Un container pour bureau
Découvrez la supercargo, ce bureau mobile créé dans un container maritime réutilisé et réaménagé !
Mais que fait ce joli container sur ce parking à Vertou ? Se serait-il perdu depuis le port de Saint-Nazaire ?
Et bien non, il s’agit d’une Supercargo, posée là par Alexandre Bureau (et un remorqueur, bien sûr), fondateur de la start-up. Supercargo propose d’accompagner les travailleurs.ses, les indépendant.es et télétravailleurs.es à trouver des solutions pour travailler hors de leur bureau. Les cargos proposent des espaces de travail à proximité de leurs logements ou sur leurs parcours de mobilité. Ce sont des espaces pour “se poser” dans un endroit calme, entre deux rendez-vous, ou simplement pour sortir de chez soi, seul.e ou avec des client.es.
Nous sommes donc installés avec Alexandre Bureau dans un container maritime, acheté d’occasion et réaménagé. Ce premier prototype est installé sur le parking d’une autre entreprise, à Vertou, à quelques minutes de la gare TER. Il est composé de 3 salles, pour 1 à 4 personnes. La plus petite fait 2 m2 et la plus grande 4. On est là pour bosser, pour être efficace, pas pour regarder un film les jambes allongées sur le bureau.
Pour pouvoir s’installer dans ces mini espaces de travail, il suffit de s’inscrire sur une plateforme de réservation en ligne, en sélectionnant la date et les horaires. Un mail est ensuite envoyé avec l’ensemble des informations, notamment le code d’accès à taper sur la poignée connectée qui permet de rentrer en toute autonomie. Il y a un petit aspect cabine téléphonique : hop, on s’éclipse de la civilisation pendant quelques heures, puis on ressort comme si de rien n’était.
Alexandre Bureau (m’autorise-t-il un jeu de mot ?), le fondateur de Supercargo, a expérimenté lui-même les allers-retours incessants de son logement à son bureau. Il a essayé la voiture, le covoiturage, les transports en commun, et même le scooter. Rien n’y faisait, il se retrouvait tous les matins et tous les soirs dans les bouchons du périphérique nantais. Et pas pour son plus grand plaisir.
Alexandre s’est alors intéressé aux espaces de travail positionnés en zone périurbaine. Mais à part quelques coworkings, les propositions étaient assez limitées dans le Sud Loire. L’idée d’un projet modulable et évolutif pour tester les usages dans des petites villes à alors commencer à se développer…
En 2020, j’avais pour ambition de créer un espace d’environ 400m2. Et puis, le Covid est passé par là, alors j’ai dû revoir un petit peu mon projet. J’ai surtout fait toute une phase d’interview en amont du montage du projet. Cela m’a permit de comprendre que les personnes n’étaient pas forcément intéressées pour venir plusieurs jours par semaine dans un lieu, mais recherchaient plutôt une petite heure, un après-midi, par-ci par-là…
— Alexandre Bureau
Au lieu de faire un énième espace de coworking, c’est plutôt l’intérêt de mieux mailler le territoire qui s’est fait ressentir. L’espace n’a pas besoin d’être grand, ni même neuf, et peut s’installer sur des surfaces artificialisées déjà existantes.
Revenons d’ailleurs sur l’espace de parking où nous sommes, à Vertou. Il appartient à une entreprise située dans une zone d’activité, proche de la gare. Cette entreprise loue notamment des bureaux, cela l’intéressait donc de pouvoir tester le format très ponctuel. Cela apporte un service complémentaire qui donne de la visibilité à leurs salles. La grande salle de réunion en location répond aussi à des besoins autres qui ceux auxquels répond Supercargo.
Supercargo n’est donc pas propriétaire du sol sur lequel il est posé. Négocier cet espace avec les entreprises a été à la fois plus rapide et plus facile que de réussir à s’installer sur l’espace public, ce qui était le projet initial. Des entreprises peuvent rechercher des salles ou des bulles de confidentialité, pour une durée indéterminée, tout en évitant de transformer tous leurs bâtiments existants. Le projet de Supercargo pourrait évoluer vers la location de salle aux entreprises, mais toujours en préservant cette logique de partage avec toute la communauté pour maximiser l’usage des containers. Ce serait quand même dommage se retrouver encore une fois avec des salles utilisées uniquement lors de la réunion du lundi matin !
L’installation en zone d’activité peut surprendre, mais c’est un endroit clé pour les travailleurs.ses indépendant.es et les commerciaux nomades entre deux rendez-vous. Bien sûr, il y a toujours les quelques cafés ou cantines, mais ils sont souvent trop bruyants et manquent de confidentialité.
Mais alors comment tout ce business model fonctionne ? Evidemment, la location de ces salles est payante, on ne vit pas (encore) dans un monde de chatons. Elle fonctionne sous forme de crédit : plus on achète des créneaux, moins c’est cher. Cela permet à Supercargo de fidéliser ses client.es et cela donne aussi la possibilité à une entreprise d’en acheter pour les donner à ses salarié.es. Comme toute l’organisation du service est réalisée via une plateforme, cela permet de baisser les coûts d’exploitation de la start-up. Il n’y a pas de présence humaine sur place, pas d’accueil… Si le salarié.e à des besoins pressants ou envie d’un café, cela fait parti du deal avec l’entreprise sur laquelle est positionnée le container. La question serait différente alors si les containers se retrouvaient sur l’espace public. Un ensemble de services devraient être associés ou des formes de mutualisation pourraient apparaître avec des commerçants ou cafés du coin.
Cependant, même si l’aventure est bien lancée, ce n’est que le début ! Ce premier container positionné à Vertou est un prototype. Sa réalisation, en éco-conception et éco-construction, n’a pas été évidente, de nombreux ajustements seront à faire pour les prochains. Des évolutions pour rendre l’espace plus accueillants sont aussi à prévoir : un auvent et une terrasse seront à intégrer directement pour aller plus vite lors de l’installation.
Le modèle de l’entreprise tiendra à un bon maillage du territoire. Dans une métropole comme Nantes, le but est d’avoir une Supercargo aux quatre coins de l’agglomération, avec une au centre pour faire comme une toile d’araignée. Cela permettrait aux travailleurs.ses de se projeter un peu partout dans la métropole avec un seul service.
— Alexandre Bureau
Imaginer un tel maillage demandera peut-être de réfléchir à un modèle encore plus petit, composé d’une seule salle un peu plus grande. S’installer un peu partout, telles des cabines téléphoniques, mais avec des coûts de production moindres. Ces espaces n’ont pas vocation à remplacer les espaces de coworking. Ils sont plutôt un complément, comme le bureau du dernier kilomètre.
Frédérique Triballeau, février 2023
Pour aller plus loin :
- Site internet de Supercargo
- Autre type d’espaces de travail : Resto U et coworking : les deux facettes du Mab’Lab (dixit, 2018)
- Autre projet modulable et réversible : La Maison du Projet de la Lainière (dixit, 2021)