🎋 Performance ou robustesse ?

Il y a quelques mois, j’ai participé à cet étonnant exercice qu’est une conférence TEDx. Le temps court et l’audience hétérogène obligent à clarifier le raisonnement, pour créer des moments singuliers de vulgarisation. C’est l’occasion de retrouver Olivier Hamant qui vient de se prêter utilement à l’exercice, avec un message limpide tiré de son expérience de chercheur en biophysique végétale : entre performance et robustesse, il faut choisir.

Explications. Nous vivons la quête de la performance au quotidien, tellement nos sociétés y sont accros. C’est la somme de l’efficacité (atteindre l’objectif) et de l’efficience (avec le moins de ressources possible). Cette recherche de la performance pose bien sûr beaucoup de problèmes, entre effets rebonds, indicateurs toxiques et impacts sur la planète. Mais c’est aussi et surtout un facteur de fragilité, qui expose au désastre quand l’environnement change soudainement. Souvenons-nous de ce qu’il est advenu aux chaînes logistiques « zéro stock » quand un porte-conteneur a loupé sa manoeuvre dans le canal de Suez…

Alors puisque nous sommes désormais entrés dans les trente turbulentes, comment maintenir l’habitabilité d’un monde en fluctuations constantes ? Olivier Hamant tire des leçons instructives de la capacité du vivant non pas être parfaitement adapté à son environnement, mais à s’adapter en permanence aux évolutions de celui-ci. Il prend pour exemples la photosynthèse ou de la température normale de nos corps, singulièrement peu performants. Redondance, incohérence, lenteur… le vivant multiplie les contre-performances, car c’est justement comme cela qu’il parvient à assurer sa stabilité dans un environnement fluctuant : c’est le secret de sa robustesse.

On ne peut donc par définition pas être performant ET robuste, et dans un monde turbulent, la performance est une impasse. Appliquer cette logique à un bâtiment neuf, c’est par exemple offrir des hauteurs sous plafond plus confortables que le standard, pour avoir la possibilité d’installer un brasseur d’air quand les étés torrides l'imposeront. Pour une organisation, réfléchir et tester des modèle d'affaire pour demain et après-demain, c’est du temps et donc de l’argent qui ne sera pas au bilan cette année. Mais c’est surtout apprendre à n’être pas qu’adapté au présent simple, et à devenir adaptable pour les futurs compliqués. C’est acquérir cette robustesse vitale dans un monde turbulent.

Je passe de plus en plus de temps avec des organisations publiques et privées qui font la ville, pour les accompagner dans la recherche de nouvelles voies. Toutes tentent de réduire leurs impacts sur la planète. Certaines prennent aussi conscience des turbulences qui remettent en cause les fondamentaux sur lesquels elles structurent leur existence, et il leur faut trouver les moyens de s’adapter en renonçant à la performance à tout prix, pour bâtir leur robustesse. Encore trop peu s’interrogent sur leur contribution aux grands chantiers de l’adaptation de nos villes et de nos territoires, mais on y travaille.

– Sylvain Grisot (Linkedin)

PS : Prochains rendez-vous autour de la "Redirection urbaine" :
- à Strasbourg mercredi 14 février à 19h à l’invitation de l’ADEUS
- à Paris à Césure jeudi 15 février à 20h
- à Nantes à l’Ecole de Design jeudi 22 février à 18h30 avec l'Institut Kervegan

🗓️ Jusqu’au 1er Mars 2024, Palmarès des jeunes urbanistes. La Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN) lance la 10ème édition du Palmarès des jeunes urbanistes. Ce concours, organisé tous les deux ans, donne une visibilité « aux générations montantes d’intervenants, dont les pratiques régénèrent la manière de penser et intervenir dans le champ de l’urbanisme ». (Palmarès des jeunes urbanistes)

📣 Tribune. « On n'a rien à perdre à part nos vies de merde ! » Ces mots, inscrits dans le centre-ville de Marseille lors des émeutes de juin 2023, montrent bien la détresse d'une partie de la population française. Dans cette tribune, Mathilde Chaboche, conseillère municipale de la ville de Marseille, revient sur ces émeutes, symptômes d'un problème de société plus profond. (Gomet')

🏫 Logement. De nombreuses métropoles sont confrontées à deux injonctions contradictoires : d'une part, répondre à une demande de logement importante, notamment celle de logements sociaux, et d'autre part, atteindre l'objectif de zéro artificialisation nette qui limite l'étalement urbain. La métropole de Rennes a profité de l'élaboration de son PLH pour lancer une large concertation des habitants (locataires, étudiants, petits propriétaires, personnes sans logement...) afin de voir quels leviers d'action étaient possibles. Il en ressort que cette métropole - comme d'autres - est face à un double défi technique et politique : retrouver une maîtrise foncière et rétablir la confiance des citoyens dans la capacité des élus à maîtriser le devenir du territoire. (metropolitiques.eu)

🏘️ Logement (bis). Voici une analyse intéressante des bouleversements que vit le monde de l'immobilier, et singulièrement celui du logement. Le marché s'est structuré progressivement autour de 3 paradoxes qui ne sont pas sans relation avec l'ampleur de la crise : des politiques publiques tournées vers l'accession à la propriété alors que celle-ci est de plus en plus réservée aux plus fortunés, une production de logements sociaux portée par les acteurs du logement libre et la focalisation de la production sur le neuf, essentiellement en étalement. Deux tendances émergentes semblent pouvoir structurer l'avenir, entre une reprise en main des marchés fonciers et immobiliers par les pouvoirs publics, et la place croissante des acteurs financiers dans la production. Mais la suite reste à écrire.(Adequation)

Sur quoi débouchera la chute historique des ventes de logements neufs à laquelle nous assistons ? Probablement pas sur la « reprise » que beaucoup attendent, dès l’été prochain pour les plus optimistes. Plutôt sur un renouveau plus ou moins rapide des marchés immobiliers, en gestation depuis plusieurs années.

Guillaume Meunier nous propose un Quizz cette semaine sur les réseaux sociaux, alors à vous de deviner à quoi font référence ces chiffres, les réponses sont accessibles d'un simple clic sur l'image...