đž Sortir le sol de l'Ă©quation
Il a fallu une pandĂ©mie mondiale pour que certains rĂ©alisent que celles et ceux qui font tourner nos villes et nos hĂŽpitaux ne peuvent plus se payer un logement dĂ©cent au cĆur des mĂ©tropoles attractives. Ils ont donc dĂ©sormais un nom, ces fameux travailleurs essentiels, mais toujours pas de logements. Alors, aprĂšs une grosse dĂ©cennie dâinflation fonciĂšre qui a transformĂ© ce bien vital en denrĂ©e de luxe, il serait temps de trouver des solutions. Car la raretĂ© et lâexplosion des prix repoussent toujours plus loin les mĂ©nages aux revenus normaux qui cherchent Ă devenir propriĂ©taires et ont envie dâun petit bout de jardin pour leurs enfants. Il y a peut-ĂȘtre du rĂȘve pavillonnaire dans tout ça, mais surtout la rĂ©alitĂ© crue de marchĂ©s immobiliers qui laissent une partie des Français de cĂŽtĂ©.
Le BRS proposĂ© par les OFS est peut-ĂȘtre une solution. Câest dĂ©jĂ lâillustration parfaite de lâappĂ©tence de la profession pour les acronymes abscons, mais passons. Tout cela nâest finalement pas si compliquĂ©. LâidĂ©e est que les mĂ©nages soient propriĂ©taires de leur logement, mais pas du sol sur lequel il est construit, qui reste propriĂ©tĂ© d'un Organisme Foncier Solidaire (l'OFS). Ce cher foncier sort donc de lâĂ©quation dâachat qui sâen retrouve notablement rĂ©duite, au point dâen devenir abordable. Pour bĂ©nĂ©ficier de ces conditions favorables, le mĂ©nage doit justifier de revenus modestes, sâacquitter dâune location souvent minime du sol via un Bail RĂ©el Solidaire (voilĂ le BRS) et se soumettre Ă des clauses antispĂ©culatives. Est-ce enfin la solution Ă tous nos problĂšmesâ? Ăvidemment non, mais câest une solution en plus face aux difficultĂ©s Ă produire des logements abordables dans certains secteurs. Nous avons besoin dâune caisse complĂšte dâoutil efficaces, pas dâun couteau suisse miraculeux.
Câest aussi une bonne illustration des potentiels de la dissociation des propriĂ©tĂ©s du sol et du bĂąti, qui peut ĂȘtre une voie efficace pour gĂ©rer de façon plus cohĂ©rente et durable les usages de nos sols. Car il n'y a pas que le logement abordable qui pose problĂšme. Les rez-de-chaussĂ©e commerciaux des centres, les franges agricoles des villes, les zones dâactivitĂ© Ă©conomique sont autant dâespaces dont la gestion par le seul marchĂ© laisse pour le moins Ă dĂ©sirer. Ce sont pourtant des exemples dâusages essentiels pour le bien de tous, et donc des sols communs dont lâimportance justifie de les mettre entre les mains dâopĂ©rateurs collectifs qui gardent un Ćil sur le temps long. Nul besoin dâen passer par des innovations juridiques radicales, (presque) tous les outils sont lĂ . Câest dâune rupture culturelle dont il est question, pour cesser de considĂ©rer le sol comme un bien de consommation ordinaire.
â Sylvain
PS : Ma premiĂšre tribune đą pour la Lettre du cadre territorial est publiĂ©e, et son titre ne devrait pas vous Ă©tonner : "La seconde vie de la ville".
OFS/BRS ? Quand le logement se libĂšre du foncier.
Et si on dissociait le sol du bùti pour proposer des logements abordables ? On en parle avec HélÚne Reynaud, consultante en immobilier résidentiel et aménagement. Petite mise au point sur les BRS et les OFS !
đ Jeudi 3 fĂ©vrier. Colloque "Les nouveaux horizons de la cohĂ©sion des territoires". Sylvain interviendra dans une table ronde sur "Les villes moyennes, nouvel eldorado ?". N'hĂ©sitez pas Ă vous inscrire ! (ANCT)
đïž Podcast. LâĂ©coanxiĂ©tĂ©, une maladie qui touche la moitiĂ© des jeunes ? Un mal sans doute, mais pas une maladie. Une rĂ©action parfois handicapante, mais raisonnable face Ă la marche du monde. La solution est sans doute dans lâaction et la politisation de la crise, pas dans les mĂ©dicaments. (L'heure du monde)
┠Météo marine. Une initiative intéressante afin de mieux comprendre le changement climatique depuis l'Úre industrielle : retranscrire les registres météo des marins qui ont traversé l'Atlantique ou l'océan Indien dans les années 1860-70s. Impressionnant. (Weather Rescue At Sea)
â Impact fictionnel. Entretien de Yannick Roudaut, auteur et Ă©diteur Ă la Mer SalĂ©e, dont on a dĂ©jĂ parlĂ© dans cette newsletter. Il revient sur son dernier ouvrage Quand lâimprobable surgit, un autre futur revient dans la partie, dĂ©diĂ© Ă la puissance de l'improbable, comme chemin potentiel de la rĂ©silience. Il nous rappelle qu'il n'est plus du tout crĂ©dible que le monde dans lequel nous vivons ressemble Ă celui de 2040 et que, entre deux rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques, la fiction a un impact fondamental pour changer le rĂ©el. (Bande Ă part)
đ Petit traitĂ© du jardin punk, Eric Lenoir (Terre Vivante, 2019) Difficile de dire que ce petit livre est un guide de jardinage. Il Ă©noncerait des rĂšgles, alors qu'Eric Lenoir invite au contraire Ă dĂ©laisser les normes pour investir des jardins de tous types. DestinĂ© Ă celles et ceux qui se lancent dans l'amĂ©nagement de jardins publics comme privĂ©s, c'est un appel Ă lĂącher prise et Ă laisser la nature faire. Si les pistes tracĂ©es peuvent frustrer ceux qui cherchent le mode d'emploi de leur paysage, elles permettront sans doute aux autres de l'aborder par un pas de cĂŽtĂ©, en commençant par Ă©couter le dĂ©jĂ -lĂ . Sans doute une bonne piste.
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