⛽ Paysages post-carbone

⛽ Paysages post-carbone
Photos scénographie © Luc Borho

J’avais besoin d’un temps de pause. Nous venions de parcourir le flot de cette histoire de l’apparition des énergies fossiles dans nos vies, de la nécessité d'une bonne dose de sobriété pour nous en passer, mais aussi de développer les alternatives. Mais celles-ci aussi ont des impacts : poids des matériaux, empreinte spatiale, impact sur les paysages… Les chiffres s’alignent sous la forme d’élégants schémas sur les murs du Pavillon de l’Arsenal. Effrayants. Les deux tranches de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, c’est une centaine d’hectares et 1,2 million de tonnes. Le barrage de Serre-Ponçon, 2,2 millions. Une éolienne en mer du parc de Saint-Nazaire 2900 tonnes. Les panneaux solaires sur mon toit peut-être 150 kg. L’énergie ne se compte pas qu’en kilowatts et mégawatts, mais aussi en tonnes et en hectares, et apprendre la légèreté ne sera pas si simple.

Alors, cette banquette est la bienvenue, comme l’est ce paysage calme devant moi. Une forme de carte postale à peine animée d’une légère brise qui fait tourner une petite éolienne au profil familier. Nous voilà dans une petite rue, sans doute celle d’un lotissement cheminot des années 1960, au bord de voies ferrées abandonnées. Une drôle de petite voiture mal garée sur le trottoir se recharge par l’entremise d’un câble passé par-dessus la clôture. Derrière elle, une voiture de collection manifestement rétrofitée d’un moteur électrique. Pendant qu'elles patientent, des techniciens déploient un accordéon de panneaux solaires sur les voies. La rue a été blanchie pour réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain, tout comme les toits, quand ils n’ont pas été équipés de panneaux solaires. Je suis face à une image d’un banal présent, avec quelques graines de futur qui semblent déjà familières. Un futur possiblement proche où l'énergie s'est faite légère.

C’est un des six paysages post-carbone concoctés par Raphaël Ménard et Olivier Campagne pour cette exposition. Défilent ensuite l’intérieur cosy d’un appartement urbain, une plaine agricole qui cultive son énergie, des toits parisiens adaptés au futur, des éoliennes qui s’intègrent à leur paysage et à la vie des lieux, et même un fleuve qui renoue avec la production. Autant d’instants prospectifs ancrés dans le banal présent qui donnent envie d’y croire. Tout sauf des couvertures de romans de science-fiction, ou des images d'illustration de colloques sur la smartcity. J’en retiens pour ma part l’idée qu’une somme de petites transformations peut déjà faire son effet, pour peu qu’on se donne la peine de s’y mettre, en misant sur quelques principes aussi simples que ces six légèretés qui clôturent le parcours : sobriété, équilibre énergie-matière, simplicité, sols vivants, juste échelle et esthétique post-carbone. Je garde aussi en tête un procédé ingénieux, avec ces cartes postales à peine animées qui nous projettent dans un futur proche, éclairé d’un simple schéma explicatif. Un bon moyen de passer au travers du miroir.

On parcourt cette semaine cette exposition intitulée "énergies légères" avec Raphaël Ménard. Alors bonne visite !

– Sylvain Grisot (Linkedin)

PS : Je vais parler "Redirection urbaine" à l’invitation de l’ADEUS à Strasbourg le mercredi 14 février à 19h (ADEUS). Puis rendez-vous à Paris à Césure le jeudi 15 février à 20h (Césure), et on se retrouve enfin à Nantes pour une conférence organisée par l’Institut Kervégan à l’école de Design Nantes Atlantique jeudi 22 février à 18h30 (Institut Kervegan).

#94 Raphaël Ménard · énergies légères by dixit.net
⛽ Paysages post-carbone J’avais besoin d’un temps de pause. Nous venions de parcourir le flot de cette histoire de l’apparition des énergies fossiles dans nos vies, de la nécessité d’une bonne dose de sobriété pour nous en passer, mais aussi de développer les alternatives. Mais celles-ci aussi ont des impacts : poids des matériaux, empreinte spatiale, impact sur les paysages… Les chiffres s’alignent sous la forme d’élégants schémas sur les murs du Pavillon de l’Arsenal. Effrayants. Les deux tranches de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, c’est une centaine d’hectares et 1,2 million de tonnes. Le barrage de Serre-Ponçon, 2,2 millions. Une éolienne en mer du parc de Saint-Nazaire 2900 tonnes. Les panneaux solaires sur mon toit peut-être 150 kg. L’énergie ne se compte pas qu’en kilowatts et mégawatts, mais aussi en tonnes et en hectares, et apprendre la légèreté ne sera pas si simple. Alors, cette banquette est la bienvenue, comme l’est ce paysage calme devant moi. Une forme de carte postale à peine animée d’une légère brise qui fait tourner une petite éolienne au profil familier. Nous voilà dans une petite rue, sans doute celle d’un lotissement cheminot des années 1960, au bord de voies ferrées abandonnées. Une drôle de petite voiture mal garée sur le trottoir se recharge par l’entremise d’un câble passé par-dessus la clôture. Derrière elle, une voiture de collection manifestement rétrofitée d’un moteur électrique. Pendant qu’elles patientent, des techniciens déploient un accordéon de panneaux solaires sur les voies. La rue a été blanchie pour réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain, tout comme les toits, quand ils n’ont pas été équipés de panneaux solaires. Je suis face à une image d’un banal présent, avec quelques graines de futur qui semblent déjà familières. Un futur possiblement proche où l’énergie s’est faite légère. C’est un des six paysages post-carbone concoctés par Raphaël Ménard et Olivier Campagne pour cette exposition. Défilent ensuite l’intérieur cosy d’un appartement urbain, une plaine agricole qui cultive son énergie, des toits parisiens adaptés au futur, des éoliennes qui s’intègrent à leur paysage et à la vie des lieux, et même un fleuve qui renoue avec la production. Autant d’instants prospectifs ancrés dans le banal présent qui donnent envie d’y croire. Tout sauf des couvertures de romans de science-fiction, ou des images d’illustration de colloques sur la smartcity. J’en retiens pour ma part l’idée qu’une somme de petites transformations peut déjà faire son effet, pour peu qu’on se donne la peine de s’y mettre, en misant sur quelques principes aussi simples que ces six légèretés qui clôturent le parcours : sobriété, équilibre énergie-matière, simplicité, sols vivants, juste échelle et esthétique post-carbone. Je garde aussi en tête un procédé ingénieux, avec ces cartes postales à peine animées qui nous projettent dans un futur proche, éclairé d’un simple schéma explicatif. Un bon moyen de passer au travers du miroir. On parcourt cette semaine cette exposition intitulée ”énergies légères” avec Raphaël Ménard. Alors bonne visite ! Pour aller plus loin : https://www.pavillon-arsenal.com/fr/expositions/12805-energies-legeres.html MacKay, David J.C., Sustainable Energy – Without the Hot Air, Cambridge, UIT Cambridge Ltd., 2009 ; éd. franç. L’Énergie durable. Pas que du vent !, Bruxelles, De Boeck, 2012 Auzanneau, Matthieu, Or noir. La grande histoire du pétrole, Paris, La Découverte, 2015 Kazazian, Thierry, Il y aura l’âge des choses légères - Design et développement durable au quotidien, ed. Victoires, 2003
Énergies Légeres | Expositions | Pavillon de l’Arsenal
Énergies du vivant, hydrauliques, éoliennes, solaires, géothermiques, fossiles, nucléaires… Autant de types dont la conversion nécessite la construction d’architectures spécifiques, représentant une…
Énergie Légères | Hors Collection | Collections | E-Boutique & éditions | Pavillon de l’Arsenal
Selon trois éclairages, historique, contemporain et prospectif, cet ouvrage explore les relations mouvementées entre formes et énergies, et révèle l’empreinte territoriale et environnementale de ces…

📆 Jusqu’au 23 février à Nantes. À cheval sur Nantes et Rezé, Pirmil-Les Isles fait partie des grands projets urbains qui cherchent à dessiner la ville de demain autour de la Loire. Une exposition à la Maison régionale de l’architecture des Pays de la Loire permet de découvrir le projet urbain et les premières propositions architecturales, de premiers pas de côté ? (Maison régionale de l’architecture des Pays de la Loire)

🚲 Mobilités. À la campagne prendre le vélo pour les trajets du quotidien est réservé aux amateurs et amatrices de sensations fortes : on roule bien souvent sur les départementales en se faisant frôler par les voitures qui filent à toute vitesse. La construction de pistes cyclables le long des routes est coûteuse (économiquement et écologiquement) et la sécurité des cyclistes n’est pas toujours garantie. Et si la solution pour développer les mobilités douces du quotidien en milieu rural se trouvait sur les chemins, loin des routes et du bitume ? (Vraiment-Vraiment)

🌊 Résilience. Entre la montée des eaux, et des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes, les littoraux américains sont de plus en plus sujets aux inondations. Les communautés font alors face à un choix cornélien : rester ou partir ? Quelle que soit la réponse, il faut des fonds pour augmenter la résilience des territoires, mais aussi et surtout structurer et coordonner les actions des différents acteurs et à différentes échelles territoriales, mais qui ? (Citylab)

💭 Les Utopiennes, des nouvelles de 2043. Un ouvrage collectif aux éditions La Mer Salée, 2023. Dans cette revue venue tout droit de 2043, nous pouvons découvrir un aperçu des futurs utopiques possibles au travers de 34 nouvelles, interviews, définitions, poèmes, illustrations… Les auteurs et autrices viennent de professions et milieux hétéroclites, dont un athlète paralympique, un géographe anthropologue, un collectif de chanteurs et chanteuses, un dessinateur de BD, de nombreux militant et militantes… Cette diversité permet d’imaginer les différents aspects des futurs utopiques : un monde plus respectueux de l’environnement et de la biodiversité, où la croissance économique n’est plus l’objectif premier et où la politique n’est pas l’affaire d’une élite, mais de tous et toutes ; des sociétés plus justes où chacun et chacune ont l’opportunité de s’épanouir. Ce livre permet d’entrevoir des futurs possibles, et donne envie de se mobiliser pour les voir se réaliser. (La Mer Salée)

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Exposition sous la direction de Raphaël Menard avec Jean Souviron, visuels d'Olivier Campagne