🛬 Grande Porte des Alpes : Atterrissage

🛬 Grande Porte des Alpes : Atterrissage
D&A

Il y a un peu plus d’un an, la Grande Porte des Alpes n’existait pas. Et pourtant aujourd’hui les gens se pressent au ChĂąteau de Saint-Priest pour Ă©voquer son avenir. Il y a du monde, beaucoup de monde rĂ©uni pour parler de cet espace singulier qui aspire Ă  devenir un territoire. C’est le moment du retour vers le prĂ©sent. Une sorte de compte rendu de voyage dans le futur, Ă©tabli par les trois Ă©quipes mobilisĂ©es dans la dĂ©marche : Lafayette, 51N4E et Devillers et AssociĂ©s. Pas le futur, mais des futurs, car chacune a choisi sa voie propre, avec trois directions plus complĂ©mentaires que contradictoires. C’est le moment de ne surtout pas choisir entre elles, car il est loin le temps oĂč l’on dĂ©cidait de son futur, mais c’est le moment d’en dĂ©battre. 

AprĂšs un voyage dans les futurs, le retour au prĂ©sent est parfois un peu brutal. C’est le devenir de l’aĂ©roport qui cristallise l’attention, avec le rejet des hypothĂšses d’évolution de certains des futurs explorĂ©s. C’est moins un dĂ©saccord sur les perspectives ouvertes que l’on entend qu’un refus d’envisager une sortie du statu quo. C’est donc d’un symbole dont il est question, et le tĂ©moignage d’un attachement qu’il faut entendre et penser. Et quand les futurs menacent le prĂ©sent, il se dĂ©fend en invoquant « la vraie vie », « le concret » ou la nĂ©cessitĂ© de « ne pas sacrifier le dĂ©veloppement Ă©conomique et urbain aux enjeux de dĂ©carbonation ». Mais il faut aussi entendre la part du doute, plus discrĂšte, ouverte par une dĂ©marche prospective dont « on ne sort pas indemne ». Car mĂȘme si « on a un peu de mal Ă  se projeter sur demain », on convient que « le pire serait d’arrĂȘter de rĂ©flĂ©chir », pour citer certains Ă©lus.

Penser les futurs distants d’un territoire au temps de l’incertitude nĂ©cessite lĂ©gitimement un temps d’acclimatation. Ce n’est pas simple quand il faut gĂ©rer en parallĂšle un prĂ©sent qui encombre l’esprit. C’est une cohabitation sensible Ă  nĂ©gocier entre le prĂ©sent et des futurs qui peuvent lui ĂȘtre contradictoires. MalgrĂ© l’urgence, c’est donc moins le moment de faire des choix que d’organiser des voyages collectifs d’acclimatation aux futurs. Ils permettront de faire comprendre les enjeux, de partager les troubles et d’identifier les attachements dont il faudra se prĂ©occuper sincĂšrement.

Alors oui il y a eu des tensions, mais surtout de l’attention et beaucoup de monde autour de ce qui n’était, il y a peu, qu’un pĂ©rimĂštre thĂ©orique. Il y a eu aussi des demandes claires des acteurs du lieu Ă  ĂȘtre entendu, et Ă  structurer une gouvernance locale qui donne de la place Ă  chacune et Ă  chacun, c’est bien la preuve que le sujet est devenu important. Des gens, des liens, un lieu. Et si le processus avait permis de transformer un pĂ©rimĂštre en territoire ? S’imaginer ensemble des futurs bien Ă  soi tisse des liens et crĂ©e l’espace politique qui permet de penser les nouveaux enjeux. De faire territoire finalement.

Pour lire la version complÚte de ce retour terrain et retrouver les deux épisodes précédent, c'est ici.

– Sylvain Grisot (Linkedin)

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Grande Porte des Alpes : Atterrissage
Il y a un peu plus d’un an, la Grande Porte des Alpes n’existait pas. Et pourtant aujourd’hui les gens se pressent au ChĂąteau de Saint-Priest pour Ă©voquer son avenir. Il y a du monde, beaucoup de monde rĂ©uni pour parler de cet espace singulier qui aspire

đŸ—“ïž 3 fĂ©vrier Ă  la DĂ©fense. Le PUCA organise une restitution de la premiĂšre annĂ©e de recherche autour des "Nouveaux modĂšles de l’amĂ©nagement" pilotĂ©e par le laboratoire de l’École des Mines de Paris, l’ISIGE. (Inscription)

đŸ“» RĂ©novation. Christine Leconte, prĂ©sidente du Conseil national de l’Ordre des architectes (et notre complice pour l’écriture de RĂ©parons la ville !) planche devant Nabil Wasim sur la question de la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique des logements. Une fois de plus Ă©merge le besoin d’accompagnement pour penser et rĂ©aliser finement chaque rĂ©novation Ă©nergĂ©tique, mais aussi de passer Ă  l’échelle pour ĂȘtre au rendez-vous climatique. Deux enjeux clef : donner de la visibilitĂ© aux acteurs Ă©conomiques et former massivement. (Chaleur humaine)

📹 SobriĂ©tĂ©s. Édition spĂ©ciale de la “lettre des sobriĂ©tĂ©s” de l’ADEME autour de la sobriĂ©tĂ© fonciĂšre et immobiliĂšre. Au programme, toute une sĂ©rie d’articles et des liens vers des outils et documents sur le sujet. On y retrouve en vrac des travaux de MillĂ©naire3, des articles de Construction21, un entretien avec Philippe Bihouix, une vidĂ©o sur Territoires Pilotes de SobriĂ©tĂ© FonciĂšre et plein d’autres belles choses. (Lettre des sobriĂ©tĂ©s + lien d’abonnement)

📘 Le pire n’est pas certain. Essai sur l’aveuglement catastrophiste, par Cartherine et RaphaĂ«l LarrĂšre, 2020 aux Ă©ditions Premier parallĂšle. Voici une intĂ©ressante critique de l'effondrisme, trĂšs Ă©loignĂ©e d'un quelconque climatoscepticisme qui nierait l'Ă©tendue du problĂšme, ou d'un technosolutionnisme qui miserait sur de futures avancĂ©es technologiques. Non, le problĂšme est bel et bien lĂ  et la solution n'est pas toute trouvĂ©e, mais cet essai trĂšs abordable pointe aussi les limites du discours catastrophiste. En ne proposant qu'un seul futur clos, celui-ci nie le caractĂšre imprĂ©visible de l'Ă©poque et tente d'imposer le rĂ©cit de l'effondrement global comme une vĂ©ritĂ© indĂ©passable. C'est Ă  la fois une erreur de raisonnement et le risque de sombrer dans l'inaction. Ce livre est propose donc une voie de traverse sans optimisme ni angĂ©lisme, qui considĂšre que le futur reste Ă  Ă©crire, et que c'est bel et bien le rĂŽle de la politique.

C'est le sentiment partagé d'une force collective qui fait agir, pas la certitude de la catastrophe. Nous n'avons pas besoin d'un simple « sursaut politique », mais de la constitution d'une force politique capable d'insuffler un sens à la situation en redonnant confiance en la possibilité d'agir.

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