🔍 Small is beautifull

🔍 Small is beautifull
Photo by Sneha Cecil / Unsplash

Un enrobĂ© tout neuf au sol, quelques bennes de dĂ©chets bien remplies ici et lĂ , des camionnettes d’artisans garĂ©es sur les trottoirs et des des grues partout oĂč se porte le regard : tout ça fleure bon le projet urbain. Évidemment, la maison du projet est fermĂ©e ce matin. Ce n’est pas grave, je vais aller me perdre, c’est encore le meilleur moyen de ne pas louper de dĂ©tails essentiels.

De beaux objets bĂątis s’alignent au bord de l’eau, ils prennent l’air un peu pincĂ© de bĂątiment dont l’architecte a un nom (connu). On imagine les Ă©quipes qui se tirent la bourre pour dessiner les façades les plus originales en devanture de programmes convenus. Ça donne pas mal de gestes gratuits sans doute assez chers Ă  construire. Une ville qui se montre et qui se voit, taillĂ©e pour faire la couverture d’AMC et tenir dans le format carrĂ© d’Instagram. J’adore. L’arriĂšre un peu morne du centre commercial s’ouvre sur une place vide, ce qui ne m’empĂȘche pas de heurter un mĂąt d’éclairage en Ă©crivant ces lignes. Roseaux, prairie et vue sur le fleuve. Parfait. On marche sur un bĂ©ton dĂ©sactivĂ© teintĂ© dans la masse et parsemĂ© d’incrustations de verre qui font miroiter le soleil qui s’est finalement dĂ©cidĂ© Ă  Ă©merger de la brume. Ça ne rend rien sur les photos par contre.

Quelques vieux rails, des engins de levage et une poignĂ©e de bĂątiments ont Ă©tĂ© conservĂ©s en mĂ©moire d’un passĂ© que j’imagine portuaire et glorieux. Le vert des nombreux arbres de l’espace public entre en rĂ©sonance avec celui de la pelouse en plastique du bistro. Un jogger, enfin. Une mouette qui regarde passer un bateau-mouche avec scepticisme. Une Ɠuvre d’art constituĂ©e de bĂątons colorĂ©s suspendus sous le pont s’avĂšre finalement ĂȘtre un pragmatique parcours de canoĂ« kayac. J’atteins finalement la proue de l’üle, dĂ©diĂ©e Ă  une derniĂšre prouesse architecturale et aux rĂ©seaux sociaux. Mettons enfin le cap sur la vraie ville.




Les derniĂšres dĂ©cennies ont Ă©tĂ© marquĂ©es par une sĂ©rie de grands projets urbains nichĂ©s au cƓur des mĂ©tropoles. Des processus vertueux de recyclage d’espaces portuaires ou ferroviaires toujours complexes mobilisant Ă©quipes de qualitĂ© et fonds publics dans des aventures au long cours. Processus opĂ©rationnel, formes urbaines, architecture, modes constructifs
 chacun s’inspire, s’épie ou se copie. Le rĂ©sultat concret est parfois si proche qu’il est plus le tĂ©moignage d’une Ă©poque que le produit d’un lieu.

Certains de ces projets ont pourtant permis l’entrĂ©e de leur mĂ©tropole dans une nouvelle Ă©poque. Mais nous sommes sans doute Ă  la fin de cette Ăšre des grands projets urbains. Ces opĂ©rations de construction de la ville sur la ville sont souvent mieux structurĂ©es et dessinĂ©es que celles en Ă©talement urbain, mais partagent avec elles un mĂȘme processus organisĂ© pour la mutation complĂšte de grandes emprises et la construction de bĂątiments pour l’essentiel neufs.

Mais transformer la ville pour ĂȘtre Ă  l’heure au rendez-vous de 2050 ne peut se suffire de ces seuls grands projets. La transition passe par un patient travail dans la dentelle de la ville dĂ©jĂ  lĂ . C'est la multiplication de petites opĂ©rations attentives au dĂ©tail, des microchangements au cƓur de la ville habitĂ©e qui doivent ĂȘtre Ă©minemment contextuels et dialoguĂ©s. Il va nous falloir rĂ©orienter la fabrique de la ville vers ces petites opĂ©rations pour les massifier. Il va nous falloir apprendre Ă  mener, concevoir et rĂ©aliser ces projets de haute couture. Mais il va aussi falloir collectivement accepter et apprĂ©cier que le changement se dĂ©ploie autour de nous, et pas seulement dans l’enclave distante des grands projets urbains ou dans la pĂ©riphĂ©rie. Ce ne sera pas le plus simple, mais c’est essentiel.

— Sylvain

PS : Demain, jeudi 30 septembre, Ă  Paris, j’interviendrai au forum de l’innovation territoriale “La relance pour des territoires en transition”. N’hĂ©sitez pas Ă  me faire signe.

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Entretien · Impulser le métabolisme urbain

Chez Plaine Commune, une démarche de récupération, revalorisation et réutilisation des matériaux de chantiers a été lancée en 2015. Plaine Commune n'est pas n'importe quel établissement public territorial. Il regroupe neuf villes de Seine-Saint-Denis et plus de 400 000 habitants. C'est un territoire qui fait face à de nombreux projets d'aménagement, notamment dans les 14 quartiers prioritaires politique de la ville, mais aussi du fait de l'installation des infrastructures pour les Jeux olympiques : 40% du territoire aura muté d'ici 2050. C'est dans ce contexte que Plaine Commune a lancé le projet Métabolisme urbain, piloté par Justine Emringer. Elle nous explique.


Ouverture · Lire, écouter, rencontrer, voir...

📅 Agenda.

  • Le 30 octobre et le 1er novembre Ă  Lyon : journĂ©es d'Ă©tude consacrĂ©es aux approches sensibles des mĂ©tabolismes urbains. (Ecole Urbaine de Lyon)
  • 1er octobre : webinaire sur la fiscalitĂ© et la finance face Ă  l’artificialisation : les friches industrielles et commerciales. (LIFTI)
  • Du 4 octobre au 21 novembre : MOOC sur l’installation en habitat lĂ©ger et rĂ©versible. (Hameaux lĂ©gers)
  • 5 octobre : Transition(s), villes et territoires passent Ă  l’action. En prĂ©sentiel et distanciel. (Cadre de Ville)
  • 6 octobre : webinaire “Que sait-on aujourd’hui de la gĂ©ographie de l’emploi populaire ?”. (PUCA)

đŸŽ™ïž Podcast. Episode dĂ©diĂ© Ă  comment faire des villes oĂč les jeunes filles et les femmes se sentent plus en sĂ©curitĂ©, dans un monde fait par et pour les hommes blancs. En anglais. (Monocle 24 The Urbanist)

đŸŒĄïž Bonne santĂ©. Si le lien entre urbanisme et santĂ© ne date pas d’aujourd’hui, la pandĂ©mie actuelle l’a remis au goĂ»t du jour. Dans cet article, des propositions pour intĂ©grer la santĂ© dans les documents de planification urbaine, mais aussi pour passer d’une ville “qui soigne” Ă  une ville “qui prĂ©vient” la maladie. En parlant de “marche active”, et non de “mobilitĂ© douce” par exemple, comme Ă  Strasbourg ou le service de vĂ©lo partagĂ© est gratuit pour les personnes disposant d’une ordonnance mĂ©dicale. (La gazette des communes)

💌 Newsletter. La nouvelle newsletter de François Houste se balade, sans prise de tĂȘte et sans rĂ©gularitĂ©, dans des rĂ©flexions autour des imaginaires et du numĂ©rique. (Virtuels)

📖 A lire. Habiter, revue trimestrielle 303, avec comme autrices invitĂ©es Elvire Bornand et FrĂ©dĂ©rique Letourneux (Editions 303).

Une revue régionale qui produit toujours de trÚs beaux objets, laissant une place de choix à l'art pictural et photographique. Ce numéro s'intéresse plus particuliÚrement à l'habiter, à notre intérieur et aux relations qu'il entretient avec notre soi. Plusieurs articles nous ont interpellés, mais on retiendra surtout "Vivre dans une bonne cage : habiter en verticalité" d'Elvire Bornand et Frédérique Letourneau, et "Sans-abrisme : l'épreuve d'habiter" d'Armandine Penna.

Quant à la sortie de la rue en s'installant dans un habitat digne de ce nom, elle devra passer par quelques rencontres bienveillantes et quelques étapes plus ou moins longues et complexes. Dans tous les cas, le logement en soi n'est pas une solution suffisante. Les personnes doivent réapprendre à habiter. Et trouver une place dans leur récit autobiographique pour leur expérience douloureuse dans la vie sans toit.

đŸ“œïž Replay. Table-ronde avec Aristide Athanassiadis, Justine Emringer, Sophia Ouabi et Sylvain sur la ville circulaire : du chantier au territoire. (Leonard)

📋 Friche. Beau travail de synthĂšse avec cette sĂ©lection d’idĂ©es clĂ©s pour rĂ©sumer le dĂ©bat “RĂ©inventons nos friches” organisĂ© dans le Grand AmiĂ©nois. (ADUGA)

📱 Tribune. Plaidoyer pour les communs positifs qui prĂ©servent notamment la cohĂ©sion sociale, les lieux de rencontres, et qui demandent une gouvernance collective pour des besoins qui nous concernent tous, comme des communs fonciers en propriĂ©tĂ© collective. (Le Monde)

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la premiÚre fois, c'est le moment :

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