Depuis l’été, j’ai multiplié les interventions devant des publics variés de professionnels, de citoyens et d’élus, pour partager les enjeux d’une bifurcation vers une fabrique circulaire de la ville. Paris, Nantes, Lyon, Poitiers, Rennes, Valence, Genève… J’ai découvert un paquet de salles de réunions cozy, des centres des congrès, des amphithéâtres, des châteaux, des hôtels, mais surtout rencontré des centaines de personnes en quelques semaines. L’occasion de confirmer que les temps ont changé. Il y a à peine cinq ans, je n’aurai sans doute pas été invité à parler dans ces cercles. Je n’aurai même pas pensé à y prendre la parole. Sans doute l’accueil aurait été plus réservé. Aujourd’hui, partout la prise de conscience est là.

Mais il n’est pourtant pas encore temps de nous concentrer sur le « comment » faire la ville autrement. Le travail pour forger les outils, roder les méthodes, développer les compétences, adapter les stratégies, réorienter les organisations est tout juste engagé. Il est fondamental pour accompagner le passage à l’acte, mais sans négliger son préalable : la construction d’un socle commun en partageant les enjeux et en expliquant le « pourquoi ». Rappeler patiemment les faits est nécessaire, mais ils ne sont que des points qui ne composent pas une image lisible. Des éléments factuels isolés ne permettent pas de faire comprendre des enjeux systémiques. La mise en récit est le crayon qui nous permet de raccorder les points et de faire apparaitre l’image globale. Certes, on n’apprend pas à l’école à raconter les futurs souhaitables, mais il n’est pas possible de laisser les hargneux et les défaitistes raconter leurs salades sans porter de récit contradictoire. Notre histoire ne s’est pas écrite a coup de faits scientifiques et de décisions rationnelles. Elle est peuplée de paroles qui portent, de rêves partagés, de folies meurtrières et de belles histoires. À nous de nous saisir de ce crayon du récit, pour expliquer le « pourquoi » il faut changer et raconter une histoire qui donne envie de passer à l’action. C’est tout sauf un acte désincarné de communication, c’est le fondement même de l’action politique.

La convention citoyenne pour le climat nous l’a bien montré. Prenez 150 Français normaux et donc en désaccord sur à peu près tout, et donnez-leur le temps de s’acclimater (c’est le terme) aux enjeux en croisant les regards des experts. Tout change. Non seulement ils comprennent des sujets très complexes, mais ils esquissent des propositions ambitieuses et forgent un consensus très fort. On ne nait pas khmer vert, on le devient. Mais quand il s’agit de passer à l’échelle tout se complique. Impossible de faire voter 67 millions de Français sur ces mesures sans prendre le temps de l’explication, impossible de passer à l’action si personne n’écrit l’histoire collective qui en donne l’envie. C’est au politique de tisser ce récit qui montre le cap et amorce le passage à l’acte. Nous n’avons pas besoin d’élire des gestionnaires, mais des femmes et des hommes qui portent une vision de nos villes et de nos territoires, qui donne envie d’y vivre et d’agir pour les adapter aux enjeux du siècle.

— Sylvain (@SylvainGrisot)

PS : Voici un nouveau podcast tiré du webinaire sur les transitions dans le bâtiment avec Pierre-Yves Legrand de Novabuild.

PS 2 : Vous le savez déjà, mais nous avons lancé une campagne de prévente par la nouvelle version du serious game la Fresque de la ville. Pour nous soutenir, partagez la campagne sur vos réseaux (Linkedin, Facebook, Twitter). Merci 🙏 !

Analyse · Prendre de la hauteur

Les toits des immeubles peuvent être des surfaces pleines de ressources. A Nantes, Symbiose ouvre la voie de l'occupation des toits d'immeuble avec un projet ambitieux : une serre bioclimatique.

Ouverture · Lire, écouter, rencontrer, voir...

📅 Agenda.

• Du 11 au 22 novembre : 12 jours sur les nouvelles pratiques urbaines pour imaginer nos façons de vivre dans la ville de demain. (Confluences)
• 16 novembre, à Nantes : conférence avec William Aucant “Projets urbains au regard des enjeux du climat”. (AUGO)
• 17 novembre à 11h : webinaire de formation à la Fresque de la ville ! (dixit.net)

• 25 novembre : conférence de Philippe Rahm, architecte. (ENSA)
• du 1er au 3 décembre : 42ème rencontre des agences d’urbanisme à Dunkerque. (FNAU)

🎙️ Emissions. Et si on commençait à vraiment s'intéresser aux sols ? Pas juste pour construire des bâtiments ou des parkings dessus, mais comme espace de biodiversité et comme acteur de la lutte contre le changement climatique. "Les pieds sous terre" creuse cette question avec Marc-André Selosse et Lionel Ranjard. (France Culture)

♻️ Economie circulaire. En interrogeant les limites d'une économie circulaire concentrée sur les étapes fabrication et de traitement des déchets, l'article amène à voir plus loin avec le concept de cycle de vie. La pensée “cycle de vie” permet d’intégrer l'ensemble des étapes de consommation entre la fabrication et l'élimination, nécessaire pour penser les impacts environnementaux de chaque étape (utilisation, maintenance, transport), mais surtout interroge l'utilité de la consommation des objets. Recycler n'est pas toujours la solution la plus bénéfique à l'environnement, c'est avant tout la production et la consommation qu'il est aujourd'hui nécessaire de questionner. (The Conversation)

🥶 A lire. La France à l'heure nordique, de Nicolas Escach. Une curieuse envie d'abord d'en apprendre plus sur le sujet : après tout, on parle beaucoup des pays scandinaves, mais pour en dire quoi ? En passant par des thématiques aussi variées que le bonheur, l'habitat, le travail, la périphérie, la démocratie ou la mer, Nicolas Escach dresse un mode de vie hybride franco-nordique qui pourrait répondre à de nombreux défis.

Une culture est profondément protéiforme et dynamique, et nous avons beaucoup à apprendre des Nordiques en injectant dans nos mentalités une dose de confiance, de sens du compromis et de douceur.

(Editions Les Pérégrines)

🍎 Alimentation locale. Cette expérience de recherche participative sur l'alimentation locale dans un quartier de la banlieue de Newcastle au Royaume-Uni a permis de faire émerger une discussion sur les besoins et les attentes des habitants des quartiers défavorisés. Fondée sur une plateforme de mise en relation entre producteurs locaux et habitants, cette expérience de courte durée permet de mieux saisir les clés de réussite d'un projet d'alimentation locale. (Urban Food Futures)

⛔ Le futur de la voiture. La passionnelle histoire d'amour des Etats-Unis avec la voiture serait-elle devenue un stéréotype de relation toxique ? Les industriels nous ont déjà fait le coup et la voiture autonome est un nouvel épisode de cette campagne marketing : l'innovation permettra de sauver l'automobile, cette fois c'est la bonne. Un peu gros à faire passer pourtant : pour Peter Norton, il serait illogique de se laisser convaincre que la voiture autonome peut être le remède aux problèmes urbains que la voiture a elle-même créé. Il est temps de prendre son indépendance... (Bloomberg)

❤️ On aime, on en parle. Pavlova, un collectif de photographes nantais, lance une campagne de prévente pour son livre de street photography sur Nantes aujourd’hui, ses rues, ses habitants, sa vie quotidienne. A soutenir ! (Pavlova)

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la première fois, c'est le moment :