On entend parler de relance, mais le cœur n’y est pas. Aéronautique, automobile, tourisme… les pouvoirs publics mobilisent des milliards pour boucher les trous dans la coque, mais personne ne croit vraiment à un retour à la situation d’avant. Tout ça prend l’eau. La pandémie a provoqué et/ou accéléré la crise de secteurs clefs de l’économie, qui repoussaient à plus tard les changements structurels pourtant nécessaires pour être à la hauteur des enjeux du siècle.

À coup de tribunes endiablées, la fabrique de la ville feint quant à elle de se réinventer, mais espère secrètement que tout cela ne sera qu’une parenthèse. Mais non. Le XXe siècle a mis du temps à s’éteindre mais s’achève brutalement sous nos yeux, et nous aussi, acteurs de la ville, devrons transformer nos pratiques. Mais pour aller vers où ? Nous avons aujourd’hui moins besoin d’oracles télévisés que d’analyses avisées, or quoi de mieux que la recherche pour comprendre le réel et préparer le passage à l’action ?

Le problème de la recherche est moins le taux d’islamo-gauchistes dans ses rangs que sa difficulté à assumer ce rôle exigeant de guide. Exigeant car il nécessite des formes de transgressions de sa pratique qui sont loin d’être négligeables. La première est d’accepter d’observer le réel tout en étant acteur de sa transformation. La seconde est de faire l’effort d’être lu et écouté en assumant des démarches de vulgarisation. Il n’y a rien d’évident à tout cela, mais à l’heure où l’on peut affirmer sans être contredit que la terre est plate (si c’est en moins de 280 caractères), et où l’horizon est brouillé, nous avons plus que jamais besoin de la boussole de la science. Nous assumons pour notre part une démarche d’action-recherche, fondée sur la pratique, mais sans renoncer à l’analyse. Nous assumons aussi l’idée d’écrire pour être lus (le Manifeste part d’ailleurs en réimpression ;) sans doute parce que nous aussi nous nous endormons sur certains bouquins abscons…

D’autres sont allés beaucoup plus loin que nous dans cette démarche. Cette semaine Aristide Athanassiadis partage avec nous l’aventure de la chaire Économie circulaire et Métabolisme urbain de l'Université Libre de Bruxelles. Trois années de travail avec Stephan Kampelmann, à arpenter le terrain bruxellois et à porter la voix de modèles frugaux de développement, dans une pratique de recherche engagée dont nous avons plus que jamais besoin. Bonne route à eux.

— Sylvain

PS : « Zéro artificialisation nette », « sobriété foncière », de quoi parle-t-on ? Nous testons des formats de formation pour le CNFPT. Répondez à ce (court) questionnaire ouvert à tous les professionnels de la ville :

Entretien · Recherche ou action ?

Entretien avec Aristide Athanassiadis, chercheur sur les questions de métabolisme urbain. Nous avons évoqué son travail au sein de la chaire Économie Circulaire et Métabolisme Urbain de l'Université Libre de Bruxelles, mais aussi plus largement le rôle de la recherche dans les transitions urbaines.

Petit rappel : Tous nos entretiens peuvent être écoutés en format podcast, abonnez-vous !

Ouverture · Lire, écouter, rencontrer, voir...

📅 Agenda.

• Le jeudi 15 avril, à 12h30, intervention de Sylvain sur l'urbanisme circulaire, le temps d'un déjeuner. (Leonard)
• Du 12 au 16 avril, c'est la semaine internationale de la "Stratégie Neutralité Carbone dans l'immobilier et le bâtiment à travers le monde à horizon 2050" en format webinaire bien sûr. (Plus d'infos)
• Retrouvez en replay le Forum des Projets Urbains, diffusé en live le 9 avril, auquel Sylvain a participé. (Regardez la vidéo)

🎙️ Podcast. On vous a déjà parlé de ce podcast, mais voici encore un échange très riche entre le chercheur en métabolisme urbain Aristide Athanassiadis et Sylvain autour de l’urbanisme circulaire. (Podcast Circular Metabolism)

🤨 Philo. Assemblage de réflexions dans ce nouvel article des amis de Vraiment Vraiment pour comprendre comment la pensée de Bruno Latour permet de repenser l'action publique et la pratique opérationnelle du faire la ville et les territoires. Cela fait bien travailler les neurones, mais on a toujours envie d'en savoir plus. (Autrement Autrement)

📖 Morandi à Gênes. Autopsie d’un pont, par Cyrille Simonnet. Ce livre n’est pas le post mortem de cet ouvrage d’art qui s’est effondré le 14 août 2018 à Gênes, faisant une quarantaine de morts. Ce pont autoroutier est le fil conducteur d’un ouvrage beaucoup plus complet, dédié à l’approche singulière d’un homme qui - comme ses ouvrages - crée un lien entre les disciplines :

« Je suis devenu convaincu que la distinction entre ingénierie et architecture a toujours été absolument artificielle. Je n’ai jamais pu concevoir que les deux aspects du problème soient séparés et je ne peux pas imaginer comment une réalisation parfaitement réussie peut être obtenue sans un processus unique. »

Un livre parfois un peu technique, mais qui fait prendre conscience de l’importance du caractère systémique de ces ouvrages d’art, qui transforment les paysages et les territoires. (Éditions Parenthèses)

📈 Economie. Il paraît compliqué de réaliser la transition écologique sans parler d'économie et de finance, notamment si on veut éviter la catastrophe sociale... Magali Talandier et Pierre Vetlz sont revenus sur cet enjeux important dans cette conférence de novembre 2020 "L'écologie est affaire d'économie", portée par le Club Ville Aménagement. (Voir la conférence)

🔁 Replay hebdo. Cette semaine, on vous propose de (re)lire le Grand Apaisement, dans la série des récits "futurs positifs". N'hésitez pas à donner votre avis sur le récit ! (Redécouvrir)

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la première fois, c'est le moment :