🔎 A la recherche de la ville moyenne moyenne

🔎 A la recherche de la ville moyenne moyenne

Dans le panthéon des slogans liés à l’exode urbain dont nous parlions la semaine dernière, figure en bonne place la revanche des villes moyennes. Blessées par deux décennies de métropolisation qui auraient aspiré leurs ressources vitales, celles-ci retrouveraient leur panache à l’occasion de la pandémie. Mais une fois de plus, ce n’est pas si simple.

D’abord, qui sont ces fameuses villes moyennes ? Catégorie administrative à part, 84 % des Français déclarent vouloir y vivre. Mais de quelles villes moyennes parlent-ils ? La moitié d’entre eux pensent en effet qu’elles font moins de 20 000 habitants, alors que la catégorie officielle intègre des communes comptant jusqu’à 100 000 habitants. Chacun voit la ville moyenne où il veut, et c’est peut-être aussi bien ainsi.

Le rapport publié récemment par France Stratégie sur leurs trajectoires est un bon moyen d’y voir un peu plus clair sur le destin de ces villes ni petites ni grandes. Pour sortir des titres aguicheurs et des analyses en 280 caractères, il faut déjà regarder le territoire tel qu’il est vécu, et donc au-delà des étroites limites communales. Mais l’analyse de la dynamique globale des aires d’attraction autour des communes de plus de 10 000 habitants hors du rayonnement des métropoles nous révèlent une surprise : ce ne sont pas des territoires en crise. Contrairement au discours général tourné vers les seules communes centres, ces territoires intermédiaires traversent les décennies en conservant population et emploi. Ils s’en sortent même mieux que les métropoles pendant la pandémie. En moyenne, les villes moyennes n’iraient donc pas si mal ?

Pas si simple. Quant on change d’échelle pour se rapprocher du terrain, apparaissent au sein de ces territoires des communes centre en crises, dont les habitants et emplois migrent vers des couronnes périurbaines qui se portent bien, elles. Mais au sein de cette catégorie ville moyenne aux contours incertains, les destins sont aussi contrastés, entraînés par les dynamiques régionales. 42 % d’entre elles ont des indicateurs plus favorables que la moyenne nationale, 30 % équivalents, et seuls 16 % connaissent des crises, concentrées dans le centre et le Nord-Est.

Plus intéressant encore, toutes les villes moyennes ne veulent pas rentrer dans ces cases. Partout fleurissent les exceptions, avec des villes moyennes qui se tissent un futur à elles, sans que la géographie ou l’histoire n’arrivent à leur imposer un avenir. C’est une ode à la singularité, qui démontre que chaque territoire peut s’inventer un destin qui lui est propre en s’appuyant sur ce qu’il est, sans singer les solutions des voisins.

— Sylvain

PS : Venez tester les fresque de la ville et de la construction les 17 mars et 22 mars, à Nantes. Des ateliers d’intelligence collective ludiques pour comprendre les enjeux de la fabrique de la ville. Tout le monde est bienvenu ! (Novabuild)

source : France Stratégie

Exode urbain controversé, attractivité des régions, explosion des couronnes périurbaines... Les villes moyennes sont-elles réellement soumises à la déprise ? Entretien avec Claire Rais Assa, co-autrice du dernier rapport de France Stratégie sur les villes moyennes.

Pour aller plus loin, vous pouvez directement aller lire le rapport de France Stratégie : « Les villes moyennes : atouts pour les nouvelles politiques d’aménagement du territoire »

📆 23 mars 2022. Webinaire : "Vers un urbanisme favorable à la santé" le mercredi 23 mars 2022, de 11h00 à 12h30. (Novabuild)

🌳 Terrain occupé. Cachée derrière l’arbre Amazon au centre des attentions, c’est toute une forêt logistique qui pousse discrètement. L’extension massive des surfaces dédiées aux entrepôts ne transforme pas que nos paysages au détriment de nos terres agricoles. Elle est aussi le témoignage concret de la désindustrialisation, la mondialisation des chaînes de production, des mutations du monde ouvrier et des changements de nos modes de consommation. (Le Monde)

📃Candidature. La 3ième édition de l’AAP ADEME « Travaux de dépollution pour la reconversion des friches » dans le cadre du Plan de relance est lancée depuis le 15 février. Dépôt de dossier jusqu’au 29 avril 2022. A diffuser dans vos réseaux ! (ADEME)

📖Post-carbone, l'échelle en question (AREP, 2022). Voilà, AREP édite une revue, un "appel à la liberté", "une aventure". Quelque soit le nom qu'on lui donne, c'est réussi ! L'objet parcourt de nombreux thèmes, les photos sont atypiques et les illustrations plutôt pop. Evidemment, on ne se refait pas, nous nous sommes attardés sur les scénarios prospectifs pour la ville de demain : 2042, an II après l'interdiction de la voiture individuelle, et 2048, an XV après la loi "Zéro Artificialisation Brute". Mention spéciale aussi à l'article court, mais percutant, de Raphaël Ménard, président du directoire d'AREP :

Depuis des siècles, la discipline s'interroge sur le style de l'époque, se concentre sur les édifices nouveaux. Du fait de la transition démographique, nous atteindrons bientôt le pic de ce capital construit, le maximum du "clos et couvert planétaire". Ce cap est un nouveau régime. Alors, par la force des choses, la discipline mutera. Elle se polarisera sur l'existant, la déconstruction savante et la reconquête du vivant.

🏘️ Podcast. Et si, quand on parle de densification du territoire, on se penchait sur le pavillonnaire plutôt que sur les grandes tours ? C'est le pari de Benjamin Aubry, fondateur de Iudo : démocratiser la densification douce de nos quartiers. (Terra Nova)

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