⤴️ Redirection

⤴️ Redirection

On a d’abord voulu croire à une transition douce. Croire à une ville où l’hydrogène vert coule à flots, où les voitures n’émettent plus que de jolis bruits de vaisseaux spatiaux, et où des nuées de capteurs nous permettent de contrer le bouleversement climatique, d’offrir un logement à peu près à tout le monde et de trouver enfin une place de parking digne de ce nom. Cette croissance verte devait nous permettre de tout changer, sans rien changer à nos modes de vie. Mais désormais, même les plus réfractaires à la lampe à huile n’ont plus que le mot de sobriété à la bouche. C’est une impasse.

Alors on a tout misé sur l’exode urbain. Sortir au plus vite de cette ville coupable de tous les maux, pour retrouver la Nature avec un grand N dans une campagne peuplée de néo-perma-agriculteurs. Mais le parcours de certains — et on leur souhaite heureux — ne peut pas être celui de tous, au risque de construire des villes à la campagne. Encore une impasse. Il va donc nous falloir tracer un autre chemin.

Les enjeux commencent à être clairs et l’objectif à peu près localisé. Nous devons réagir à la triple crise des ressources, de la biodiversité et du climat, tout en évitant de sombrer dans la guerre civile. Le virage est sec. Il doit s’engager vite, mais il prendra du temps. Car le chemin pour atteindre l’objectif est encore incertain. Il est parsemé de renoncements nécessaires qui ne seront peut-être pas si compliqués à faire. Mais nous sommes aussi soumis à des dépendances que nous faisons semblant d’ignorer, dont il sera beaucoup plus difficile de nous détacher.

Mais puisqu’il est aussi vain d’imaginer ne rien changer que de vouloir renoncer à tout, il va falloir apprendre à faire des choix. Faire le tri entre ce que l’on va transformer est ce que l’on doit abandonner. Voitures, projets routiers, piscines, jets privés, maisons secondaires, étalement urbain, chaudières à gaz, aéroports, steaks, week-ends à Ibiza… Tout doit être passé au crible des enjeux du siècle, et nous verrons bien ce qu’il en restera.

C’est tout un savoir-faire que nous devons développer pour mener à bien ces transformations, celui qui nous permettra de comprendre nos attachements comme nos dépendances. De nouvelles compétences doivent aussi émerger, pour fermer proprement ce qui doit l’être. Mais nous avons aussi besoin d’inventer cette recette magique qui nous permettra de passer des mots aux actes. Elle passe nécessairement par un renouvellement du dialogue démocratique et de nouvelle façon de faire la politique, pour établir un partage équitable des efforts et amorcer le mouvement collectif.

C’est peut-être cela la redirection écologique appliquée à la fabrique de la ville. Moins un slogan qu’une volonté assumée de se salir les mains pour mener la transformation concrète de nos territoires, de nos villes et des organisations qui les fabriquent au quotidien. C’est en tout cas à cela que nous nous consacrons désormais, en accompagnant professionnels, décideurs et élus dans leur prise de conscience, l’élaboration d’une vision prospective et le développement de nouvelles compétences pour faire la ville, mais autrement.

— Sylvain Grisot (Twitter / Linkedin)

PS : le 22 septembre, Sylvain sera à Poitiers pour un colloque Territoires et Villes de demain, organisé par l'Ordre des Architectes de Nouvelle Aquitaine : s'adapter et inventer, regards croisés entre élus, architectes, géomètres et avocats.

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La redirection écologique, les communs négatifs, s’orienter dans l’innovation ou la transition… Tant de questionnements qu’il nous faut dénouer pour comprendre quelle stratégie adopter pour faire face aux enjeux écologiques, énergétiques et sociétaux. De l’art de la fermeture aux technologies zombies, Alexandre Monnin, co-auteur de l’ouvrage « Héritage et fermeture : une écologie du démantèlement », commence à nous éclairer.

📆 22 et 30 septembre. C’est la rentrée chez Novabuild ! Deux événements en ligne à ne pas manquer : “Réemploi : où sont les gisements ?” et “Réemploi : où trouver les matériaux ?

🎙 ️Podcast. Frédéric Ségur, responsable du service paysage et foresterie urbaine à Lyon Métropole, nous explique le plan Canopée pour plus de résilience urbaine sur tout le territoire de la métropole, sur le domaine public, comme sur le domaine privé. Et aussi, comment éviter d’avoir des arbres qui ressemblent “à des balais à chiottes” ! (PCA Stream)

🥵 Bataille d’eau. On a chaud ? Oh oui, on a chaud, et il serait peut-être temps d’arrêter de le dire, et de faire quelque chose de concret ! Mais avant ça, un petit retour sur l’histoire de la gestion de l’eau dans l’aménagement, en passant par les infections et l’hygiénisme, pour mieux appréhender le nécessaire retour de l’eau dans nos villes. (Institut Paris Région)

🗳️ Sociologie électorale. On le sait, la France est coupée en deux. D'un côté la France périphérique, qui va faire quelques courses au supermarché en SUV pour le barbecue des gilets jaunes de samedi. De l’autre, la France des métropoles, qui rejoint en vélo son coworking niché dans une ancienne friche industrielle du centre ville. Mais voilà, quant on gratte un peu, les choses sont toujours plus compliquées que sur un plateau télé. Les résultats électoraux montrent une fragmentation des territoires beaucoup plus fine, mais surtout des votes qui s’expliquent plus par la composition sociologique des espaces que par leur localisation sur un gradient théorique ville - campagne. (Métropolitiques)

📖 Explorations urbaines. Analyse et récits du Grand Lustucru, Julien Martin Varnat (éditions du commun) Un livre à mi-chemin entre l’essai historique et des récits-poésies qu’apportent les balades pédestres. On parcourt Paris, Marseille et Londres, à la recherche de ce qu’est l’exploration urbaine, de la balade, en passant par le flâneur des villes, mais aussi par la mode de l’urbex, ces découvertes illégales de friches interdites au public. Puis, on emprunte les chemins et on grimpe les murs avec un groupe “Le Grand Lustucru” dans le très situé Grand Clermont-Ferrand.

(…) dans le tunnel de la station ferroviaire / la troupe du Grand Lustucru sonne creux / débouche les oreilles en sortant / vers le bassin d’orage / la rivière sourd lentement / parmi les blocs rocheux / long un banc de sable / qui devient plage sous nos pieds nus (…)

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