⏳ Regarder l'horizon
Trente ans, c’est le temps qu’il faut à un arbre pour grandir suffisamment et protéger de son ombre. C’est le temps qu’il faut pour mener à bien une transition énergétique qui nous débarrasse des fossiles. C’est le temps qu’il faut pour développer les infrastructures naturelles et techniques nécessaires à bâtir la résilience de nos territoires. Trente ans, c’est aussi le temps qu’il faut pour aller au bout d’un projet urbain d’ampleur. C’est l’horizon dans lequel il faut se projeter pour penser le devenir d’un morceau de territoire. Mais trente ans, c’est moins que le temps qui nous sépare du milieu du siècle. Les trente turbulentes.
Il nous faut donc à la fois voir loin, engager des métamorphoses structurantes, et commencer vite si on veut être à l’heure à notre rendez-vous de 2050. C’est même écrit noir sur blanc dans le dernier rapport du GIEC :
Le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé de la planète. Une fenêtre d’opportunité se referme rapidement pour assurer un avenir vivable et durable pour tous. (…) Les choix et les actions mis en œuvre au cours de cette décennie auront des répercussions aujourd’hui et pendant des milliers d’années.
La fabrique urbaine a du pain sur la planche si elle veut faire sa part, mais aussi probablement la nécessité d’amorcer plus vite que d’autres sa redirection, tant c’est long de faire la ville.
Alors bien sûr il y a face à nous les influenceurs de la mauvaise foi et quelques décideurs qui ont érigé la procrastination en art. Mais ne négligeons pas non plus l’ampleur des changements à engager, qui font encore plus peur que le climat qui se déglingue. Il va falloir préciser la destination, clarifier le chemin et accompagner celles et ceux qui doivent l’être dans cette période de bouleversement. Mais restera aussi a briser aussi la « tragédie de l’horizon », selon les mots de Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre :
(…) les effets catastrophiques du changement climatique se feront sentir au-delà des horizons traditionnels de la plupart des acteurs, imposant aux générations futures un coût que la génération actuelle n’est pas directement incitée à régler. Cela signifie au-delà du cycle économique, du cycle politique et de l’horizon des autorités technocratiques.
Regarder au-delà de notre propre horizon, et agir. Voilà ce dont nous avons besoin.
— Sylvain Grisot (Twitter / Linkedin)
PS : Le 7 avril, venez me voir sur les planches de la Cité des Congrès de Nantes pour un TEDx ! (TEDx Nantes)
Quelques flocons. La neige a décidé de soutenir le mouvement de grève. Le métro aussi, mais par une panne informatique. Météo, social et technologie se liguent pour freiner mon trajet vers Bron et son université. En suivant les rares traces de pas dans la neige fraîche, je parviens à dénicher la Maison des Étudiants. C’est donc bien de la Porte des Alpes qu’il s’agit. Un fragment de la métropole de Lyon qui ne se pense pas encore vraiment comme un territoire, mais qui commence déjà à s’imaginer en grand...
🆘 Soutien. Il vous reste quelques jours pour participer à cette levée de fonds lancée par la revue trimestrielle Zadig ! On n’y parle pas que de villes ou d’urbain, mais d’autres passions françaises, comme le vin, les congés payés, la mode ou le débat politique… Bref, de beaucoup de choses qui font notre quotidien, avec indépendance journalistique et passion de l’enquête de fond. (Zadig)
🎙️Podcast. 30 épisodes pour éclairer les enjeux énergétiques et climatiques par l’association des Shifters. Des interviews d’expert.es, mais aussi la vulgarisation des plans de transformation de l’économie française, développés par le Shift Project en 2020 pour la décarboner. (Time to shift)
✅ Entreprise et redirection écologique. Peu importe de quelle entreprise on parle dans cet article, bien éloignée du monde de l’urbain. Pourtant, cet échange sur les débuts d’une redirection d’une entreprise sont importants et peuvent parler à tous les domaines : comment scénariser les changements à venir ? Comment faire correspondre son entreprise avec les limites planétaires ? Si parfois adapter une activité ne fonctionne pas, faut-il l’abandonner ? Voire peut-être que certaines entreprises devraient tout simplement fermées… Article trouvé dans la très chouette newsletter Futur(s). (L’ADN)
👪🏿 Questionner l’informel urbain. Une capsule vidéo pour raconter la démarche Trash de Dorcas Mabanza-Kuma, primée par la Maison de l’architecture Ile-de-France pour son travail de fin d’année. Cet projet questionne ce qui est informel ? Ca l’est rarement pour celles et ceux qui y vivent. C’est une collecte de situations, sans les voir comme des problèmes ou des solutions, afin de comprendre les récits et les potentiels. En faisant parler celles et ceux qu’on entend pas, qu’on ne voit pas, elle touche du doigt les territoires de l’immatériel dans le temps et les rythmes pour aménager de nouveaux espaces. (PCA Stream)
📖 Tout ce qui nous entoure est patrimoine, Anna Lacaton et Jan-Philippe Vassal (Cité de l'architecture et de patrimoine, 2022). Voici un petit ouvrage tiré d’une conférence donné par Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal à l’école de Chaillot. Intéressant croisement entre le travail du déjà là qu’ils défendent par leur pratique, y compris sur des batiments banals, et les pratiques de l’architecture patrimoniale.
Le patrimoine, c'est tout ce qui nous entoure : ce qui est au-dessus, en dessous, à droite, à gauche, et puis les gens, l'air, les espaces, les constructions, les situations. Tout est patrimoine, le meilleur comme le pire, le plus facile comme le plus ardu. Dans tous les cas, il s'agit de faire avec, sans a priori, et de transformer. L'existant, c'est le vivant. Il s'agit de regarder, soigner, réparer ce qui vit déjà et ajouter à ce qui existe. Ne jamais démolir. Cela permet d'obtenir beaucoup plus et de consommer moins. Il s'agit de penser d'abord aux espaces avant de penser aux matériaux, en envisageant la question du « vrai usage » plutôt que celle du recyclage... C'est une condition d'intelligence, de curiosité, d'invention et d'affranchissement vis-à-vis des standards.
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