommandant le mariage homosexuel ! Ils Ă©taient trĂšs critiques, mais San Francisco a depuis mis en place tout ce que j’avais proposĂ©. Le monde de l’urbanisme peut donc changer de direction.

Il a dĂ©montrĂ© les effets pervers des politiques de stationnement et proposĂ© trois rĂ©formes clĂ©s. Mais c’est une rĂ©volution qu’il amorce en remettant structurellement en cause le rapport de la ville Ă  la voiture, « une place de parking aprĂšs l’autre ».

La revue Transport Urbains vient de publier une version traduite et adaptée de l'introduction de son dernier livre, Parking and the city. Vous pouvez aussi retrouver une analyse de son livre sur notre blog.


Ouverture · Lire, écouter, rencontrer, voir...

📅 Agenda. Plusieurs Ă©vĂ©nements Ă  noter pour cette semaine !

  • Webinaire de Toulouse MĂ©tropole et de l'UniversitĂ© Jean JaurĂšs sur "Faire la mĂ©tropole bio-inspirĂ©e" jeudi 28 janvier Ă  partir de 9 h, oĂč Sylvain interviendra.
  • Lancement du groupe collaboratif "Quartiers de demain" du CEREMA afin de co-construire des nouvelles mĂ©thodes d'amĂ©nagement, le 28 janvier Ă  14 h.
  • Si vous intervenez dans la mĂ©tropole nantaise, Novabuild lance son groupe de travail "RĂ©emploi, RĂ©utilisation et Recyclage" pour structurer une filiĂšre dans la rĂ©gion. À retrouver en ligne le 4 fĂ©vrier.

đŸŽ™ïž Podcast. Vous avez bien compris, nous sommes des fans de podcasts. Tema.archi nous a concoctĂ© une petite liste des incontournables du milieu !

đŸ’« Le rĂ©cit dans la transition. Ce long entretien de Rob Hopkins rĂ©alisĂ© par l'Archipel des AlizĂ©es paraĂźt finalement trop court au regard de tous les sujets abordĂ©s... De par son retour d'expĂ©rience de la ville de Totnes, la mobilisation et l'engagement citoyen paraissent au cƓur de la transition Ă©cologique. Mais comment dĂ©passer le premier cercle des gens qui se ressemblent ? Il repose aussi la question de la bataille des imaginaires. Pour lui, penser et dĂ©battre autour de la collapsologie est surtout un moyen de voir le monde comme Ă©tant fragile, dĂ©licat et non permanent, sans parler forcĂ©ment d'effondrement. C'est une maniĂšre de retourner le concept pour appeler Ă  agir et Ă  reconstruire une culture de l'imagination. On va tĂącher de s'en souvenir... Vous aurez bientĂŽt des nouvelles sur ce sujet !

🌘 Couvre-feu. Retour historique sur les diffĂ©rentes pĂ©riodes de couvre-feu que nos sociĂ©tĂ©s ont pu vivre, notamment quand il n'y avait pas l'Ă©lectricitĂ© !

🌔 Urbaniser la lune ? Avant d’y travailler sĂ©rieusement on a encore un peu de boulot ici bas.

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la premiÚre fois, c'est le moment de s'abonner à cette newsletter.

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