đïž Repeindre la ville en blanc
Les petits pas ne feront pas la transition, mais ce nâest pas une raison pour les nĂ©gliger. Prenons cette drĂŽle idĂ©e poussĂ©e par certains : repeindre en blanc les toits de nos villes pour Ă©viter la surchauffe. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous, les villes mĂ©diterranĂ©ennes ont su depuis bien longtemps se parer de blanc pour lâĂ©viter. Mais avec des Ă©pisodes caniculaires qui vont se multiplier partout en France, câest un moyen simple pour rĂ©duire Ă la fois la tempĂ©rature dans les bĂątiments, le recours Ă la climatisation et lâeffet dâĂźlot de chaleur urbain. Ce nâest sans doute pas suffisant pour rĂ©pondre aux enjeux du siĂšcle, mais pourquoi sâen priverâ?
Câest pourtant lĂ que cela se corse. Tout le monde applaudit quand il sâagit de sâoccuper de la toiture dâun supermarchĂ©, mais câest tout de suite moins simple quand un habitant dĂ©cide de repeindre les ardoises de son toit en blanc⊠On imagine les voisins rĂ©ticents et les Ă©lus locaux pas des plus joyeux Ă lâidĂ©e de cette innovation esthĂ©tique. Le rayon surgelĂ© du Leclerc serait donc plus important que cette famille qui crĂšve de chaud trois semaines par an dans son pavillonâ?
Alors, bien sĂ»r, nous avons des secteurs patrimoniaux dans lesquels il nâest pas question de changer la face de nos toits, mais la France nâest pas quâun musĂ©e de lâarchitecture Ă ciel ouvert. Dans ces faubourgs et ces lotissements bien loin des perles de notre patrimoine, les PLU interdisent pourtant souvent de passer un coup de blanc sur les toits. Il faut dire que lâaspect des toitures est un sujet sensible qui fait lâobjet de rĂšglements pointilleux. Câest autant que le stationnement, câest dire.
Pourtant, travailler la ville existante pour trouver les rĂ©ponses Ă nos enjeux passe aussi par lĂ : modifier la rĂšgle pour quâelle accueille avec bienveillance ces changements, tout sauf cosmĂ©tiques. Changer la rĂšgle, mais surtout les habitudes. Ces toits blancs sont un bon (petit) exemple des grands changements qui nous attendent.
â Sylvain
PS : Puisquâavec les terrasses, les salles de confĂ©rence semblent vouloir rouvrir, nous organisons un webinaire sur lâurbanisme circulaire le 15 juin Ă 9h. Ce sera «âle dernier pour la routeâ» en public (profitez-en et faites passer le message !), mais nous sommes Ă votre disposition pour intervenir dans vos organisations.
Analyse · Repeindre la ville en blanc
On connaĂźt les effets du dĂ©rĂšglement climatique sur lâintensification et la frĂ©quence des vagues de chaleur, mais le contexte urbain est un facteur aggravant pour lequel il faut trouver des solutions adaptĂ©es. Maxime Claval, ingĂ©nieur en Ă©nergies et fondateur dâAircool, propose tout simplement de repeindre les toits en blanc. Retrouvez ici notre entretien et nos analyses sur la ville en blanc.
Ouverture · Lire, Ă©couter, rencontrer, voirâŠ
đ Agenda.
- 27 mai, Ă 11h : webinaire sur la maĂźtrise de lâempreinte carbone de la France. (Haut Conseil pour le Climat)
- 2 juin, Ă 12h : lancement officiel du crowdfunding de la Fresque du climatâ! (Fresque du Climat)
đïž Ămission. Courte Ă©mission des Pieds sur Terre sur Saint-Dizier (52) oĂč les musĂ©es sont sortis dans la rue, Ă la place des publicitĂ©s. Pour une fois que ces panneaux servent Ă quelque chose⊠(France Culture)
đïž Ăviter de construireâ? Cela faisait longtemps quâon ne vous avait pas parlĂ© dâurbanisme circulaire, nonâ? ;) Retrouvez cette interview de Sylvain pour une ville plus durable oĂč la nĂ©cessitĂ© de construire systĂ©matiquement pour rĂ©pondre Ă un nouveau besoin ne semble plus si Ă©vidente. (MillĂ©naire 3)
đ Concours. Participer au concours Europan, avec cette annĂ©e un thĂšme sur les villes vivantes et les vitalitĂ©s mĂ©taboliques. Vous avez jusquâau 17 septembre pour dĂ©poser votre rendu. (Europan)
đ A lire. Manger au temps du coronavirus, enquĂȘte sur nos systĂšmes alimentaires, sous la direction de Yuna Chiffoleau, Catherine Darrot et Gilles MarĂ©chal. (Ăditions ApogĂ©e)
Cette enquĂȘte, lancĂ©e la vieille du confinement, a permit de rĂ©unir plus de 780 tĂ©moignages dans toute la France sur lâalimentation pendant le premier confinement. Un livre relativement court qui nous parle tous, tellement le sujet fait partie de nos vies : manger. Les auteurs â et ils sont nombreux â reviennent sur des pratiques quotidiennes telles que faire ses courses et prĂ©parer les repas, mais aussi sur lâadaptation des chaĂźnes dâapprovisionnement ou le boom (passagerâ?) des circuits courts. De toute Ă©vidence (on lâa bien senti dĂšs la premiĂšre semaine avec la rupture des stocks des pĂątes ou de farine) cette crise sanitaire a eu au moins le mĂ©rite de rĂ©vĂ©ler des limites importantes Ă la rĂ©silience du systĂšme alimentaire en France, Ă lâĂ©chelle nationale comme Ă lâĂ©chelle locale : rĂ©gions spĂ©cialisĂ©es, dĂ©ficit des productions de lĂ©gumes et de fruits, fort besoin de main-dâĆuvre Ă©trangĂšre, rĂ©munĂ©rations subventionnĂ©es des agriculteurs, familles qui basculent facilement dans la prĂ©caritĂ© alimentaire⊠Mais la solution nâest pas nĂ©cessairement de courir vainement aprĂšs lâautonomie des territoires :
Se projeter dans une stratĂ©gie dâautonomie alimentaire maximisĂ©e peut dâailleurs se rĂ©vĂ©ler risquĂ© pour certains territoires dont la demande alimentaire est trĂšs supĂ©rieure Ă la capacitĂ© productive : lâenjeu est plutĂŽt dâoptimiser Ă la fois les productions locales, sans forcer la nature, et repenser les Ă©changes entre les territoires, en France, comme avec les territoires Ă©trangers. En dâautres termes, se dĂ©tacher de lâillusion des fermes urbaines verticales et transformer les dĂ©pendances subies en partenariats choisis et maĂźtrisĂ©s.
đ„ Le piĂšge du colibri. Petit rappel que ce nâest pas en plantant quelques arbres quâon va sauver le monde, mais que surtout, on aura beau «âfaire notre partâ», il reste celles des industries, et elle est massive. Et si vous culpabilisez, câest fait exprĂšs. Pensez Ă lâindustrie du tabac : sâil nây avait pas de fumeurs, il nây aurait pas dâindustrie du tabac. Mais sâil nây avait pas dâindustrie du tabac, il nây aurait sĂ»rement pas de fumeur. MĂȘme chose pour le pĂ©trole et la voiture. En anglais. (Rollingstone)
đșïž Errances cartographiques. Ătrange erreur sur la reprĂ©sentation de cette masse dâeau sur Google Maps. Une erreurâ? Non, un paysage hollandais forgĂ© par lâexploitation historique de la tourbe par lâhomme. Cliquez sur le tweet pour dĂ©couvrir un magnifique paysage de lâanthropocĂšne :
dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la premiÚre fois, c'est le moment :