⛷️ Quels futurs pour les stations de ski ?
Alors qu’une douce chaleur commence à pointer le bout de son nez, que les vestes tombent et que les terrasses se remplissent, remettez votre bonnet et retournons ensemble dans l’hiver, plus ou moins enneigé.
Bienvenu à Métabief, station de ski de le Haut-Doubs, qui amorce une transition pleine de complexité. Métabief, c’est un territoire où les planètes se rencontrent. Alors que les données météorologiques annoncent une baisse d’enneigement drastique dans la région au cours des 10-20 prochaines années, la station de ski doit investir dans de nouveaux télésièges. Etant déjà largement endettée, c'est le moment de faire un temps d’arrêt et de mettre toutes les cartes sur la table.
En “injectant le virus de la fin du ski”, les acteur·ices de la station décident de passer d’une culture d’investissement, voire de compétition et de surenchérissement, à une culture de la maintenance, pour travailler avec l’existant. La conjecture pousse la station à prendre soin de ses infrastructures actuelles pour les amener le plus loin possible dans le temps, “jusqu’au bout” de la fin du ski.
Ces décisions ne se prennent pas sans mal. Il faut gérer les angoisses, bien normales, de chacun·e : la fin de la station se rapproche chaque année un peu plus, mais sans savoir ce qui adviendra après. Il n’y a bien sûr aucune date précise, pourtant on sait que la fin se prépare. Une forme de frénésie s’installe, car il faut profiter de ces moments enneigés comment si c’était les derniers.
Olivier Erard, directeur du Syndicat Mixte du Mont d’Or et responsable ingénierie de transition à la station, nous raconte comment lui et ses équipes, d’un petit cercle de convaincus, ont réussi à embarquer leurs élu·es, les commerçant·es et les habitant·es dans cette nouvelle aventure. Une aventure faite de deuil et de renoncements à un passé idéalisé, à un présent instable, mais aussi à une certaine vision du future. Pourtant, ces abandons viennent multiplier les possibilités et redonner de la force à un territoire, afin qu'il se choisisse davantage. Si il devient évident que la transformation est nécessaire, de multiples voies sont possibles, et rien n’est encore tracé : des activités quatre-saisons qui ne remplaceront jamais totalement l’économie de la station de ski ? Une place plus grande accordée au pâturage ? Un territoire moins densément peuplé rendu à des formes de nature ? Un peu de tout ça ? De nouvelles voies à créer collectivement qui n’existent pas encore.
C’est pourquoi le Syndicat Mixte a décidé d’y dédier une ingénierie spécifique pour écouter tous les acteur·ices et orchestrer leurs envies et leurs besoins. C’est accepter la complexité du problème, sans “solutionisme”. C’est prendre le temps du vide, sans vouloir le remplir trop vite, pour laisser des idées nouvelles, farfelues, mais aussi réalistes, émergées. Cet entretien est aussi le récit d’apprentissages personnels et d’une volonté de faire autrement, en équipe, collectivement.
— Frédérique Triballeau (Linkedin)
Bienvenu à Métabief, station de ski qui entame, non sans complexité, sa transition vers "l'après ski". Olivier Erard, directeur du Syndicat Mixte du Mont d’Or et responsable ingénierie de transition à la station , nous raconte cette histoire faite de deuil et de renoncements, mais aussi de nouveaux imaginaires collectifs.
📆 Le mardi 9 juin, retour d’expériences sur la démarche Energie Sprong, pour massifier la rénovation. (Novabuild)
🎙️Podcast. Pourquoi les grands immeubles de bureau se trouvent-ils (presque) tous dans l’ouest parisien ? Pourquoi est-ce si important pour un maire d’avoir “sa” tour ? Pourquoi construire de grands projets urbains à plus de liens avec la finance qu’avec l’emploi ? Matthieu Garrigou-Lagrange tend le micro à Antoine Guironnet et Ludovic Halbert pour parler de la financiarisation de la ville. Ne vous arrêter pas là, de nombreux épisodes de cette émission valent le détour ! (Géographie à la carte)
🚜Fermeture agricole. Des exploitations trop émettrices qui vont fermées, des techniques agricoles qui doivent cessées… Quelle redirection écologique pour le très lourd sujet de l’agriculture ? Si on engage dès maintenant des actions de durabilité faible et qu’en même temps, on démantèle tout ce qui n’y correspond pas, on pourrait alors prendre le temps de travailler à la durabilité forte. Cet article explique bien la différence entre ces deux conceptions de la durabilité, dont la première ne permet que de gagner du temps, mais sans rien changer de pertinent face aux crises écologiques, énergétiques et climatiques, auxquelles notre agriculture participe grandement. (The Conversation)
🌉 Infrastructures apocalyptiques. Parfois immenses, parfois enterrées, visibles de la fenêtre de son immeuble ou invisibles sous les pieds, les infrastructures sont partout. Elles servent nos sociétés mondialisées, pressées et extrêmement dépendantes. Parfois, elles craquent, elles tombent, elles explosent, de petits désagréments en catastrophes majeures. Le changement climatiques, et ces effets induits, de mieux en mieux connus, accentue les risques. Un exercice de pensée qui met en lumière ces vulnérabilités et le besoin, l’envie, la nécessité, d’aller vers une société décroissante, plus participative et plus redistributive. In English. (Neomamag)
📖 La part sauvage du monde, Virginie Maris (Seuil, 2018). Virginie Maris vient titiller le concept d’Anthropocène et le rejet d’une philosophie basée sur la distinction nature-culture. Maintenir une certaine idée du concept de “nature” permettrait préserver sa part sauvage, hors de notre contrôle, en respectant ce qui nous échappe. Une façon de mettre des limites à l’empire humain et de comprendre que nous ne sommes pas chez nous partout. Si la philosophe de l’environnement souligne bien l’importance de la conservation d’espaces naturels, même de la recréation de certains, et du retour de la nature foisonnante partout, le plus important est quand même de ne pas toucher aux milieux qui sont encore quasi intacts et éloignés de l’influence humaine.
Lorsqu’on construit une autoroute, on peut s’interroger sur ce qui est mieux pour la faune sauvage : se faire écraser ou disposer d’un “écoduc” qui permettrait la traversée sans risquer sa vie ? Mais si l’on prétend vraiment chercher une solution “gagnante-gagnante”, ne faut-il pas aussi se demander si le mieux pour tout le monde ne serait pas de renoncer à la route ?