𧱠Sous l'enrobé la plage
A une Ă©poque lointaine que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaĂźtre, on a scandĂ© dans les rues "sous les pavĂ©s la plage". Il suffisait alors de se saisir d'un bloc de pierre pour trouver du sable.... Une rĂ©alitĂ© plus ou moins prouvĂ©e, et qui servait bien sĂ»r un tout autre message que celui qui occupe nos newsletters actuelles, bien que : "Social et climat : mĂȘme combat !" Mais aujourd'hui, peut-on encore deviner ce qui se trouve sous le bĂ©ton ? Quel sol, argileux, calcaire ou forestier, trouverions nous en soulevant le bĂźtume que nos pieds martĂšlent pendant les fameuses marches pour le climat ou notre aller-retour quotidien Ă la boulangerie ?
Globalement, c'est un sol "cuit à l'étouffé", stérile et littéralement enterré que nous observerions. Ou plutÎt observons. Car il est bien question de projets de renaturation, comme on a déjà pu en voir passer dans nos podcasts et newsletters précédentes. Nous nous efforçons de mettre en lumiÚre ces projets de réactivation de sols motivés par un besoin des urbains de se reconnecter à la nature, et une nécessité de l'intégrer à la ville pour pallier aux effets d'ßlots de chaleur, aux inondations ou à la pollution de l'air.
Comment retrouver des sols dĂ©truits et leur redonner leurs propriĂ©tĂ©s d'avant bitumisation ? Les expĂ©riences scientifiques babillent aujourd'hui leurs premiers mots. AprĂšs un XXe siĂšcle Ă Ă©touffer les sols, il faut engager un XXIe siĂšcle Ă les dĂ©caper et leur redonner vie. Jusqu'on va-t-on et comment fait-on ? Des villes guident le pas : MontrĂ©al, Leipzig, GenĂšve multiplient ce qu'on appelle les "mini-forĂȘts" urbaines, vĂ©ritable enjeux pour tendre vers une pseudo autonomie des villes.
C'est aussi synonyme d'un retour historique, un rappel culturel, dont le besoin devient pressant pour les habitants. La réouverture de la riviÚre de la BiÚvre à Paris, recouverte en 1912, ravive le souvenir d'un cours d'eau traversant la capitale et se jetant dans la Seine, illustré par des photos montrant les artisans, les ouvriers, les maraßchers s'affairer à ses bords, trÚs proches des pas de portes. L'eau a une mémoire, autant que le sol, et des projets comme le Grand Parc Garonne à Toulouse cherchent à reconnecter les rives et les communes des fleuves.
Au delà d'une question de biodiversité, c'est un projet de société. On respire mieux si le sol le fait aussi. On le verra dans notre rencontre avec les chargés de projet de renaturation de l'ßle du Ramier, ancien site industriel dont le souvenir trÚs lointain d'un parc naturel Toulousain refait surface et tend à devenir le prochain poumon vert de la métropole. On y retrouvera aussi les métiers de l'eau et de l'aménagement naturel qui reprennent place sur les traces de leurs prédécesseurs du siÚcle dernier.
â Marine Meunier
PS : Retrouvez Sylvain Grisot et Christine Leconte ce soir Ă 20h Ă la librairie Le Genre Urbain, au 60 rue de Belleville Ă Paris. Au programme des Ă©changes autour de RĂ©parons la Ville !, et surtout l'occasion de se voir en vrai.
Visite guidĂ©e de l'Ăźle du Ramier avec Guillaume Cantagrel et ThĂ©lĂšme Auzonne. Une dĂ©marche expĂ©rimentale de renaturation de sols et d'ouverture au public qui s'inscrit dans le projet de Grand Parc Garonne. Â
đ Concours. Dominique Perrault et le groupe Indigo proposent un dĂ©fi de 72 heures pour rĂ©inventer le parking souterrain aux jeunes architectes. Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 17 avril 2022. On a hĂąte de voir vos propositions ! (AMC Archi)
đ Passion train. Nous savons que certains d'entre vous ne jurent que par le train, c'est mĂȘme un peu notre cas aussi. Mais quid du dĂ©veloppement des petites lignes ferroviaires ? Replay et synthĂšse du webinaire organisĂ© par le CEREMA avec le retour d'expĂ©rience de 3 petites lignes sur les potentiels, le cadencement et la gouvernance. (CEREMA)
â Replay. Ă lâoccasion de la publication de lâouvrage dâAndrĂ© Broto, La Fabrique de la CitĂ© et Leonard ont organisĂ©, le 11 mars 2022, une matinĂ©e dĂ©diĂ©e Ă la dĂ©carbonation des dĂ©placements longs du quotidien. Deux tables rondes rĂ©unissant une dizaine d'intervenants ont eu pour thĂ©matiques : "DĂ©placements longs du quotidien : quels besoins, quelles politiques ?" et "La dĂ©carbonation de la mobilitĂ© routiĂšre : enjeux et solutions". Vous pouvez voir le replay ici.
đ Reportage. A Avon, en Caroline du Nord, le rĂ©chauffement climatique a des effets trĂšs concrets. Le recul du trait de cĂŽte permet en effet Ă l'ocĂ©an de venir lĂ©cher rĂ©guliĂšrement les façades des maisons perchĂ©es sur la plage et menace de couper la seule route qui relie ce chapelet d'Ăźles au continent. Face Ă l'ampleur des travaux de protection, la solidaritĂ© nationale est loin d'ĂȘtre assurĂ©e, et puis Ă quoi bon : âI donât think we can stop erosion. I think we can only slow it downâ. LĂ comme ailleurs il va sans doute falloir laisser la place Ă la mer... Un trĂšs beau reportage du New York Time qui fait Ă©cho aux questionnements de pas mal de territoires littoraux français.
đ La beautĂ© du seuil, esthĂ©tique de la limite japonaise, de Ito Teiji (CNRS Editions, 2021) On parle Ă la fois de barriĂšre, mais ouverte, de dĂ©limitation, de fenĂȘtres, d'espaces couverts, fermĂ©s, mais sans secrets... C'est ce que pourrait ĂȘtre le kekkei, cette notion de l'architecture japonaise peu explorĂ©e en Occident : le seuil. "Le propre du kekkai est de sĂ©parer deux espaces et simultanĂ©ment de les relier, un entre-deux, un mĂ©diateur qui transmet des messages. Une telle notion pourrait mettre en pĂ©ril la notion d'intimitĂ©, mais cette facultĂ© lui confĂšre aussi toute son intensitĂ©." Pour les amoureux du Japon et de l'architecture.
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